Eglises d'Asie – Chine
Zhejiang : un journal local fait état de la destruction ou de la fermeture de plus de 1 000 lieux de culte, catholiques, protestants, taoïstes et bouddhistes, dans un district de la ville de Wenzhou
Publié le 18/03/2010
Selon les chiffres donnés par ce journal local, dans le seul district d’Ouhai, 239 lieux de culte chrétiens « clandestins » (protestants et catholiques confondus) auraient ainsi été fermés et 210 autres détruits, certains étant même dynamités. Un article rapporte la destruction à l’explosif d’une église de 400 m² ; un autre publie la photo d’ouvriers attaquant au marteau-piqueur l’un des seize « centres religieux illégaux » d’un district voisin. Les quelque 550 autres lieux de cultes illégaux seraient des temples bouddhistes et taoïstes, indiquant que la campagne de destruction ne se cantonne pas aux chrétiens « clandestins » mais qu’elle touche sans doute les membres du groupe interdit Falungong, d’inspiration bouddhiste et taoïste. Le temple taoïste de Yangshan, situé à Shifen, un temple vieux d’un siècle, a ainsi été démoli, sa présence attirant autour de lui tout un ensemble de personnes pratiquant ce que les autorités appellent des « pratiques superstitieuses » (diseurs de bonne aventure, médiums et autres guérisseurs).
Le diocèse de Wenzhou est connu pour l’importance et la force de sa communauté catholique « clandestine ». Depuis septembre dernier, Mgr James Lin Xinli, son évêque, est tenu au secret par la police (1). En février dernier, dans le district de Cangnan, au moins sept églises ou lieux de culte « clandestins » ont été fermés (2). En mai dernier, un prêtre « clandestin », le P. Paul Jiang Sunian, a été condamné à six années de prison (3). Depuis plusieurs mois, il était évident que les autorités locales menaient une campagne d’intimidation, voire de répression, à l’encontre de la communauté catholique « clandestine » (4). D’une façon générale, l’importance et l’obstination des catholiques « clandestins » dans leur refus de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois agacent depuis longtemps les autorités chinoises (5). Cependant, les chiffres annoncés, s’ils traduisent bien l’ampleur des pressions exercées par les autorités, témoignent peut-être également d’un certain triomphalisme de la part d’autorités locales qui veulent, par une accumulation de chiffres, donner l’impression à leurs supérieurs que la campagne entreprise est victorieuse. A Pékin, un responsable du Bureau national des Affaires religieuses a déclaré que cette campagne n’était pas nationale mais propre au district d’Ouhai.