Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : les organisations chrétiennes appellent à l’introduction du suffrage universel dans le système électoral
Publié le 02/03/2012
… (pour une population de sept millions de personnes) se réunira pour désigner le successeur de Donald Tsang Yam-kuen, chef de l’exécutif local depuis 2005.
Le document publié ce 2 mars a été signé par 800 personnalités, membres dirigeants de différentes Eglises protestantes et d’organisations ou institutions chrétiennes. « Le défaut congénital du système des ‘électorats restreints’ provoque notre colère et nous déçoit une nouvelle fois », écrivent ces personnalités. Selon l’une d’elles, le Rév. Lo Lung-kwong, directeur de la Divinity School au sein de l’Université chinoise de Hongkong, les citoyens hongkongais sont en droit d’exiger une meilleure représentation populaire quinze ans après la rétrocession de Hongkong à la Chine. « Nous désirons porter à la connaissance de nos concitoyens le fait que l’actuel système électoral ne pourra que générer une intensification des conflits d’intérêt et des divisions sociales », a précisé le pasteur, en ajoutant que l’objectif était 2017, date prévue pour les prochaines élections du chef de l’exécutif. A cet horizon, a-t-il déclaré, les Hongkongais devront exiger la mise en place du suffrage universel.
Du côté des catholiques, qui à Hongkong sont aussi nombreux que les protestants (10 % de chrétiens, répartis à parts égales entre catholiques et protestants), la prise de position dans le débat public a été moins voyante mais tout aussi ferme. Ce même 2 mars, pour sa première conférence de presse depuis son élévation le 18 février dernier au cardinalat, l’évêque du diocèse de Hongkong, Mgr John Tong Hon, a appelé au calme. Face à une actualité qui s’est emballée ces dernières semaines, marquée par les révélations successives de scandales touchant les candidats en lice pour le poste de chef de l’exécutif, le cardinal a déclarer souhaiter que le débat politique reprenne la forme d’un « dialogue rationnel ».
Au sujet de la marche qui doit avoir lieu demain samedi dans les rues de la ville à l’appel de l’opposition démocrate, le cardinal a précisé que les responsables du diocèse n’y participeront pas et qu’il n’encourageait pas les catholiques à y prendre part. Fidèle à son style – et différent en cela de son prédécesseur, le cardinal Zen Ze-kiun –, le cardinal Tong a expliqué qu’il estimait que la voix de l’Eglise portait d’autant mieux qu’elle s’exprimait « de manière modérée ». Sur le fond, il a insisté pour rappeler que l’Eglise catholique à Hongkong avait clairement exprimée sa position concernant les institutions politiques du territoire, à savoir une démocratisation du système dans le respect du principe ‘un homme, une voix’, que ce soit pour l’élection des députés au Legco (le Parlement local) ou le choix du chef de l’exécutif.
A l’heure où le cortège des manifestants appelés par les démocrates et des organisations chrétiennes s’ébranlera pour demander une réforme immédiate du mode de scrutin, le cardinal présidera une messe en sa cathédrale. Le 19 février dernier, le diocèse de Hongkong avait publié un long texte détaillant les « attentes » de l’Eglise face au « futur gouvernement de la Région administrative spéciale de Hongkong ». Outre le rappel que l’absence du suffrage universel était un facteur d’affaiblissement des institutions publiques et du gouvernement, le document précisait tout un ensemble de propositions visant à tendre vers « le bien commun », que ce soit en matière de logement (la hausse de prix de l’immobilier a fait de l’accession à la propriété un « rêve inaccessible » pour les familles ordinaires), d’assurances sociales, d’éducation ou bien encore de retraite.
Pour les « élections » du 25 mars prochain, trois candidats sont en lice. Pour le camp démocrate, le président du Parti démocratique, Albert Ho Chun-yan, n’a en réalité aucune chance car les 1 200 grands électeurs ne prendront jamais le risque de placer à la tête de l’exécutif une personnalité avec qui Pékin refusera de travailler. Pour les deux autres candidats, la compétition s’est en revanche intensifiée ces dernières semaines, la campagne étant plus marquée par l’irruption de scandales que par la montée d’un vrai débat sur l’avenir de Hongkong. Deux personnalités sont en lice : le « cochon » Henry Tang Ying-yen face au « loup » C. Y. Leung (Leung Chun-ying), la presse locale prêtant au premier un caractère « satisfait de lui-même et légèrement falot » et au second un tempérament « agressif et mordant ».
Héritier d’une famille ayant fait fortune dans le textile, Henry Tang a été façonné pour la haute fonction publique. Numéro deux du gouvernement sortant, adoubé par Pékin, il partait favori dans la course. Mais de récents scandales ont terni son image : il a dû successivement implorer la compréhension de la population pour des infidélités dans son mariage et des travaux de construction illégaux dans une de ses propriétés. De plus, l’opinion reproche au gouvernement dont il a fait partie de n’avoir rien fait pour enrayer la hausse des inégalités sociales ou l’envol des prix de l’immobilier. Face à lui, son adversaire, ancien haut responsable du gouvernement local, fait également face à différentes accusations. La presse reproche à C. Y. Leung des irrégularités dans la conduite de ses affaires financières et l’accuse d’être secrètement membre du Parti communiste chinois, allégations réfutées par l’intéressé. Selon différents analystes, derrière la pseudo-compétition entre Henry Tang et C. Y. Leung se cacherait en réalité une lutte de factions au sommet à Pékin, Henry Tang étant le candidat du parti des princes, ces fils de hauts dirigeants révolutionnaires qui s’apprêtent à prendre les commandes de la Chine à l’occasion du prochain Congrès du PCC, et C. Y. Leung ayant le soutien de la Ligue de la jeunesse communiste, base politique de Hu Jintao, l’actuel secrétaire général du PCC.