Eglises d'Asie

Les dirigeants des Eglises chrétiennes appellent à la paix

Publié le 18/01/2013




« La paix est possible. Toutes les parties en présence doivent revenir à la table des négociations avec l’aide, si nécessaire, de médiateurs neutres. » Tel est le message que les dirigeants des Eglises chrétiennes ont publié le 17 janvier à l’issue d’une rencontre de trois jours ayant réuni les responsables de l’Eglise catholique et ceux du Conseil des Eglises (protestantes) du Myanmar.

La rencontre des Eglises chrétiennes était prévue de longue date. Elle est toutefois intervenue dans un contexte marqué par l’intensification, ces dernières semaines, du conflit qui oppose l’armée gouvernementale aux troupes de la KIA (Kachin Independence Army) dans l’Etat Kachin. Ces derniers jours ont notamment vu l’entrée en action d’hélicoptères de combat et d’avions de chasse de l’armée gouvernementale, laquelle a très nettement resserré son étau autour de Laiza, localité située sur la frontière avec la Chine où se trouve le quartier général de la KIA. Le 14 janvier, des tirs de l’artillerie gouvernementale ont tué trois civils à Laiza, dont un diacre catholique. Ce 18 janvier, un prêtre catholique, le P. Joseph Nbwi Naw, cité par The Democratic Voice of Burma, faisait état de combats terrestres engagés entre l’armée gouvernementale et la KIA à 6,5 km seulement de Laiza.

Dans ce contexte, la prise de position des responsables chrétiens prend un certain relief dans la mesure où les Eglises très minoritaires dans le pays mais fortement implantées dans l’Etat Kachin (1), ont rarement pris la parole publiquement au sujet des nombreux conflits qui ont opposés et opposent encore les minorités ethniques au pouvoir central birman. Avant les changements impulsés il y a maintenant deux ans par le régime en place, les responsables chrétiens étaient cantonnés par la junte militaire au pouvoir dans un silence contraint.

Le communiqué publié ce 17 janvier est co-signé par Mgr John Hsane Hgyi, évêque de Pathein (Bassein), président de la Conférence des évêques catholiques du Myanmar, et par le Rév. Yin Yin Maw, président du Conseil des Eglises du Myanmar. A l’évidence, il est le fruit d’un compromis entre les responsables chrétiens, certains d’entre eux ne cachant pas qu’ils auraient souhaité une prise de position plus rapide. « Nous aurions dû faire entendre notre voix plus tôt, en publiant des lettres ouvertes par exemple », a notamment commenté Mgr Sumlut Gam, évêque catholique de Bhamo, diocèse situé dans la partie sud de l’Etat Kachin et qui accueille actuellement un grand nombre de personnes déplacées par les combats. « A dire vrai, notre réponse arrive bien tardivement », a-t-il ajouté.

Selon le Rév. Shwe Lin, secrétaire général du MCC, en s’exprimant aujourd’hui seulement, les Eglises chrétiennes veulent être certaines d’être entendues. « Certains considéreront qu’il est trop tard pour s’exprimer ainsi, mais, de notre point de vue de responsables religieux, nous agissons au bon moment », a-t-il précisé.

Début janvier 2013, dans une interview accordée à l’Aide à l’Eglise en Détresse, l’archevêque catholique de Rangoun, Mgr Charles Bo, exprimait l’idée que le rôle des Eglises chrétiennes en Birmanie était aujourd’hui de favoriser « la construction de la nation ». A propos de la place des responsables religieux dans la société, il déclarait : « Les dirigeants civils sont de plus en plus conscients de la part que les religions prennent dans la construction de la nation. L’actuel gouvernement ainsi que la leader de l’opposition Aung San Suu Kyi ont bien conscience de l’influence que les responsables religieux ont dans ce pays. Quant à nous, catholiques comme protestants, nous sommes conscients de la situation actuelle. Nous prenons notre part des discussions qui sont menées actuellement sur la manière dont nous pouvons aider à la construction de la nation autour de valeurs telles que la réconciliation, le pardon et l’honnêteté ».