Eglises d'Asie – Bangladesh
Attaque d’un séminaire catholique et de deux villages chrétiens par les islamistes
Publié le 07/06/2013
Il était trois heures de l’après-midi lorsque les assaillants, au nombre d’une soixantaine, se sont déversés dans l’enceinte du séminaire, vandalisant le matériel et cherchant le recteur qu’ils ont trouvé dans sa chambre où il se reposait. Il semblerait, selon les témoignages, qu’ils aient frappé à sa porte et que ce dernier leur ait ouvert sans savoir ce qu’il se passait. Alors qu’il était passé à tabac avec une grande violence, une partie des agresseurs se sont alors attaqués avec la même brutalité aux jeunes présents dans le bâtiment.
Avant de pénétrer en force dans le séminaire, le même groupe aurait effectué un raid dans deux villages aborigènes voisins, habités majoritairement par des catholiques. Tivapara et Bagja auraient été attaqués vers 13h30, subissant un pillage en règle ; au total, 40 vaches, 50 chèvres, une camionnette, des objets divers et de la nourriture auraient été dérobés, selon l’agence AsiaNews, aux habitants, des paysans pauvres qui se seraient vus retirer tout ce qu’ils possédaient.
Les assaillants auraient de plus menacé les villageois de revenir la nuit suivante pour les tuer avant de brûler leurs maisons. Les deux villages se seraient depuis vidés de leurs habitants, terrorisés, et la plupart des femmes et des enfants auraient trouvé refuge dans une mission catholique.
L’information concernant l’attaque du séminaire vient d’être confirmée ce vendredi 7 juin par l’agence Fides, qui rapporte que l’évêque de Dinajpur, Mgr Sebastien Tudu, a avoué être totalement « déconcerté » par cette agression pour laquelle à sa connaissance il « n’existe aucun motif ». Le recteur aurait conduit temporairement les séminaristes dans autre lieu et aurait porté plainte à la police.
Selon l’agence vaticane, l’attaque aurait été précédée d’une altercation dans un village voisin, laquelle aurait opposé entre elles des familles aborigènes musulmanes. L’évêque de Dinajpur a expliqué ne pas connaître les raisons qui auraient poussé ce groupe islamique local à se diriger ensuite vers le séminaire pour l’attaquer. Mgr Tudu a ensuite lancé un appel « à la résolution du conflit par le dialogue et la restauration de la paix sur le territoire du diocèse ».
Le séminaire interdiocésain Jisu Dhyana Niloy de Bulakipur s’élève sur la paroisse de Mariampur, dans le diocèse de Dinajpur (région de Radjshahi). Cet institut propédeutique propose aux étudiants un temps de formation et d’approfondissement vocationnel avant un éventuel parcours au grand séminaire. Il accueille une vingtaine de jeunes en provenance de différents diocèses du pays.
Situé en pleine « zone tribale », le diocèse de Dinajpur dont dépend le séminaire est suffragant de l’archidiocèse de Dacca. Il accueille au sein de sa petite communauté catholique une part importante de populations aborigènes (adivasi) parmi lesquelles les Santals forment l’ethnie dominante, suivis des Oraon (Uraos), Mundaris (Mundas), Kharias et Malos.
Bien que dans cette région isolée du nord du Bangladesh, les tensions entre musulmans et chrétiens soient endémiques – essentiellement en raison des exactions et des expropriations forcées perpétrées à l’encontre des adivasi chrétiens par la communauté bengalie musulmane majoritaire –, il s’agit de la première attaque d’un séminaire.
Depuis quelques mois, les attaques antichrétiennes dans les régions de Rajshahi et Dinajpur n’ont cessé d’augmenter malgré les protestations récurrentes des ONG et des collectifs de défense des peuples autochtones. Ces derniers jours en particulier ont été marqués par une recrudescence encore plus forte des exactions islamistes, un phénomène qui s’observe sur l’ensemble du pays. La paroisse de Tumilia (district de Gazipur, division de Dhaka) a été notamment la cible, le 5 juin dernier, d’une agression contre l’église et ses prêtres, le P. Abel et ses vicaires, qui ont été frappés et battus par des musulmans extrémistes.