Eglises d'Asie

A l’issue d’un concert de l’Orchestre philarmonique de Chine au Vatican, le pape a salué « tous les habitants de Chine, qui s’apprêtent à vivre les Jeux olympiques »

Publié le 18/03/2010




Le 7 mai dernier, le pape Benoît XVI, en présence d’un public de 7 000 personnes, a assisté à un concert donné au Vatican par l’Orchestre philarmonique de Chine et le Chœur de l’opéra de Shanghai. Organisé à la faveur d’une tournée européenne de l’orchestre chinois, l’événement était une première.

 Les vaticanistes à Rome n’ont pas manqué d’établir un parallèle entre cette manifestation culturelle et « la diplomatie du ping-pong », qui, en avril 1971, avait précédé l’établissement de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine populaire.

C’est Long Yu, le chef d’orchestre du philarmonique de Chine, qui a lui-même évoqué cette image de la diplomatie du ping-pong. Une image reprise par un haut responsable au Vatican, interrogé par l’agence Ucanews : « Par le passé, ils (les Chinois) ont joué au ping-pong ; aujourd’hui, ils jouent de la musique. » Au-delà du symbole, la signification de l’événement ne doit pas être exagérée, a ajouté ce responsable de l’Eglise catholique. Le concert est « un signe de bonne volonté donné par les deux parties » ; il doit être replacé dans le cadre plus large du « dialogue » entre Pékin et le Saint-Siège, qui les amène à aborder « des questions substantielles ». On ne doit toutefois pas penser que l’établissement de relations diplomatiques est pour demain, a-t-il précisé.

 

De la part du Vatican, tout avait été fait pour donner le tour le plus harmonieux qui soit à cette manifestation culturelle. Afin d’éviter de froisser les susceptibilités chinoises, aucune invitation officielle n’avait été envoyée au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, au nombre duquel figure l’ambassadeur de la République de Chine (Taiwan). Ce dernier était d’ailleurs opportunément retenu hors de Rome par d’autres engagements. A l’issue du concert, où Benoît XVI a écouté le Requiem de Mozart et Molihua (‘jasmin’), une chanson populaire chinoise que Puccini a inséré dans son opéra Turandot, le pape est monté sur la scène afin de féliciter Long Yu et ses premiers musiciens. Disant son plaisir à voir des artistes chinois s’intéresser « à la musique religieuse européenne », il a ajouté que cela montrait qu’il était « possible, dans des environnements culturels différents, d’apprécier les manifestations sublimes de l’esprit ». « La musique exprime les sentiments universels de l’âme humaine, dont le sentiment religieux, qui dépasse les limites de toute culture particulière », a-t-il développé.

 

Evoquant l’importance des échanges culturels, le pape a déclaré à l’adresse de ses hôtes que « tous [étaient] ici accueillis avec estime et chaleur ». Parmi les spectateurs figurait un groupe d’une trentaine de Chinois de Chine populaire, dont l’ambassadeur de Pékin en Italie, deux responsables du ministère chinois des Affaires étrangères et Deng Rong, la fille cadette de Deng Xiaoping, mentor de l’Orchestre philarmonique de Chine, accompagnée de son mari, un général de l’Armée populaire de libération. Chacun d’eux a été salué individuellement par le pape à l’issue du concert, ce qui en a fait les premiers officiels de la Chine populaire à rencontrer un pape depuis 1949.

 

Enfin, avant de conclure son adresse par quelques mots prononcés en mandarin (« Je vous salue tous et vous offre mes souhaits les meilleurs ! »), le pape a salué le peuple chinois en mentionnant les Jeux olympiques de cet été : « … j’envoie mes salutations, par votre entremise, à tous les habitants de Chine, qui s’apprêtent à vivre les Jeux olympiques, un événement de grande valeur pour l’humanité entière. » Les 8 et 9 mai, les médias de Chine populaire ont donné un large écho à ces derniers propos. Et, à Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que la Chine était « prête à améliorer ses relations avec le Vatican et fera des efforts en ce sens », ajoutant que le dialogue avec Rome se fera « sur la base des principes fondamentaux », référence aux principes maintes fois évoquées par la Chine de non-ingérence dans les affaires intérieures de la Chine sous prétexte de religion et de rupture préalable du Saint-Siège avec Taiwan.