Eglises d'Asie

La Caritas plante des milliers d’arbres pour lutter contre la déforestation

Publié le 10/09/2014




En association avec six ONG, la Caritas de Chittagong, région de l’extrême sud-est du Bangladesh, a fait planter ces dernières semaines des milliers d’arbres par des groupes de bénévoles dans le district du Bandarban. Une initiative qui a pour but de limiter les glissements de terrains et l’impact de la mousson… 

dans une région où l’exploitation intensive de la forêt est devenue une menace majeure pour la protection de l’environnement.

La période qui suit la mousson « est le meilleur moment pour faire des plantations » a affirmé l’un des volontaires à l’agence AsiaNews le 6 septembre dernier. « Les arbres ne souffriront pas tout de suite de la chaleur étouffante, et auront le temps de s’enraciner ».

La surface reboisée occupe environ 26 km, le long d’une route du Bandarban « très fréquentée par les touristes et particulièrement dangereuse durant la saison des pluies, en raison des glissements de terrain qui peuvent s’y produire », explique le directeur de la Caritas de Chittagong, James Gomes.

Le Bandarban, situé dans la région montagneuse des Chittagong Hill Tracts, bénéficie des nombreuses actions que mène depuis une trentaine d’années l’organisation catholique pour lutter contre la déforestation intensive, mais aussi pour sensibiliser les populations locales aux conséquences des modifications de l’environnement.

A l’occasion du lancement de cette campagne intitulée « pour un monde meilleur où vivre ensemble », le responsable du district, KM Tarikul Islam, a planté cérémonieusement un haritaki, arbre dont les fruits sont très utilisés dans la médecine ayurvédique. Au nom des autorités locales, il a remercié l’Eglise catholique ainsi que les autres ONG présentes pour leur « engagement concret dans la protection de l’environnement et la sécurité des personnes ».

Pour effectuer ses programmes de reboisement, la Caritas a mis en place plus d’un millier de pépinières dans le Bandarban où plusieurs centaines de familles aborigènes, dans le cadre d’un programme « travail contre nourriture », entretiennent les jeunes plants qui seront ensuite mis en terre, principalement le long des routes vallonnées de la région.

« La déforestation a atteint un rythme alarmant ces dernières années ; si aucun changement n’intervient, le Bangladesh n’aura bientôt plus de forêt », avertissait déjà le Centre pour la recherche forestière internationale scientifique dans un rapport alarmant paru il y a deux ans. Rappelant que les lois de protection de l’environnement au Bangladesh « existaient mais n’étaient pas appliquées », en raison de la corruption des fonctionnaires locaux, des grands propriétaires terriens et des industriels peu scrupuleux, le centre rejoignait les conclusions de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), laquelle évaluaient que la jungle épaisse qui recouvrait autrefois le pays ne s’étendait plus que sur 7 % de sa surface.

Le Bangladesh, situé dans le plus grand delta du monde formé par la confluence du Gange et du Brahmapoutre, est l’un des pays les plus vulnérables aux inondations et cyclones dont les conséquences sont un peu plus dévastatrices chaque année. Avec son relief constitué de plaines inondables à 90 % et la disparition progressive de la forêt qui jouait un rôle de bouclier naturel, le pays est désormait considéré comme « susceptible de disparition » avec l’accentuation des effets du réchauffement climatique de la planète.

« Ces dix dernières années, on a compté environ 200 millions de réfugiés climatiques, parmi lesquels 25 %, soit 50 millions, étaient du Bangladesh », rapportait Mgr Theotonius Gomes, évêque de Dacca et président de la Caritas Bangladesh, lors du sommet de l’organisation catholique à Poznam en 2009.

« Les populations du Bangladesh sont totalement dépendantes du climat », avait-il poursuivi. « Le changement climatique qui a modifié la mousson, provoqué des cyclones plus dévastateurs et des sécheresses plus longues, a déjà coûté la vie à de nombreuses personnes, et retiré leur moyens de subsistance à bon nombre d’autres ».

En mai 2008, après le passage du cyclone Nargis, la Caritas avait lancé l’opération « mur vert », en collaboration avec les autorités locales. L’organisation catholique avait distribué des milliers de brochures et effectué des missionsde sensibilisation dans les villages isolés pour expliquer comment la présence d’une couverture forestière pouvait réduire l’impact des cyclones et des inondations, en particulier dans les zones à risque, situées au niveau de la mer.

Déjà lors de la catastrophe humanitaire déclenchée par le cyclone Sidr en novembre 2007, lequel avait tué plus de 60 00 personnes au Bangladesh, les responsables de la Caritas avaient constaté que la région des Sudarbans avaient été moins touchée que d’autres zones de la baie, en raison de la présence de la mangrove, qui avait joué son rôle de barrière protectrice.

Mais aujourd’hui la déforestation gagne également la mangrove des Sundarbans, l’une des plus importantes du monde, avec sa faune et sa flore exceptionnelle, dont le tigre du Bengale en voie de disparition.