Eglises d'Asie

Le pape invite le président Xi Jinping au Vatican, révèle un site d’information argentin

Publié le 17/09/2014




Selon un site argentin d’information en ligne, le pape François a écrit une lettre au président Xi Jinping, l’invitant à venir le rencontrer au Vatican afin de parler de la paix dans le monde. Contacté à ce sujet, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège n’a pas souhaité commenté cette nouvelle.

Le site argentin en question, Infobae, indique que, lors d’une rencontre le 3 septembre dernier à la Maison Sainte-Marthe, lieu de résidence du Saint-Père au Vatican, le pape François s’est longuement entretenu avec deux émissaires argentins. L’entretien s’est déroulé en présence du secrétaire d’Etat, le cardinal Pietro Parolin, et du secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti. Toujours selon le site d’information, le pape a remis aux deux émissaires argentins une lettre signée de sa main, une lettre officielle cachetée à la cire, à charge pour les deux hommes de la remettre en main propre aux plus hautes autorités chinoises – ce qui a été fait trois jours plus tard par les deux émissaires qui ont remis la lettre à un proche collaborateur du président chinois.

Les deux émissaires en question sont Ricardo Romano, présenté comme membre du péronisme, mouvement politique majeur de la scène politique argentine, et José Luján, présenté comme « représentant » de l’Académie chinoise des sciences auprès du Mercosur, l’Académie des Sciences étant une institution centrale placée directement sous la supervision du gouvernement chinois. Une photo atteste de la réalité de la rencontre du 3 septembre à Sainte-Marthe.

Si le contenu de la lettre n’est pas connu, Ricardo Romano a confié à Infobae qu’au cours de la discussion, avait été souligné la nécessité pour le Saint-Siège d’établir des relations avec Pékin « de manière à contribuer à la marche des affaires d’un monde multipolaire, à garantir le plus haut degré de gouvernance [des affaires mondiales] et à contribuer à l’émergence d’une société planétaire fraternelle où l’équité sociale soit plus grande ». Toujours selon la même source, le pape François a déclaré : « Je suis un médecin généraliste. J’ai dit que je souhaitais me rendre en Chine [populaire] mais, pour tout ce qui touche à l’Asie, c’est le cardinal Parolin qui est le chirurgien », allusion sans doute à la longue expérience du secrétaire d’Etat dans la gestion des dossiers asiatiques, chinois et vietnamien en particulier.

Dans la riche chronique des relations entre la Chine et le Saint-Siège, l’arrivée du pape François à la tête de l’Eglise n’a pas marqué d’inflexion notable. Dans l’avion qui le ramenait de son voyage en Corée du Sud, le 18 août dernier, le pape s’est référé à « la lettre essentielle adressée aux Chinois par le pape Benoît XVI [le 30 juin 2007] », précisant : « Cette Lettre reste d’actualité. Cela fait du bien de la relire » (1). Le pape semble toutefois très désireux de saisir toute occasion pour renouer le contact avec Pékin. En mars dernier, il avait ainsi rendu public l’échange de lettres qu’il avait eu avec le président Xi Jinping et évoqué le fait que « des relations » existaient entre la Chine et le Saint-Siège.

Du côté de la Chine, aucune réaction n’a encore été communiquée quant à ce nouveau courrier personnel du pape au président Xi Jinping, mais des observateurs à Hongkong notent que le président chinois pourrait saisir l’occasion d’un prochain déplacement en Italie pour répondre à l’invitation du pape. Le président Xi promeut depuis plusieurs mois le développement d’une « nouvelle route maritime de la soie » qui viendrait relancer un itinéraire reliant la Chine à l’Europe, via l’Asie du Sud et l’océan Indien. Il a notamment mis cette idée en avant lors de son tout récent déplacement aux Maldives, au Sri Lanka et en Inde. Il pourrait venir en Italie prochainement et saisir cette occasion pour se rendre au Vatican. On se rappelle qu’à l’occasion de son dernier voyage en Italie, le président Xi avait tenu à ce que son cortège passe en bas de l’avenue de la Conciliazone afin d’apercevoir, de loin, la basilique Saint-Pierre.

Sur le fond, notent les observateurs, si la volonté du pape de renouer le dialogue au plus haut niveau avec Pékin est indéniable, les obstacles à une amélioration substantielle des relations entre le Saint-Siège et la Chine sont nombreux. Le resserrement généralisé de la politique religieuse qui semble être à l’œuvre depuis que Xi Jinping est aux commandes n’incite pas à l’optimisme et Pékin se refuse, pour l’heure, à des gestes qui ne l’engageraient pourtant que sur le seul terrain culturel : le Chœur de la chapelle Sixtine s’apprête ainsi à faire une tournée qui le menèra à Macao, Hongkong et Taiwan, mais toute escale à Pékin ou dans une autre ville de Chine continentale lui a été refusée par les autorités chinoises.

(eda/ra)