Eglises d'Asie

Actions des autorités contre des communautés chrétiennes dans plusieurs provinces du pays

Publié le 25/09/2014




Dans plusieurs provinces du pays, la police a diligenté des actions répressives à l’encontre de communautés chrétiennes, qu’elles soient protestantes ou catholiques, « officielles » ou « clandestines ».

Dimanche 21 septembre dernier, une escouade de quelque 200 policiers a investi un temple protestant tenu par une « Eglise domestique », du nom de ces communautés protestantes qui agissent en-dehors du Mouvement des Trois autonomies, la structure mise en place par les autorités pour contrôler les Eglises protestantes. Plus d’une centaine de fidèles, dont des enfants, ont été interpellés par les policiers au motif qu’ils prenaient part à un « rassemblement non autorisé ». Selon l’International Christian Concern (ICC), l’association basée aux Etats-Unis qui rapporte l’information, une trentaine de ces fidèles étaient toujours aux mains de la police trois jours après les faits.

L’incident s’est produit dans la ville de Foshan, importante localité faisant partie de la mégalopole de Canton, dans la province du Guangdong. L’Eglise domestique en question avait pignon sur rue depuis des années. Fondée il y a une vingtaine d’années, dénommée l’Eglise du Mont des Oliviers, cette communauté était plutôt modeste par le nombre de ses membres (environ 170, selon l’ICC). L’action policière dont elle a été la cible ce dimanche n’a, semble-t-il, été précédée d’aucune mise en garde ou admonestation particulière. « Nous ne savons pas exactement pourquoi ils ont organisé cette descente dans notre église. Le gouvernement ne veut pas que nous nous réunissions et organisions le culte en tant qu’Eglise », a seulement rapporté un membre de la communauté.

Quelques jours plus tôt, deux incidents séparés, dans deux provinces voisines du Guangdong, avaient concerné des communautés catholiques.

Le 15 septembre, l’église catholique de Jinxi, localité de la province du Hunan, a été entièrement détruite par les autorités. Son curé, qui tentait de s’opposer physiquement à cette destruction, a été menotté par la police et placé en détention. Comme souvent en Chine, la raison de cette destruction se trouve dans un projet de redéveloppement urbain mené par les autorités locales. Celles-ci, désireuses de s’approprier le terrain sur lequel se trouvait l’église, avaient promis au curé de reconstruire le lieu de culte dans un autre quartier de la ville. Un accord en ce sens aurait été signé par le prêtre le 1er août dernier mais les autorités n’ont, semble-t-il, pas tenu leurs promesses, notamment quant à la mise à disposition d’un espace temporaire pour assurer le culte tant que la nouvelle église n’était pas construite. Contacté par l’agence Ucanews, Mgr Qu Ailin, évêque de Changsha, capitale du Hunan, a précisé qu’il avait obtenu la libération de son prêtre. « Les officiels se sont excusés. Le prêtre se trouve actuellement dans un hôtel, mais nous n’avons toujours pas eu gain de cause pour le lieu de culte temporaire qui nous a été promis », a-t-il précisé.

Le deuxième incident concerne aussi une destruction d’église. Cette fois-ci, c’est l’église Notre-Dame de Jingdezhen, localité située dans le nord de la province du Jiangxi, qui a été visée. Selon des rapports qui circulent sur l’Internet chinois, le curé du lieu, le P. Joseph Dong Guohua, a été trompé par le Bureau local des Affaires religieuses. Là encore, les autorités voulaient proposer au prêtre une nouvelle église en échange du terrain sur lequel se trouve l’église Notre-Dame. Le 14 septembre au soir, cinq officiels du Bureau des Affaires religieuses ont invité le P. Dong à dîner afin de discuter de ce projet et avaient même réservé une chambre d’hôtel à son attention. A minuit, le prêtre recevait un coup de fil d’un voisin, lui annonçant que son église avait été entièrement détruite par des bulldozers, y compris le tabernacle, enseveli sous les gravats. A l’évidence, le dîner auquel était convié le prêtre était destiné à l’éloigner du lieu de culte. Un autre rapport indique que des hommes de main avaient enlevé le gardien de l’église, le jetant dans le coffre d’une voiture et ne le libérant que le lendemain matin, sur le coup de 6h30, lorsque l’église était déjà détruite.

Selon les observateurs, bien que caractéristiques des enjeux fonciers auxquels les responsables religieux sont souvent confrontés, ces incidents sont difficiles à interpréter : sont-ils les prémices d’une campagne plus générale contre la religion chrétienne, sous ses formes protestante et catholique ? ou ne sont-ils que le reflet des difficultés quasi quotidiennes auxquels se heurtent les responsables religieux face à une administration des Affaires religieuses qui n’échappe pas à la corruption ambiante ?

A ce jour, on peut seulement noter que la campagne qui a cours depuis janvier 2014 dans la province du Zhejiang ne faiblit pas. Intitulée « Trois rectifications pour une démolition », la campagne vise les temples protestants et les églises catholiques. Des centaines d’entre eux ont été partiellement ou totalement détruits ; plus de 360 croix ont été retirées de force par les autorités locales. Ce 15 septembre encore, dans la ville de Wenzhou, l’église catholique de Jingtou était menacée d’être détruite par les autorités. Après un épisode de vive tension cet été, un accord a été finalement trouvé : seule la croix surmontant l’édifice a été enlevée pour être remplacée par une croix de plus petite taille.

(eda/ra)