Eglises d'Asie – Mongolie
Ordination diaconale du premier séminariste d’origine mongole
Publié le 08/12/2014
… que le préfet apostolique d’origine philippine Mgr Wenceslao Padilla, appelait de ses vœux depuis longtemps, espérant voir enfin un clergé autochtone reprendre le flambeau allumé vingt ans plus tôt par les prêtres de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM) (1) .
Aujourd’hui, la petite Eglise de Mongolie qui continue de croître avec une étonnante vitalité, a conscience de l’importance de cet événement, tous ses prêtres et religieux (plus de 80 missionnaires, issus de 22 nationalités différentes) étant de nationalité étrangère.
Le futur diacre, Enkh Baatar, 23 ans, – qui a choisi Joseph comme nom de baptême –, s’est exprimé le 27 novembre dernier, depuis la Corée du sud où il est en formation, dans une vidéo diffusée sur le blog de l’Eglise catholique de Mongolie. Il s’est confié sur ce qui l’avait amené à vouloir devenir prêtre, les difficultés qui avaient jalonné son parcours, et la foi profonde qui l’animait.
« Je voulais aller tout droit au séminaire après avoir terminé l’école, mais ma famille et tout le monde dans la mission, y compris l’évêque, m’a conseillé de me former d’abord à l’université, j’étais très déçu », se rappelle Enkh (un nom qui signifie « paix » en mongol). Reconnaissant aujourd’hui que « c’était une sage décision », il ajoute que « la science [lui] a permis d’approfondir [sa] recherche de Dieu ».
Après avoir obtenu un diplôme de biochimie à la Mongolia International University, institution fondée par des protestants sud-coréens à Oulan-Bator, le jeune homme s’est envolé en août 2008 pour le diocèse de Daejon en Corée du Sud, où il a d’abord étudié le coréen pendant six mois avant de suivre les cours du séminaire.
« Hier, dimanche 7 décembre, lors de la messe à la cathédrale Saint Pierre-Saint Paul d’Oulan-Bator, la mère d’Enkh Joseph s’est adressée à l’assemblée, rapporte un fidèle de la paroisse à Eglises d’Asie. Elle a raconté comment son fils, qui accompagnait sa sœur aînée à l’église depuis l’âge de 5 ans, avait dû lutter pour persévérer dans sa vocation ; elle-même, comme la plupart de ses proches et amis, avaient tenté pendant des années de le dissuader de devenir prêtre. »
Aujourd’hui, très fière de son fils, comme l’ensemble de la communauté catholique de Mongolie dont il est pour le moment le seul représentant de la future « Eglise autochtone », la mère du jeune séminariste sera présente à l’ordination aux côtés du curé de la cathédrale.
Enkh Joseph, qui a laissé le souvenir d’un membre très actif et apprécié à la paroisse Saint Pierre-Saint Paul, est aujourd’hui soutenu par toute la communauté catholique de son pays qui a lancé le 2 décembre dernier sur son blog et sa page Facebook, une neuvaine à l’intention du futur diacre.
« Cette ordination, outre son importance ecclésiale et apostolique évidente, aura également des conséquences pratiques et permettra à l’Eglise d’avoir enfin le droit de posséder des biens immobiliers et d’être son propre représentant légal », explique un expatrié, vivant depuis plusieurs années en Mongolie. En effet, selon les lois de la République de Mongolie, seul un citoyen mongol peut posséder un terrain ou diriger un organisme religieux. « C’est la raison pour laquelle le chef officiel de l’Eglise mongol [Mgr Padilla]est la secrétaire de l’évêque, laquelle possède aussi officiellement la plupart des terrains de la préfecture apostolique à Oulan-Bator … », ajoute-t-il.
En outre, depuis la loi de 2009 obligeant les étrangers travaillant dans le pays (dont les missionnaires) à embaucher du personnel mongol selon un système de quotas élevés, l’arrivée dans les cadres de l’Eglise locale d’un citoyen mongol, permettra sans aucun doute d’alléger une situation financière qui commençait à devenir source d’inquiétude.
« Selon ces quotas, l’Eglise catholique devrait en principe engager une soixantaine de personnes supplémentaires, mais nous n’avons pas l’argent pour assurer leur salaire », expliquait Mgr Padilla il y a quelques mois, ajoutant que « treize missionnaires devraient partir si la loi était appliquée stricto sensu ».
Selon les dernières estimations, les chrétiens, toutes confessions confondues, représentent à l’heure actuelle un peu plus de 2 % de la population mongole, laquelle suit majoritairement les pratiques d’un bouddhisme tibétain mêlé de croyances chamaniques.
(eda/msb)