Eglises d'Asie

Répression ciblée des moines tibétains âgés de moins de 20 ans

Publié le 04/03/2015




Selon Radio Free Asia (RFA), qui rapporte le fait le 25 février, de jeunes moines tibétains font face à une nouvelle campagne de répression, mise en place à l’occasion du Nouvel An lunaire (Losar en tibétain).Dans la province du Qinghai (nord-ouest du pays), les autorités ont profité de la grande « migration » annuelle qui marque le Nouvel An chinois avec les traditionnels rassemblements familiaux, …

… pour interdire aux jeunes moines venus célébrer Losar dans leurs familles, de revenir dans leurs monastères après les fêtes.

Ces consignes ont été données aux responsables des deux districts de Terlenkha (Delingha en chinois) et Tulan (Dulan) de la Préfecture autonome mongole et tibétaine de Tsonub (Haixi) ; les moines de moins de 20 ans devront quitter l’habit monastique et, dès la fin des vacances, suivre « les cours des écoles du gouvernement en tant qu’élèves laïques ».

« Le 23 février, soit quatre jours après le début du Nouvel An lunaire, les représentants du gouvernement ont réuni les parents des jeunes moines des districts de Tulan et de Terlenkha et leursont dit que les enfants étudiant dans les monastères tibétains ne seraient pas autorisés à revenir », a rapporté une source locale à RFA, sous couvert de l’anonymat.

Cette nouvelle mesure, qui ne se base sur aucune législation officielle (en Chine, la majorité civile est fixée à 18 ans, et la scolarité n’est obligatoire que jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans (1)), vient renforcer l’important dispositif de « rééducation par l’école d’Etat » mis en place ces dernières années dans les régions de peuplement tibétain, en particulier les zones qualifiées de « rurales et de type nomade ».

Après avoir autorisé un temps l’enseignement de la langue tibétaine dans des établissements privés, pour les élèves déjà diplômés des écoles locales (où les cours sont dispensés uniquement en chinois), les autorités ont fini par interdire récemment les classes de tibétain.

« Ces jeunes avaient choisi d’étudier dans ces monastères et d’apprendre le tibétain ; maintenant le gouvernement les force à revenir à l’état laïc et à suivre les cours des écoles publiques où ils ne pourront pas étudier leur propre langue ! », se lamentent les parents des moines concernés par les nouvelles directives. « Si nous désobéissons aux ordres du gouvernement, cela nous créera de gros problèmes, mais si nous acceptons, cela handicapera gravement l’avenir de nos enfants ; voilà notre dilemme aujourd’hui », confie encore à RFA l’un des proches d’un jeune moine.

Cette nouvelle vague de répression qui sévit actuellement dans la préfecture de Tsonub n’est pas sans rappeler des événements semblables qui se sont produits en octobre dernier dans le district de Driru (Biru), situé dans la Région autonome du Tibet, frontalière du Qinghai.

Les autorités avaient ordonné, entre autres directives, que les moines âgés de moins de 12 ans quittent le monastère et retournent dans leurs familles, de gré ou de force. Si les parents des jeunes moines contrevenaient à cet ordre, ils s’exposaient à des peines de trois ans de prison, précisaient les instructions consignées dans un fascicule de 30 pages distribué dans toutes les administrations de la région. Etait également stipulé que toutes les constructions à caractère religieux (stupas, édifices divers ou même pierres à mani (2)), élevées après 2010, devaient être détruites.

Le district de Driru, considéré comme particulièrement « rétif » vis-à-vis de l’autorité de Pékin, est régulièrement le théâtre d’arrestations arbitraires et d’« opérations de rééducation » des moines, qui sont envoyés « étudier » dans des instituts tenus par le gouvernement.

Comme le sous-entend RFA, outre la volonté des autorités de « faire diminuer » le nombre des moines de la Préfecture mongole et tibétaine de Tsonub, en empêchant les jeunes générations de rejoindre leur monastère, le fait que les victimes des immolations par le feu – que Pékin semble impuissant à enrayer dans la région – soient très fréquemment âgées de moins de 20 ans, n’est sûrement pas étranger à ces nouvelles mesures gouvernementales.

(eda/msb)