Eglises d'Asie

Les Eglises mettent en garde les chrétiens contre « les prêcheurs de rue »

Publié le 23/01/2013




Les représentants de plusieurs Eglises au Pakistan ont émis une mise en garde au sujet des « Eglises de rue», des structures informelles ne se rattachant à aucune dénomination particulière, dont le nombre croissant menace aujourd’hui l’unité des chrétiens.

Cette déclaration a été faite lors d’un séminaire qui s’est tenu dans le cadre de la Semaine pour l’unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier 2013). Organisée par le comité œcuménique et le conseil pour le dialogue interreligieux, la session a rassemblé environ 70 prêtres, pasteurs et catéchistes, rapporte une dépêche de l’agence Ucanews du 23 janvier 2013.

Parmi les principales questions soulevées par l’assemblée figuraient les pratiques « non orthodoxes » ainsi que le manque de formation pastorale et « les problèmes de corruption » touchant les « prédicateurs de rue » qui rassemblent de plus en plus de chrétiens autour d’Eglises informelles.

« Nous dénonçons les pasteurs qui incitent à prier dans un charabia incompréhensible, et nous rejetons les écoles de foi qui enseignent le seul Christ en écartant les concepts du Père et du Saint Esprit » a déclaré durant la session le Rév. Emmanuel Khokhar, pasteur de l’Eglise du Pakistan (1), doyen de la Praying Hands Cathedral de Lahore. « Nous ne sommes pas contre le fait qu’il y ait plus de lieux de culte chrétiens, mais que notre mission soit entravée par ces détournements des croyances et doctrines chrétiennes », a-t-il ajouté.

Le Rév. Khokhar faisait partie des nombreux intervenants qui ont mis en garde les participants au séminaire pour l’Unité des chrétiens contre les « Eglises champignons » en pleine croissance au Pakistan, accusant ces dernières de mettre en péril l’unité des chrétiens en semant la discorde parmi les croyants.

Selon les responsables chrétiens réunis pour la session, des centaines de « fausses Eglises » ont apparu ces dix dernières années au Pakistan, en particulier dans les villages du Pendjab et dans les ghettos chrétiens des grandes villes. « Il y a sept ans, nous avions 130 Eglises à Youhanabad, un quartier de Lahore très majoritairement chrétien. Maintenant, il y en a plus de 250 », rapporte le capitaine Yasmeen Maqsood de l’Armée du Salut du Pakistan qui ajoute que « l’évangélisme est devenu aujourd’hui une activité lucrative ».

Le Rév. Walter John, qui dirige cinq églises de l’Assemblée de Dieu à Karachi, explique que « la prière en langues » (2) que le Rév. Khokhar qualifiait de « charabia incompréhensible », est l’expression d’une expérience personnelle avec le Saint-Esprit ».

Selon lui, « l’Eglise catholique qui reçoit ses directives de Rome, n’a pas beaucoup de possibilités d’innover ». Quant à l’Eglise du Pakistan, malgré les critiques qu’elle formule officiellement, elle a dans ses rangs affirme-t-il, « de nombreux pasteurs qui suivent également cette pratique [la prière en langues] ».

« La vérité de l’Evangile ne peut être niée », poursuit encore le Rév.Walter, formé au séminaire de l’Assemblée du Plein Evangile. « Beaucoup de jeunes pasteurs viennent apprendre à prier en langues dans notre Eglise qui compte environ 200 membres, affirme-t-il, bien qu’il arrive encore que quelques personnes illettrées qualifient cela de ‘charabia ‘… ».

Mgr Irfan Jamil ,évêque de Lahore au sein de l’Eglise du Pakistan, a reconnu que les responsables religieux de sa communauté devraient s’investir davantage dans l’évangélisation et la pastorale, ajoutant que les récents scandales qui s’y étaient produit avaient affaibli la confiance des fidèles et certainement poussé certains d’entre eux à intégrer des « Eglises non orthodoxes ».