Eglises d'Asie

La police arrête les premiers responsables des émeutes de Khanewal et de Shantinagar

Publié le 18/03/2010




Du 6 février dernier au début du mois de mars, la police a déjà procédé à l’arrestation d’environ 97 personnes soupçonnées d’avoir pris une part active aux émeutes au cours desquelles 15 à 20 000 personnes de confession musulmane se sont déchaînées contre les lieux de culte et les biens des chrétiens de Shantinagar, de Khanewal et de quelques autres localités (4). Les personnes arrêtées ont été placées sous la responsabilité d’une commission conjointe formée par des officiers supérieurs de la police et de l’armée ainsi que par de hauts fonctionnaires de l’administration du district.

Parmi les personnes arrêtées, se trouvent des officiers de police, des dirigeants musulmans, des chefs de village. La plupart d’entre eux ont été trouvés en possession d’objets de valeurs provenant du pillage ou encore de têtes de bétail volées sur les lieux de l’émeute. La police a aussi fait savoir que 118 têtes de bétail et des objets précieux pour une valeur de plusieurs milliers de roupies ont été récupérés et rendus à leurs légitimes propriétaires. Aujourd’hui encore, quatre équipes animées par des magistrats continuent d’enquêter aux alentours des villages attaqués le 6 février dernier, à la recherche d’objets provenant du pillage. Les premières procédures judiciaires ont été entamées contre 25 personnes suspectes d’avoir provoqué les émeutes. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une investigation judiciaire par un juge de la Haute cour.

Les dégâts occasionnés par le vandalisme qui s’est déployé au cours de la journée d’émeute du 6 février sont aujourd’hui mieux connus. Ils sont estimés à 25 millions de dollars. Selon un rapport dû à une enquête de la commission « Justice et paix » des supérieurs majeurs du Pakistan, 75 à 80 % des habitations du village chrétien de Shantinagar ont été détruites, à savoir quelque 800 maisons de cette bourgade dont la population dépasse les 15 000. Les habitants de Shantinagar et de Khanewal déplorent de plus l’anéantissement de 13 églises, quatre maisons paroissiales, deux dispensaires, un pensionnat de garçons, deux écoles, 15 magasins, plus de 2 000 bibles. Les chrétiens ont été déçus par la faible indemnisation financière proposée par le gouvernement pour la perte de leurs biens et propriétés. Ils attendent avec impatience la réalisation des promesses faites par les plus hautes autorités du pays. Le premier ministre a promis une indemnisation financière tandis que le chef de la province où ont eu lieu les incidents annonçait qu’il débloquerait une somme de 5 millions de roupies pour la restauration des lieux de culte dévastés par l’émeute.

Dès le lendemain des émeutes, un grand mouvement de solidarité s’est développé dans les autres régions chrétiennes du pays. En beaucoup d’endroits, les musulmans s’y sont officiellement associés. Des camions chargés de nourriture, de vêtements, de tentes et matériel de couchage ont été envoyés dans la région sinistrée (5).

Par ailleurs une lettre commune (6) signée de l’archevêque de Lahore, Mgr Armando Trindade, président de la Conférence épiscopale catholique, et de Mgr Samuel Azariah,

évêque de Raiwind et chef de l’Eglise protestante du Pakistan, a proposé aux chrétiens du pays une réflexion chrétienne sur les incidents du 6 février, réflexion qu’ils ont inséré à l’intérieur d’une exhortation destinée à préparer les chrétiens au Carême. Ils ont en particulier invité les chrétiens à donner aux victimes le salaire de la journée du 28 février, journée déclarée de jeûne et de prière, pour les nécessiteux de Shantinagar et Khanewal.