Eglises d'Asie

Obsèques de Mgr Fan Zhongliang à Shanghai : 5 000 personnes, 61 prêtres et absence de Mgr Ma Daqin

Publié le 24/03/2014




Samedi 22 mars dernier, la cérémonie des obsèques de Mgr Fan Zhongliang, évêque catholique « clandestin » de Shanghai, décédé le 16 mars à l’âge de 96 ans, a duré plus de quatre heures. La messe proprement dite, présidée par le P. Zhu Yude, vicaire général de la communauté catholique « clandestine » de Shanghai, a duré deux heures et la procession des fidèles devant le cercueil …

… s’est prolongée durant plus de deux heures. Cinq mille fidèles y ont pris part, ainsi qu’une soixantaine de prêtres. Une absence était notable, celle de Mgr Ma Daqin, désormais seul évêque en titre de Shanghai, qui est toujours retenu en résidence surveillée au grand séminaire de Sheshan, dans la banlieue de la grande métropole orientale.

Durant les jours qui ont précédé ce samedi 22 mars, les autorités chinoises locales avaient multiplié les mises en garde : aucun écrit ou aucune bannière ne devait porter la mention du fait que Mgr Fan était évêque, Pékin n’ayant jamais reconnu son épiscopat ; dans le même ordre d’idée, les prêtres de la communauté « officielle » de la ville avaient reçu pour consigne de se tenir à l’écart du funérarium transformé en chapelle ardente où reposait le corps de l’évêque ; funérarium où devait obligatoirement se dérouler les obsèques, les autorités civiles ayant interdit à la communauté « clandestine » d’utiliser la cathédrale Saint-Ignace, sise dans le quartier de Xujiahui, pour les funérailles de leur évêque.

Malgré ces limitations, la foule était au rendez-vous ce samedi 22 mars à 10 heures, pour une messe célébrée en chinois et en latin. La pièce où était déposée le cercueil étant de petite dimension, un écran géant avait été installé dans la cour du funérarium et la police y avait placé un cordon pour contenir les fidèles. Les prêtres étaient venus de tout le pays et avaient revêtu des habits liturgiques rouges, couleur du martyre dans l’Eglise catholique, manière de souligner combien la vie toute entière de Mgr Fan avait été donnée à sa mission de prêtre puis d’évêque de l’Eglise catholique. Si les livrets distribués aux fidèles ainsi que les bannières faisaient référence à Mgr Fan comme « pasteur », dans la liturgie elle-même, c’est bien le mot « évêque » qui a été prononcé, rapporte l’agence Ucanews. « Les mises en garde ont été ignorées … et les autorités ne sont pas intervenues », a commenté un des laïcs qui étaient en charge de l’organisation de la cérémonie.

En dépit de la demande qui avait été formulée le 18 mars par le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples à Rome, Mgr Savio Hon Tai-fai, de voir Mgr Ma Daqin présider les funérailles de Mgr Fan, le grand absent de ce 22 mars était l’évêque auxiliaire de Shanghai. Dès après l’annonce du décès de Mgr Fan, la surveillance avait été renforcée autour du lieu de résidence de Mgr Ma, au grand séminaire de Sheshan. Sur Internet, son blog restait silencieux. A l’évidence, les autorités chinoises, qui le retiennent en résidence surveillée depuis son ordination en juillet 2012, ne voulaient pas qu’il soit présent, d’une manière ou d’une autre, à cette cérémonie de funérailles.

Les informations disponibles indiquent cependant qu’au cours de la messe, lors de la prière eucharistique, conformément au canon de la messe, il a été prié « pour ton serviteur le pape François » et « pour notre évêque Thaddée », Thaddée étant le prénom de baptême de Mgr Ma Daqin. En citant ainsi l’évêque auxiliaire de Shanghai dans le canon de la prière eucharistique, les prêtres « clandestins » de Shanghai signifiaient qu’ils reconnaissaient Mgr Ma Daqin comme leur évêque légitime. Dans son message du 18 mars, Mgr Hon Tai-fai avait clairement parlé de Mgr Ma comme « le pasteur de Shanghai » et « le successeur à la fois de Mgr Jin et de Mgr Fan » (Mgr Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai décédé en avril 2013, et Mgr Fan Zhongliang, évêque « clandestin » de Shanghai tout juste décédé). Pour les prêtres « clandestins » comme « officiels » présents à la cérémonie de ce samedi 22 mars, c’était là une manière très claire de signifier leur attachement à l’unité de la communauté ecclésiale locale.

(eda/ra)