Eglises d'Asie

Cent-cinquantième anniversaire du plus ancien journal catholique de l’île

Publié le 29/09/2015




Le Gnanartha Pradeepaya, un hebdomadaire catholique, vient de fêter ses 150 ans, ce qui fait de lui le plus ancien journal cinghalais du pays. Rédigé en cinghalais, l’une des deux langues officielles du pays, parlée par 73 % de la population, le journal catholique, dont le titre signifie ‘Lumière de la sagesse’, …

… a traversé et survécu à l’histoire du pays depuis 1866.

Pour Sunny Francis Fernando, membre de la rédaction, ce journal était, à l’époque, un des seuls moyens d’informer la minorité catholique (les chrétiens, principalement catholiques, représentent aujourd’hui environ 7 % des 20 millions de Sri-Lankais). Fondé par John Fernando, un enseignant et directeur d’école, cet hebdomadaire de quatre pages s’adressait à la minorité catholique du pays, en donnant des nouvelles de l’Eglise et en publiant les discours du pape. Vingt ans plus tard, l’archidiocèse de Colombo en était devenu le propriétaire officiel.

Aujourd’hui, le Gnanartha Pradeepaya est distribué au plan national à plus de 30 000 exemplaires, principalement à travers le réseau des paroisses catholiques. Composé de 24 pages, avec ses couvertures en couleurs, l’hebdomadaire a élargi ses champs d’action en couvrant également l’actualité politique, économique et sociale, sous un angle catholique, en se référant notamment à la doctrine sociale de l’Eglise. « Ce journal a pour but de défendre la cause de la minorité catholique et de créer un espace de paroles afin d’aborder des sujets aussi vastes que les problèmes sociaux dans l’agriculture, les problèmes d’eau potable, ou des questions purement professionnelles », explique Shiran Maithri, secrétaire de la rédaction, ajoutant que « l’hebdomadaire [avait] contribué à faire évoluer la mentalité de nombreux catholiques ». Autre aspect important, le journal fait office de relais en permettant de chercher un partenaire pour fonder un foyer au sein de la communauté catholique ou de publier un avis de décès.

Pour beaucoup de fidèles vivant dans des zones rurales reculées, le Gnanartha Pradeepaya reste encore aujourd’hui le seul outil d’information sur l’actualité du pays avec une approche catholique. Pour Nanda Watawalla, fidèle lectrice de l’hebdomadaire, « les catholiques ont besoin d’avoir des informations sur les grandes lignes directrices de l’Eglise, ainsi que des nouvelles sur l’actualité interreligieuse dans le pays, tout particulièrement au sujet de la réconciliation nationale et des victimes de guerre ».

Pour le P. Santha Sagara Hettiarachchi, l’actuel rédacteur en chef, « ce journal a permis d’aider les lecteurs à devenir plus responsables en abordant des sujets parfois sensibles, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de l’Eglise catholique », ajoutant qu’« il était temps de parler ouvertement ». Le Gnanartha Pradeepaya a en effet publié des articles sur des sujets controversés comme le projet contesté du port de Colombo, financé par la Chine populaire, ou en n’hésitant pas à faire sa Une sur l’obtention d’une déclaration de nullité pour un mariage catholique. Il a également permis de répondre aux attaques faites par des extrémistes bouddhistes à l’Eglise catholique.

Dans les années 1980, au début de la guerre civile, le journal catholique n’avait pas échappé à la censure gouvernementale, pour avoir publié des articles jugés « trop sensibles ». Aujourd’hui, le Gnanartha Pradeepaya continue à se développer ; il s’est doté d’une version online gratuite pour les nombreux Sri-Lankais de la diaspora, présents à travers le monde.

(eda/nfb)