Eglises d'Asie

Travaux de la 2ème assemblée annuelle des évêques du Vietnam

Publié le 30/09/2015




La deuxième assemblée annuelle des évêques du Vietnam a eu lieu du 14 au 18 septembre 2015. Cette année, elle s’est déroulée au nord de Saigon, à l’évêché de Xuan Lôc. L’ensemble des évêques vietnamiens était présent, à …

… l’exception du secrétaire général de la Conférence, l’évêque de Bac Ninh, retenu chez lui par une maladie, et l’évêque de Vinh, occupé ailleurs à des tâches pastorales. Le représentant du Saint-Siège, Mgr Leopoldo Girelli, qui d’habitude participe à la première journée, était absent pour cause de vacances.

Comme à l’accoutumée, les questions abordées ont été diverses. Les évêques ont débattu de l’organisation de l’Année Sainte de la miséricorde. Ils ont préparé des documents pour le synode sur la famille qui va prochainement se dérouler à Rome. Il a également été question de l’ouverture d’un Institut catholique, récemment autorisé par les autorités civiles. Par ailleurs, les membres de la Conférence ont apporté un soin particulier à la rédaction de la lettre commune annuelle traitant de la nouvelle évangélisation de la société vietnamienne.

La lettre, qui a été publiée sur le site de la Conférence épiscopale, est traduite ici par la rédaction d’Eglises d’Asie.

Lettre à la communauté du peuple de Dieu
Conférence des évêques du Vietnam

Frères et sœurs bien-aimés,

Nous, les évêques du Vietnam, réunis pour notre deuxième assemblée annuelle à l’évêché de Xuân Lôc, du 14 au 18 septembre 2015, nous vous envoyons nos salutations affectueuses et nous demandons au Seigneur notre Père plein de miséricorde et à Jésus-Christ de vous accorder sa grâce et sa paix (Cf. Jean I, 1,3).

Nous retournant vers l’année 2015 qui s’achève, nous vous remercions sincèrement d’avoir répondu à l’appel de la Conférence épiscopale, vous invitant à construire ensemble la paroisse et la communauté sur le modèle des premières communautés chrétiennes, attentives à l’enseignement des apôtres, toujours en communion, assidues au partage du pain et ne cessant jamais de prier (Ac 2,42). Nous voulons aussi exprimer notre reconnaissance à tous ceux qui ont généreusement contribué sous diverses formes à l’édification de la basilique de Notre-Dame de La Vang et, ainsi, offert le témoignage vivant d’une Eglise qui communie et participe.

Le 11 avril 2015, à l’occasion de la première fête du Cœur miséricordieux du Seigneur, le pape François a publié « Le visage de la miséricorde » (Misericordiae Vultus), la bulle d’indiction du jubilé extraordinaire de la miséricorde, et a annoncé l’entrée dans l’Année Sainte de la miséricorde à partir du 8 décembre 2015, en la fête de l’Immaculée Conception, jusqu’à la fête du Christ Roi, le 20 novembre 2016. Pour les Eglises locales, le rite de l’ouverture des portes saintes aura lieu le 12 décembre 2015 en l’église cathédrale. Le but de l’année sainte est d’appeler les fidèles à contempler le visage de Dieu qui est un Père plein de miséricorde se manifestant pleinement en Jésus-Christ. Ainsi, pénétrés nous-mêmes de cette miséricorde, nous en deviendrons des signes concrets par notre vie : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). C’est pourquoi, durant cette année de grâce, vous devrez accueillir avec une grande ferveur la miséricorde du Père à travers les sacrements de l’Eglise, vous vous pardonnerez les uns aux autres et vous vous réconcilierez. Dans le même sens, vous ferez porter votre attention sur les personnes restées sur le bord de la route, celles qui souffrent aussi bien spirituellement que matériellement.

Au Vietnam, l’Année Sainte de la miséricorde aura lieu en même temps que l’Année Sainte de la nouvelle évangélisation de la vie sociale (2016) que nous célébrerons après nous être concentrés sur la famille (2014) et la communauté paroissiale et religieuse (2015). Cette concomitance nous aidera à comprendre et vivre concrètement l’orientation pastorale de l’Eglise du Vietnam. La nouvelle évangélisation de la vie sociale, c’est vivre, partager, annoncer la miséricorde, lui rendre témoignage au sein de notre vie sociale. Devant les signes inquiétants de la société d’aujourd’hui, l’hypocrisie, l’indifférence, l’injustice, la drogue, la violence, l’avortement, le suicide…, chaque catholique doit participer positivement à l’édification d’une civilisation de l’amour et à une culture de la vie. Sans les témoins de la miséricorde, la société deviendra un désert aride, desséché et dépourvu de vie (Cf. Le visage de la miséricorde, 10).

Pour répondre à l’appel du pape François, vous devez mettre en œuvre positivement cette miséricorde. Car la miséricorde est le critère même de notre identité d’enfant de Dieu ; au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour (Le visage de la miséricorde, 9 et 15).

Pour édifier une civilisation d’amour et une culture de la vie, le catholique bénéficie de balises qui lui indiquent la route ; c’est la doctrine sociale de l’Eglise. C’est un document qui concentre et systématise les directives de l’Eglise visant à faire pénétrer l’esprit évangélique à l’intérieur de la vie sociale. Nous ne pouvons pas évangéliser la vie de la société sans rien connaître sur la doctrine sociale de l’Eglise. C’est pourquoi nos frères prêtres, en service dans les diverses paroisses, doivent créer les conditions favorables pour que tous les membres du peuple de Dieu prennent contact avec cette doctrine, l’étudient, en débattent et s’entraident les uns les autres pour la vivre ensemble. Nous vous invitons à vous pencher avec une grande attention sur les questions suivantes :

Prendre soin de votre environnement

A l’occasion de la Pentecôte, le 24 mai 2015, le pape François a publié l’encyclique Laudato si, appelant les hommes du monde entier à prendre soin de cette planète qui est la maison commune que Dieu, Père et créateur, a donné à l’humanité. Il a également décidé de fixer au 1er septembre de chaque année une journée mondiale de prière pour l’œuvre de protection de l’environnement. En vérité, le monde traverse aujourd’hui une crise extrêmement grave de l’environnement : la terre se réchauffe, la pollution s’accroît, les ressources en eau potable sont menacées, les catastrophes naturelles se multiplient. Le Vietnam est lui-même un des pays qui subit les lourdes conséquences du changement climatique ; la pollution y a atteint un niveau très élevé, surtout dans les grandes villes.

Voilà une question très grave. Elle exige des changements à de nombreux points de vue : la planification économique, la politique sociale, la morale de l’environnement… Le pape appelle les catholiques à se convertir, à changer leur manière de voir, de penser et leur façon de vivre dans leur rapport avec l’environnement naturel. C’est Dieu lui-même qui a confié à l’homme la responsabilité de la planète. C’est pourquoi on ne doit pas la détruire ou l’utiliser pour son profit personnel, mais il faut en prendre soin et l’entretenir pour la génération actuelle et les générations à venir. Cette prise de conscience nous poussera à changer notre manière de vivre en  respectant la nature, en prenant soin de l’environnement et en commençant par les petites choses de la vie quotidienne : économiser l’eau et l’énergie, contribuer à l’hygiène publique dans son quartier… Puissent les paroisses devenir des modèles en ce qui concerne l’entretien et la protection de l’environnement naturel.

Etre solidaire de nos frères migrants

La migration, que ce soit pour l’emploi, pour les études, ou pour un mariage, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, est un phénomène de plus en plus fréquent et complexe. Un certain nombre d’entre vous ont effectué cette migration avec succès ; mais, malheureusement, une grande partie se trouve confrontée à d’innombrables difficultés, dont certaines ont des conséquences tragiques. Nous nous souvenons toujours de l’enseignement qui nous a été donné par le pape Benoît XVI lors de notre visite ad limina de l’année 2009. Nous devions, nous a-t-il dit, développer une pastorale adaptée aux jeunes migrants en renforçant la collaboration entre les diocèses d’origine et les diocèses d’arrivée. Nous devions leur prodiguer des encouragements moraux et des directives pratiques. D’une façon concrète, la Conférence épiscopale a confié à la Commission pour la pastorale des migrants la charge de comprendre, d’étudier la situation et de préparer « l’orientation pastorale pour les migrants ». Nous espérons que ce document sera rapidement achevé, diffusé et largement appliqué. Notre service des migrants sera ainsi animé par une directive commune. Les migrants pourront s’intégrer dans l’Eglise locale et ainsi travailler positivement à l’édification de l’Eglise.

La sécurité routière

L’un des problèmes les plus préoccupants de la société vietnamienne aujourd’hui, ce sont les accidents de la circulation. A côté de certaines raisons objectives comme la médiocrité des infrastructures routières, le nombre excessif des moyens de communication… il faut reconnaître que la plus grande partie des accidents de la route sont dus à l’inconscience, à l’absence de sens des responsabilités des conducteurs. Le catholique a conscience que la vie est une grâce précieuse accordée par Dieu et c’est pourquoi, il respecte la sienne et celle d’autrui, dans toutes ses activités et en toutes circonstances. Ainsi, lorsque nous participons à la circulation, respectons scrupuleusement le code de la route afin d’éviter les regrettables accidents qui pourraient se produire.

Bien chers frères et sœurs, en conclusion de cette lettre, nous nous permettons de mentionner encore la suggestion du pape Benoît XVI : « Par une vie bâtie sur la charité, la droiture, le respect du bien commun, nos frères laïcs doivent démontrer qu’un bon catholique est aussi un bon citoyen.» La foi catholique porte en elle des valeurs positives en ce qui concerne la société, parce qu’elle appelle les individus à se sanctifier eux-mêmes et, par l’intermédiaire de ses propres organisations, elle s’élance au service du prochain dans une démarche généreuse et tout à fait désintéressée (Cf. le discours pour la visite ad limina de 2009).

Par l’intercession de la Vierge Marie, Mère de la miséricorde, que le Seigneur accorde toujours son Esprit Saint à l’Eglise du Vietnam pour que nous puissions être transformés en témoins crédibles de la miséricorde au sein de notre pays.

Fait à l’évêché de Xuân Lôc, le 17 septembre 2015.
Pierre Nguyên Van Kham.
secrétaire adjoint de la Conférence épiscopale du Vietnam

(eda/jm)