Eglises d'Asie – Chine
Le P. Vincent Lebbe, un pionnier et un missionnaire visionnaire
Publié le 05/01/2016
… est resté dans les mémoires comme un grand avocat de l’ordination des premiers évêques autochtones, le fondateur d’un quotidien patriotique très populaire dans la Chine du nord des années 1920, l’initiateur de deux congrégations religieuses locales toujours fort actives aujourd’hui, et le promoteur d’une devise choc encore enseignée dans les grands séminaires de la Chine populaire contemporaine : « sacrifice plénier, amour authentique, joie quotidienne ».
Le premier colloque organisé par le département de littérature française de l’Université catholique Fujen à Taipei les 27 et 28 novembre derniers, s’est attaché aux fondements et développements humanistes, culturels et spirituels de la pensée et de l’œuvre de Vincent Lebbe. La première journée consacrée aux recherches menées par des chercheurs taiwanais ou étrangers, a été marquée par une brève intervention du supérieur majeur local des lazaristes, le prêtre indonésien Bintoro Kunsko, qui insista sur la réhabilitation de missionnaire belge au sein de sa congrégation : « Je voudrais témoigner ici, qu’après des décennies de violentes critiques émises par certains de ses confrères lazaristes, le Père Lebbe est aujourd’hui considéré par notre congrégation comme un authentique et exemplaire disciple de saint Vincent de Paul. » La deuxième journée a donné la parole aux représentants et experts des quatre fondations initiées par le P. Vincent Lebbe au service de l’Eglise de Chine : les Petits Frères de Saint Jean-Baptiste (CSJB), les Petites Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (CST), la Société des Auxiliaires des Missions (SAM) et celle des Auxiliaires Féminines Internationales (AFI).
Le deuxième colloque a été organisé le 10 décembre dernier par le Centre de recherche Vincent Lebbe de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et a rassemblé quelque 80 auditeurs dans la grandes salle du sénat des halles de l’université, pour écouter une série de conférences à orientation nettement plus théologique et pastorale : une solide description du contexte ecclésial dans lequel a mûri la vocation missionnaire de Vincent Lebbe par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège ; deux réflexions sur l’actualité du missionnaire belge dans le contexte ecclésial chinois contemporain par Olivier Lardinois (faculté de théologie de Fujen) et Jean-Pierre Wieger (centre de recherche en études chinoise de Pékin) ; enfin une présentation de l’ecclésiologie du Père Lebbe et de sa missiologie, respectivement présentée par Joseph Framerée et Henri Deroitte (tous les deux de la faculté de théologie de l’UCL).
Les deux colloques ont permis de tracer quelques conclusions ouvrant de nouveaux horizons pour de futures recherches : la pensée et l’action de Vincent Lebbe constituent une excellente antidote contre une récurrente tentation de l’Eglise catholique chinoise à se renfermer sur elle-même ; l’œuvre du missionnaire belge s’avère a bien des niveau un excellent exemple d’inculturation de la foi et de promotion de la justice au service d’une population locale en crise : à l’époque la Chine humiliée de l’entre-deux guerre ; bien des aspects encore trop méconnus de l’héritage du Père Lebbe méritent une redécouverte : son lien avec l’action catholique internationale de la première partie du XXe siècle, sa contribution au développement des médias chinois, l’originalité des constitutions des deux congrégations religieuses autochtones qu’il a fondées, la spiritualité apostolique et la remarquable pédagogie qui se dégage de son abondant courrier, etc.
Les actes du colloques feront prochainement l’objet d’une publication bilingue française-chinoise sous la direction des professeurs Arnaud Join-Lambert, Isabelle Parmentier, Paul Servais, Eric de Payen et Shen Chung-heng.
(eda/ra avec le P. Olivier Lardinois, SJ)