Eglises d'Asie

Les évêques indiens demandent l’ouverture du procès en béatification des martyrs du Kandhamal

Publié le 06/01/2016




« De nombreux prêtres, religieux et laïques ont demandé qu’un mémorial soit construit en mémoire des martyrs du Kandhamal et nous prions pour que les choses avancent vite », a déclaré, le 1er janvier dernier, Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, en Orissa, à l’agence d’information …

Matters India.

 

Le mémorial devrait prendre place au Centre pastoral Divya Jyoti (‘Lumière divine’) à K Nuagam (K Nuagaon), dans le district de Kandhamal, épicentre des attaques d’août 2008 qui avait fait plus d’une centaine de morts, près de 55 000 déplacés et détruit des milliers de maisons, lieux de culte et institutions. C’est notamment dans ce centre qu’en août 2008, un groupe d’une cinquantaine d’hindouistes avaient attaqué le prêtre responsable du centre et une religieuse. La religieuse et le prêtre avaient été frappés, puis déshabillés par leurs agresseurs qui les avaient forcés à parader nus dans le village. Après avoir envisagé de brûler vifs les deux chrétiens, les extrémistes hindous avaient préféré les torturer et violer la religieuse. Les victimes et les témoins ont rapporté que la police, présente pendant les faits, « n’avait pas bougé », malgré les supplications de Sr Meena et du P. Chellan de leur venir en aide.

Pour Mgr Oswald Gracias, cardinal archevêque de Bombay et président de la Conférence épiscopale catholique indienne, l’Eglise catholique en Inde doit « s’occuper d’engager la procédure d’ouverture du procès en béatification de tous ceux qui ont été tués comme martyrs dans ces violences antichrétiennes ». A l’agence Matters India, il a précisé qu’il avait « abordé le sujet avec le préfet de la Congrégation pour les causes des saints » à Rome et qu’il était « prêt à parler personnellement au pape François des violences du Kandhamal et de ses martyrs » (1).

« L’Eglise est sensible aux martyrs des temps modernes qui pourraient être déclarés saints. Le rôle de témoin du martyr est un point fondamental pendant la procédure. C’est un travail très fastidieux qui nécessite une enquête approfondie, et les faits sont encore récents », a précisé l’archevêque de Bombay.

Durant le National Eucharistic Congress of India, organisé à Bombay du 12 au 15 novembre 2015, Mgr Gracias avait été très ému par le témoignage d’une des victimes des violences de 2008 qui avait assisté, impuissante, au martyre de son mari. Le 27 août 2008, Kanak Rekha Nayak et sa famille se sont fait chasser de leur maison par une foule en colère. Alors qu’elle avait réussi à se cacher avec ses deux jeunes enfants, la foule a attrapé son mari, Parikhit. Les extrémistes hindous lui ont demandé de renoncer à sa foi chrétienne et de devenir hindou. Il a refusé. De leur cachette, Kanak et ses enfants ont alors assisté au lynchage de son mari, poignardé à mort, avant d’être découpé en morceaux, et ses restes humains brûlés. Sept ans plus tard, Nayak qui a aujourd’hui une trentaine d’années, en tremble encore. « Est-ce que nos maris sont susceptibles d’être déclarés saints ? », a-t-elle interrogé l’assemblée au Congrès eucharistique. «’Oui, ils le sont’, a alors répondu d’une seule voix l’assemblée », rapporte Mgr Oswald Gracias.

La première étape dans le lancement de la procédure d’ouverture du procès en béatification revient à l’initiative de l’évêque du lieu des attaques, à savoir Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar. Ce dernier a demandé à la Conférence épiscopale indienne (CBCI), dont Mgr Gracias est le président, de mettre la cause des martyrs du Kandhamal, à l’ordre du jour de la prochaine assemblée plénière, qui se tiendra du 2 au 9 mars 2016, afin que le dossier soit prioritaire et que des victimes puissent venir s’exprimer devant la CBCI. Le dossier de la cause de béatification des martyrs du Khandamal pourrait alors être suivi conjointement par la Conférence épiscopale de l’Orissa et par la CBCI.

D’après Matters India, Mgr John Barwa souhaite également qu’un jour national des martyrs du Kandhamal soit décrété. Ce pourrait être le jour du lancement officiel de l’ouverture du procès en béatification.

(eda/nfb)