Eglises d'Asie – Indonésie
Timor occidental : solidaires des populations locales, des responsables religieux manifestent contre un projet minier
Publié le 01/02/2016
… sur lesquels se trouvent six villages.
La veille, une autre manifestation, encadrée par la police locale, avait également été organisée pour les mêmes raisons sur le site minier de la société indonésienne Soe Makmur Resources, situé dans le village de Supul, dont la vie quotidienne et l’environnement sont gravement affectés par les opérations minières.
« La présence de cette compagnie minière menace les ressources des populations locales », a déploré le P. Yohanes Kristoforus Tara, franciscain, à l’agence Ucanews, le 28 janvier dernier. « L’exploitation minière de manganèse a asséché de nombreuses sources. Près de 6 000 hectares de rizières, dans le village d’Oebelo, risquent d’être touchés à leur tour. »
Dans cette province très majoritairement chrétienne (1), le prêtre catholique, très inspiré par l’encyclique du pape François Laudato Si’ sur la sauvegarde de la création, explique qu’il soutient les villageois et « se bat pour faire valoir les droits des plus faibles et pour protéger l’environnement ». « Les déchets produits par l’exploitation minière menacent la santé des autochtones, certains villageois souffrent déjà d’irritations cutanées, du fait de la pollution des cours d’eau », précise-t-il.
Pour le pasteur Yos Manu, de l’Eglise évangélique du Timor, l’exploitation minière a eu d’importantes répercussions sociales, ces dernières années, en semant le trouble et la division au sein des populations locales. « En plus de son impact écologique, l’exploitation minière a également affecté ma communauté : à présent, il y a les pro-miniers et les anti-miniers, mais je continue à me battre contre cette firme », explique-t-il d’un ton déterminé.
Soleman Nesimnasi, villageois de Supul, a perdu quatre hectares du fait de la concession accordée à la compagnie Soe Makmur Resources en 2008. « Je n’ai jamais été informé que le permis accordé à la société minière se trouvait sur mes parcelles de terre. Puis, peu après avoir obtenu le permis d’exploitation, ils sont venus saisir mes terres », a-t-il expliqué à l’agence Ucanews.
Après quatre longues années de procédures judiciaires, Soleman Nesimnasi a obtenu gain de cause d’un point de vue juridique, puisque la cour a statué que la compagnie minière devait restituer les terres au propriétaire d’origine. Néanmoins, en pratique, c’est la société minière qui a eu le dernier mot. « L’année dernière, des représentants de la société, accompagnés de soldats, sont venus me trouver pour me dire que je n’avais pas le droit d’utiliser mes terres et ils m’ont forcé à accepter une compensation de 100 000 roupies par hectare de terre (soit 6,70 euros par hectare). »
Pour Yustinus Darma, militant de l’ONG Indonesian Forum for Environment (WALHI – Friends of the Earth Indonesia), présent lors des manifestations, il est courant que les sociétés minières, lorsqu’elles ont affaire à des villageois récalcitrants, se servent du pouvoir de la police ou de l’armée pour arriver à leurs fins. « Ils utilisent alors des méthodes de menaces et d’intimidations pour faire pression et les faire céder. »
Ce n’est pas la première fois que la province de Nusa Tenggara Est est touchée par l’exploitation minière intensive. Depuis plusieurs années déjà, sur l’île de Florès et les autres petites îles de la Sonde, les Eglises chrétiennes soutiennent les différentes populations locales dans leur combat contre l’exploitation minière intensive qui détruit leur environnement naturel et met en péril leur survie.
Fin 2015, en Papouasie-Occidentale, région également très riche en minerais où les populations autochtones, principalement les Papous, sont spoliées de leurs terres et voient leur vie régulièrement menacée, des responsables chrétiens ont pris partie en leur faveur, en demandant publiquement la fin des exactions commises à leur encontre.
(eda/nfb)