Eglises d'Asie – Pakistan
Vers l’ouverture d’une enquête en vue de la béatification de Shahbaz Bhatti
Publié le 02/03/2016
… afin d’ouvrir une enquête diocésaine.
« C’était un bon chrétien, catholique, un homme bon, honnête, qui cherchait à faire quelque chose pour créer des rapports entre les musulmans et les non-musulmans. Et œuvrer à l’édification d’une société multi-religieuse. Pour nous, c’est un modèle. Il était porteur d’une vision pour un Pakistan qui soit une société de paix et d’harmonie », a déclaré le 29 février à Radio Vatican Mgr Joseph Coutts, archevêque de Karachi et président de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, en visite en Italie. Selon lui, Shahbaz Bhatti est « devenu un modèle pour toute la communauté chrétienne du Pakistan ».
Accomplir sa mission jusqu’au bout
Interrogé par l’agence Fides, le 29 février, Mgr Coutts a précisé que le ministre catholique « avait toujours parlé avec foi et faisait preuve de courage. Il a fait en sorte que la voix des chrétiens soit écoutée dans le pays. Il nous a montré la route. Il était un bon catholique et il a donné sa vie pour sa mission. Il a été tué en tant que chrétien et, même si bon nombre de personnes lui suggéraient de quitter le pays parce qu’il était menacé, il a voulu rester au Pakistan et accomplir jusqu’au bout sa mission ». Toujours selon Mgr Coutts, il appartenait à « l’évêque d’Islamabad, lieu où il a été martyrisé, d’ouvrir une enquête canonique en vue du procès diocésain qui peut le proclamer martyr ». « J’y suis favorable », a souligné le président de la Conférence épiscopale du Pakistan.
Selon le P. John Williams, de la Commission ‘Justice et Paix’ de l’archidiocèse d’Islamabad, les conditions à l’ouverture de cette enquête sont favorables. « L’actuel évêque d’Islamabad, Mgr Rufin Anthony, est né dans le même village que Shahbaz Bhatti et il connaît bien les lieux, la famille et la communauté locale. Il existe donc toutes les circonstances favorables pour mener une enquête soigneuse dont nous espérons qu’elle pourra avoir une issue positive. Toute la communauté catholique au Pakistan l’espère. Le souvenir de Shahbaz Bhatti est encore vif et, ces jours-ci, se dérouleront de nombreuses commémorations », a-t-il indiqué le 1er mars.
Le 2 mars 2016, dans différentes églises du Pakistan, comme celles d’Islamabad, de Rawalpindi, de Lahore, de Khushpur et de Sargodha, des temps de prière ont été organisés en hommage au catholique assassiné. La presse pakistanaise a également publié de nombreux articles sur l’œuvre du ministre catholique, tué pour avoir pris partie contre la loi anti-blasphème.
Un laïc consacré, un martyr de la foi
Selon le témoignage écrit de Mgr Anthony Lobo, considéré comme le père spirituel de Shahbaz Bhatti et décédé en 2013 après avoir été évêque d’Islamabad durant 17 ans, la vie et les engagements de Shahbaz Bhatti étaient profondément influencés par la vie du Christ. « En voyant ses dons en termes de leadership et sa bonne volonté vis-à-vis de l’Eglise du Pakistan, j’ai encouragé ses études et son entrée en politique. Il n’était pas intéressé par le fait d’être acteur dans le monde politique, mais il a accepté afin de protéger les chrétiens et les autres minorités. Il a vécu une vie engagée et avait décidé de ne pas se marier. Il était célibataire. Il ne possédait rien et a exercé son ministère comme une manière de servir. Je crois que Clement Shahbaz Bhatti est un laïc consacré, martyr de la foi », peut-on lire dans ce témoignage dont l’agence Fides a eu connaissance (1).
Le cinquième anniversaire de sa mort coïncide également avec un autre événement, celui des obsèques de Mumtaz Qadri, exécuté par pendaison le 29 février, pour l’assassinat de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, lui aussi assassiné comme Shahbaz Bhatti, pour sa défense des minorités religieuses en 2011, le soutien témoigné à Asia Bibi et la remise en cause des lois anti-blasphème.
La pendaison de Mumtaz Qadri, alors qu’il était un des prisonniers les plus admirés par les islamistes radicaux du Pakistan, a d’ailleurs provoqué de nombreuses manifestations dans le pays. Maulana Fazlur Rehman a affirmé que le parti religieux qu’il dirige, le Jamiat Ulema-i-Islam (Fazl) (JUI-F), pourrait facilement renverser le gouvernement. Fazlur Rehman est fermement opposé à toute remise en cause des lois anti-blasphème.
(eda/nfb)