Eglises d'Asie

P. Zhang Shijiang : « Nous devons encore plus accompagner le pape, lui obéir et le soutenir »

Publié le 03/03/2016




Un mois après la publication d’une interview inédite du pape François au sujet de la Chine, l’impact de ce texte continue de se faire sentir. Mais, de l’intérieur de l’Eglise de Chine, rares ont été les voix à s’exprimer pour commenter les propos du pape. Celle que nous vous proposons ci-dessous n’en a que plus de poids.

De passage en Europe durant le mois dernier, le P. Jean-Baptiste Zhang Shijiang était en France pour y rencontrer d’anciennes congrégations religieuses et de nouvelles communautés catholiques afin d’y trouver des sources d’inspiration pour l’action qu’il déploie en Chine. Prêtre du diocèse de Xingtai, dans le Hebei, le P. Zhang, âgé de 52 ans, est une personnalité importante de l’Eglise en Chine. Très actif, agissant au sein des structures « officielles » de l’Eglise, il a lancé dès 1991 un journal catholique, Xinde (‘La Foi’), qui est devenu au fil des années la principale publication catholique du pays, doublée d’une dynamique maison d’éditions ; en 1997, il a poursuivi avec la création de Beifang Jinde ou Jinde Charities, qui est devenue la plus importante ONG catholique du pays. Soucieux de faire connaître la foi catholique à ses concitoyens, il a également fondé l’« Institut La Foi pour les études culturelles », qui organise à Shijiazhuang, capitale du Hebei, des colloques et des rencontres académiques.

Recueillis à Paris, les propos du P. Zhang Shijiang ont été traduits en français par le P. Jean Charbonnier, MEP.


Eglises d’Asie : Juste avant le Nouvel An lunaire, le pape François a donné une interview publiée en anglais sur une publication en ligne à Hongkong. Comment avez-vous réagi à cet événement ?

P. Zhang Shijiang : D’abord, je veux dire au pape François : « Nous vous remercions sincèrement. »
Ensuite, je veux dire à l’Eglise universelle, y compris l’Eglise de France : « Joignons nos mains pour soutenir le pape François. » Troisièmement, d’un point de vue personnel, en même temps qu’une multitude d’amis, nous apprécions l’ouverture et la sincérité du pape François. Par exemple, sa façon si naturelle de révéler son amour, depuis son jeune âge, de la Chine et de la culture chinoise, son respect pour la civilisation chinoise et pour le peuple chinois. Face à l’émergence actuelle de la Chine, face à l’inquiétude internationale que celle-ci soulève, il appelle à grand cri et avec un souffle prophétique la communauté internationale à ne pas avoir peur de la Chine. Plus spécialement au moment du Nouvel An lunaire, avec son style si direct et son attitude si sincère, il a souhaité une heureuse année au président Xi Jinping et au peuple chinois, et il a exprimé son amour et son attachement aux dirigeants et aux fidèles de l’Eglise en Chine. C’est vraiment extraordinaire ! Je pense que c’est le plus beau cadeau que le pape François en 2016 ait offert à notre patrie, à notre Eglise et au milliard trois cent millions de nos concitoyens.

L’amitié du pape pour la Chine peut-elle ne pas être marquée du sceau de l’Esprit-Saint et de son action ? Si l’initiative du pape est bien inspirée par le Saint Esprit, nous devons encore plus accompagner le pape, lui obéir et le soutenir.

Je le crois, cette bénédiction papale vient du Seigneur Jésus. Nous devons nous mettre à l’école du pape François qui a le grand cœur de Jésus.

Qu’attendez-vous des pourparlers qui ont lieu entre le gouvernement chinois et le Saint-Siège ? Estimez-vous possible une visite du pape en Chine ?

Depuis son élection, le pape François ne cesse de bénir la Chine et le peuple chinois, de comprendre et de respecter la Chine, d’espérer rencontrer le grand peuple chinois. Le pape François est extrêmement sincère, direct et franc. Il ne déguise ni ne cache jamais son réel sentiment envers la Chine. Ceci nous touche beaucoup et lui a amplement gagné la faveur et les louanges de la part du peuple et de la société chinoise. Je pense que la visite du pape en Chine n’est qu’une question de temps. A cette fin, nous prions et espérons sincèrement que le pape François puisse prochainement atteindre cette Chine qu’il a si souvent bénie.

(eda/ra)