Eglises d'Asie

Le point sur la situation politique et sociale du 18 janvier au 5 mars 2016

Publié le 10/03/2016




Politique intérieureLe Premier ministre continue inexorablement sa reconquête du pouvoir.* Le 17 janvier, Kem Sokha, chef-adjoint du PNSC (Parti du Salut National du Cambodge, opposition) déclare que son parti évitera désormais de répondre aux attaques dont il est l’objet de la part du PPC …

… (Parti du Peuple Cambodgien, au pouvoir depuis 1979). Les oppositions frontales n’ont provoqué que des arrestations des membres de son parti.

* Le 1er mars, les medias au service du gouvernement diffusent des clips-audio qui rapportent une conversation scabreuse d’un homme avec sa maîtresse. Ils affirment qu’il s’agit de Kem Sokha dont la voix ressemble à celle de l’homme en question. Kem Sokha ne répond pas à cette diffamation grotesque, semblable à celle dont il a été victime durant la campagne de 2013. Mme Thy Sovantha, qui est mise en cause dans un des clips porte plainte pour diffamation (Cambodia Daily du 04.03.16).

* Depuis plusieurs mois, le gouvernement applique le programme de réformes du programme électoral du PSNC, son rival : augmentation des salaires, suppression des péages, de la vignette moto, etc. Kem Sokha se félicite de la pression exercée par l’opposition qui a porté du fruit, ce que nie catégoriquement le Premier ministre (CD du 29.02.16).

* En septembre dernier, le Premier ministre Hun Sen a découvert les merveilles de Facebook qui a permis au PSNC de gagner les élections de 2013. Désormais, il dépasse Sam Rainsy pour le nombre de « like » (2 108 800 contre 2 094 800). Les ambassadeurs sont invités à consulter la page Facebook du Premier ministre (CD du 01.02.16). Le 8 février, le Premier ministre donne des directives à chaque ministère pour former des groupes de travail afin de traiter rapidement les cas qui leur seront soumis par Facebook. Il félicite, par exemple, le ministre de la Santé qui lui a soumis une plainte sur le coût de l’examen d’entrée en faculté de médecine : il l’a immédiatement réduit de 125 à 25 dollars (CD du 09.02.16). Le 1er mars, il encourage les citoyens à faire part de leurs doléances en matière de corruption directement sur Facebook, en y joignant des pièces à conviction. Tansparency International fait remarquer qu’à long terme, une réforme des institutions serait préférable à cette démocratie en direct (CD du 02.03.16).

* Le 3 février, le général Nhiek Bun Chhay rompt avec le prince Ranariddh pour former un nouveau parti royaliste le « Parti National Khmer Uni ». Le Prince exige cependant que Nhiek Bun Chhay change le logo de son parti qui ressemble par trop à celui du Funcinpec. Nhiek Bun Chhay réclame les 21 des 25 bureaux provinciaux comme sa propriété personnelle ou celle des membres du Funcinpec qui l’ont rejoint (CD du 27.02.16). Déjà huit petits partis sont en lice pour les élections de 2018 : ce seront autant de voix dont sera privé le PSNC.

* Khen Vesna, qui a fondé le Parti de la jeunesse, est de plus en plus populaire parmi les jeunes. Il s’attaque à toutes les religions, y compris le bouddhisme, comme source de l’obscurantisme. Son influence devient de plus en plus profonde sur le plan de la culture.

Politique extérieure

* Le 26 janvier, John Kerry, secrétaire d’Etat américain, rencontre le Premier ministre Hun Sen à Phnom Penh pour renforcer la coopération bilatérale et économique entre les deux pays. Apparemment, aucune mention n’est faite sur les violations des droits de l’homme au Cambodge comme par le passé. Les considérations géostratégiques du conflit larvé entre les Etats-Unis et la Chine font passer la question des droits de l’homme au second plan. C’est également dans cette perspective qu’il faut comprendre l’invitation du président Obama de rencontrer les chefs d’Etat de l’ASEAN à Sunnyland en Californie, les 15-16 février prochain.

* Hun Sen menace le PNSC de rétorsion si des manifestations ont lieu contre lui à Sunnyland, comme il y en a eu lors de sa visite à Paris, le 26 octobre 2015, qui ont été suivies par l’agression de deux députés de l’opposition à Phnom Penh. Le PNSC avait pourtant nié toute participation à ces éventuelles manifestations. Le 11 février, un groupe de sept sénateurs démocrates américains écrivent une lettre à Hun Sen pour déplorer les violations des droits de l’homme au Cambodge, notamment l’attaque contre de ces deux députés de l’opposition. « J’ai ordonné que l’on remette la lettre dans l’enveloppe et de la renvoyer à ses expéditeurs », affirme Hun Sen. Les 15-16 février, environ 1 500 Cambodgiens des Etats-Unis et du Canada manifestent contre Hun Sen à Sunnyland. Le gouvernement cambodgien estime à seulement 950 le nombre des manifestants. Aucune réaction ne se produit à Phnom Penh (CD du 17.02.16).

Economie

* La valeur des exportations de 2015 a cru de 17 % par rapport à 2014, pour atteindre 8,03 milliards de dollars. Le secteur de l’industrie de confection n’a cru que de 7 %, mais représente presque 70 % de la valeur totale des exportations ; celui des chaussures a augmenté de 22 %, et celui du riz de 43 %. L’Union européenne reste la plus importante destination des produits cambodgiens, avec plus de 40 % (CD du 04.02.16).

* Selon le ministère de l’Agriculture, le volume des exportations de caoutchouc sec a augmenté de 24,4 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 124 614 tonnes, mais sa valeur a baissé de 2,5 % (150 millions). Le prix moyen de la tonne de caoutchouc sec s’est situé en moyenne de 1 207 dollars, soit 21,6 % de moins qu’en 2014. 389 274 hectares d’hévéas sont en production (CD du 28.01.16).

* En 2015, la valeur des exportations de bois du Cambodge au Vietnam a augmenté de 50 % en valeur (386 millions de dollars), celle des exportations en provenance du Laos vers le Vietnam a chuté de 40 % (360 millions). La plus grande partie de ce bois est revendue en Chine.

* Les revenus du secteur minier ont plus que quadruplé en 2015, pour se situer à 17,25 millions de dollars. Cette augmentation est due à des mesures plus strictes de recouvrement des taxes. L’exploitation de pétrole et du gaz se situe respectivement à 8,85 et 8,4 millions. C’est la première fois que ces revenus sont comptabilisés (CD du 29.01.16).

* Le prix du manioc a chuté de 680 à 525 riels le kilo, par suite de la baisse des prix du pétrole, car la Chine préfère acheter du pétrole brut que de produire de l’éthanol à partir du manioc comme carburant. 450 000 paysans cambodgiens sont affectés par cette baisse (CD du 10.02.16). D’une manière générale, tous les prix agricoles ont chuté en 2015.

* Le Cambodge a exporté environ un million de bicyclettes en Europe durant les 8 premiers mois de 2015, soit un accroissement de 16 % par rapport à l’année précédente (CD du 03.03.16).

* Le 18 février, l’Union européenne classe le poivre de Kampot comme le 20ème produit d’Indication Géographique Protégée (IGP). Le sol de 25 hectares de la région de Kampot, riche en minerais, donne au poivre un arôme particulier. La production de 2015 s’est située à 120 tonnes, soit le double de celle de l’année précédente, dont 40 ont été exportées. Cependant, 200 tonnes de faux poivre de Kampot se trouvent sur le marché européen (CD du 04.03.16).

Dons et investissements

* Une société indonésienne passe un contrat de 50 millions de dollars pour la fourniture de 100 000 uniformes pour la police et l’armée. Cette société fournit déjà des uniformes à 30 pays : elle construira une usine au Cambodge à la fin de l’année, qui embauchera 400 personnes. C’était la Chine qui jusqu’à présent fournissait ces uniformes (CD du 22.02.16).

* Le ministre de l’Intérieur commande 200 camions de pompiers à la Chine, qui s’ajouteront aux 210 déjà en service.

* Le 2 mars, le gouvernement signe un contrat de 69,7 millions de dollars, courant sur 25 ans, avec une société chinoise pour l’immersion de 25 000km de fibres optiques qui le relieront à l’Asie-Afrique-Europe à partir de Sihanoukville. Ce réseau devrait être opérationnel dès 2017 et rendre internet plus rapide et moins cher, sans devoir passer par la Thaïlande ou le Vietnam. La même société chinoise a déjà placé 10 248 km de fibres optiques dans les 25 provinces cambodgiennes qui peuvent desservir 300 000 foyers. 6,7 millions de Cambodgiens utilisent déjà internet, soit plus de 40 % de la population (CD du 03.03.16).

* Le 15 janvier le service provincial des mines et de l’énergie de Siemréap suspend provisoirement les activités d’une mine de cuivre chinoise qui a transporté 40 tonnes de ce minerai avec une licence périmée depuis plus d’un an (CD du 18.02.16).

Société

Mouvements sociaux

On ne peu que signaler la longue liste, non exhaustive, de conflits sociaux. Durant les deux derniers mois, on assiste au phénomène nouveau des contre-manifestations organisées par le patronat, avec le soutien de la police. Le système judiciaire tranche presque toujours honteusement en faveur des contre-manifestants.

* Le 28 janvier, un directeur d’une société de production de sucre indo-vietnamienne est arrêté pour n’avoir par payé les 31 000 dollars de salaires à ses employés. Ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produit. Cette société produit 3 500 tonnes de sucre et 30 000 litres d’éthanol par an, et a investi 90,7 millions de dollars (CD du 29.01.16).

* Le 1er février, 600 employés de l’usine Star Light, située dans la zone d’économie spéciale 7NG de Ksach Kandal, tentent de monter dans des camions pour aller manifester à Phnom Penh, contre le licenciement de huit responsables syndicaux. Ils sont attaqués par une dizaine de gardes en uniforme et par une trentaine de voyous recrutés pour l’occasion, armés de barres de fer et de couteaux de boucher. Huit employés sont blessés, une voiture et deux motos d’employés sont endommagées. Les sociétés Timberland, Giorgio Armani et North Face pour lesquelles travaille Star Light enquêtent sur cette attaque. Une réunion entre toutes les parties aboutit à un accord sur 15 points, les responsables syndicaux seront réembauchés (CD du 04.02.16).

* Le 2 février, une dizaine de policiers en civil arrêtent deux syndicalistes du FTU (Free Trade Union), pour incitation à la violence, alors qu’ils manifestaient avec 30 employés, hors de l’usine, comme chaque matin, depuis le 4 janvier, contre la direction de Cerie Garment, qui refusait d’appliquer la décision non-contraignante de réembaucher trois syndicalistes licenciés.

* Le 6 février, un groupe de 50 chauffeurs de tuk-tuk portant des casques de moto et armés de bâtons, de marteaux et de barres de fer s’en prennent à une quarantaine de chauffeurs de bus de la société Capitol qui protestaient pacifiquement depuis des mois contre la direction de la société qui les avaient illégalement licenciés. La police ne fait rien pour stopper l’échauffourée et s’est parfois jointe aux attaquants. Un des chauffeurs de tuk-tuk affirme avoir été payé pour attaquer les grévistes. Deux chauffeurs de bus sont incarcérés, quatre responsables syndicaux nationaux sont accusés d’incitation à la violence, mais aucun des attaquants n’est inquiété, en dépit des vidéos les montrant clairement à l’œuvre. Le 23 février, environ 500 personnes manifestent devant la prison de Prey Sâr pour demander la libération des deux incarcérés. Ils crient : « C’est injuste ! Arrêter les coupables, non les victimes ! » (CD du 2.02.16).

* La situation des femmes employées dans les usines est assez pitoyable, notamment pour celles qui sont enceintes : manque d’hygiène, position debout prolongée, etc. Il y a seulement 25 femmes responsables de syndicats en 47 usines pour les représenter, alors que l’on compte 132 hommes (CD du 18.02.16).

Expulsions-Concessions

* Le 19 janvier, environ 150 personnes appartenant à quatre villages, manifestent devant la préfecture de Serey Sophoarn, pour tenter de retrouver leurs droits sur 1 432 hectares vendus en 2010 et dont les villageois affirment en être les propriétaires (CD du 20.02.16).

* Le long et tragique feuilleton de Borey Keila se termine le 21 janvier : 35 familles acceptent un appartement dans les buildings construits par la Phamimex ; 39 familles reçoivent 5 000 dollars, 16 reçoivent 3 000 dollars et quatre acceptent un petit terrain à 40 km de la capitale ; 23 reçoivent 2 000 dollars. C’est une injustice manifeste de la part de la Phamimex qui avait promis de construire dix bâtiments dont deux pour reloger les anciens résidents de Borey Keila en échange de leur terrain, mais qui de fait, n’en a construit que huit (CD du 22.02.16).

* En juin, l’Allemagne suspendra sa coopération de vingt ans avec le ministère de l’Occupation du territoire cambodgien, « dans l’impossibilité de trouver un accord sur des questions essentielles ». L’Allemagne a dépensé plus de 27 millions de dollars depuis 2005 pour aider le gouvernement dans l’attribution de titre de propriété aux villageois et aux communautés ethniques. La Licadho voit dans ce retrait un message politique fort à l’égard du gouvernement (CD du 04.02.16).

* Le 25 février, le Premier ministre annonce que, suite à une étude gouvernementale sur les concessions économiques, 1 090 000 hectares seront récupérés pour des investissements, et que près d’un autre million seront distribués aux familles pauvres. Par le passé, ces concessions ont été la cause principale de la déforestation et de l’expulsion des paysans de leurs terres. Le Premier ministre a théoriquement gelé l’octroi des concessions en 2012. Le même jour, le ministre de l’Environnement annonce que 23 des 113 concessions accordées par son ministère seront retirées, et que quatre autres ont volontairement redonné leurs terres à l’Etat. Ainsi, il peut récupérer 127 000 hectares. Pour sa part, le ministère de l’Agriculture recouvre 50 000 hectares sur les huit concessions qu’il a accordées. On est donc loin du million d’hectares promis par le Premier ministre. Les organisations de défense des Droits de l’homme demeurent sceptiques sur cette annonce.

* Le 2 mars, la mairie de Phnom Penh annonce la privatisation de 289 hectares de terrain public de Chruy Changvar, au nord du pont japonais, pour les céder à la Société d’Investissement des Cambodgiens de l’Etranger (OCIC) qui développe déjà des projets sur 387 hectares, valant 3 milliards de dollars, qui jouxte ce terrain. On ignore le prix de la transaction. En janvier, l’OCIC proposait un dédommagement de 15 dollars le m² aux villageois expulsés, alors que ces derniers estimaient la valeur de ce terrain à 400 dollars le m² (CD du 04.03.16).

Déforestation

* Durant le Conseil des ministres du 15 janvier 2016, le Premier ministre nomme le général Sao Sokha, commandant de la police militaire nationale, comme chef d’une Autorité en charge de la répression du trafic illicite du bois. Ce général est suspecté par beaucoup d’ONG, notamment par Global Witness (rapports de 2004 et 2007), d’être impliqué profondément, lui aussi, dans ce trafic.

* Dès le 17 janvier, le porte-parole du Conseil accuse nommément deux Okhnas (titre honorifique de personnes ayant fait un don de plus de 100 000 dollars au gouvernement), Lim Bunna et Soeung Sam Ol, d’être impliqués dans ces trafics. Des raids sont conduits dans les entrepôts des deux personnalités et ont découvre d’importants stocks de bois précieux (CD du 18.02.16). Le 20 janvier, les entrepôts de Try Phéap et de Kith Meng, deux autres magnats du Cambodge, suspectés eux aussi de déforestation massive par les ONG, sont visités par l’Autorité, dans la province de Stoeung Treng. Try Phéap a été officiellement chargé en 2014 de vendre le bois saisi à des contrebandiers au profit de par l’Etat (CD du 21.02.16).

* Les deux magnats Try Phéap et Lim Bunna reçoivent deux concessions confisquées à deux sociétés qui n’avaient pas rempli leur contrat, situées dans le sanctuaire de vie sauvage de Phnom Prich (Mondolkiri). Cette attribution est en contradiction avec le moratoire du Premier ministre de 2012 de ne pas accorder de nouvelles concessions (CD du 19.02.16).

* A la fin janvier, 1 909 pièces de bois sont incendiées dans la plantation Binh Phuoc 1, sans que l’on connaisse les raisons ni les auteurs. Au moins 4 stocks de bois précieux brûleront le mois suivant, sans doute pour cacher toute pièce à conviction. Officiellement, on affirme que des incendies sont habituelles durant la saison sèche, mais curieusement, il n’y en avait eu aucune jusqu’au début de l’opération menée par le gouvernement.

* 4 384 pièces de bois précieux sont découvertes dans la plantation Binh Phuoc 1. Le 18 janvier, près de O Réang Euv, dans la province de Tbaung Khmum, on découvre 84 billes de bois ; le 5 février, 49 autres sont découvertes près d’une scierie d’un certain okhna thaïlandais (CD du 10.02.16).

* Du 1er au 6 février, 44 militants de défense des forêts se rendent en inspection dans la forêt de Prey Long et découvrent 75 m3 de bois de première et seconde qualité, 159 arbres abattus, et 283 hectares déforestés. Ils s’emparent de 19 tronçonneuses… que les autorités rendent à leurs propriétaires (CD du 09.02.16).

* Le 25 février, excédé par les critiques d’inefficacité, le Premier ministre, qui a mis de gros moyens à la disposition de l’autorité de répression (hélicoptères armés), autorise la police militaire à tirer des roquettes sur les trafiquants de bois (CD du 26.02.16).

Santé

* Le 27 janvier, le gouvernement lance une opération de 142 millions de dollars pour l’élimination totale du paludisme d’ici 2020. En 2015, le paludisme falsiparum a causé la mort de dix personnes (zéro en 2014) et infecté 51 000 personnes (25 000 en 2014). Global Fund continue à aider le Cambodge en dépit du détournement de plus de 300 000 dollars non élucidé (CD du 28.02.16).

* Un cas de rougeole est constaté le 25 janvier, trois mois après que le ministère de la Santé ait proclamé l’éradication totale de la maladie, grâce aux vaccinations (CD du 28.02.16).

* Le trafic de drogue a doublé par rapport à 2014 : on signale l’arrestation de 1 260 personnes dans 463 affaires. Par contre le nombre des crimes a baissé pour atteindre 765 (844 en 2014) (CD du 29.01.16). Selon le service compétent de l’ONU, 75 000 Cambodgiens consommeraient de la drogue. Le nombre de drogués placés en centre de détention ou de traitement s’est élevé à 16 574 (11 069 en 2014) (CD du 02.02.16).

* En 2015, les mines et autres explosifs ont tué 18 personnes et en ont blessé 93 autres, soit une diminution de près d’un tiers par rapport à l’année précédente. Le CMAC a déminé 46 km² en 2015 dans la province de Battambang qui reste la plus polluée (CD du 01.02.16).

Education

* Selon le CDRI (Cambodian Development Ressource Institute), en 2014, plus de 70 % des diplômés l’étaient en finances, commerce, langues étrangères, art libéraux, et moins de 20 % l’étaient en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, ce qui handicape sérieusement l’avenir du pays dans la perspective de l’entrée progressive du Cambodge dans l’économie de l’ASEAN. Le ministre de l’Education tente de renverser la tendance (CD du 28.01.16).

* Le 11 février, le Premier ministre affirme son projet de construire une université ou une annexe, dans chacune des 24 provinces du pays. Déjà sept provinces en sont dotées (CD du 10.02.16).

* Le 1er mars, le gouvernement lance son plan d’écoles bilingues pour les minorités ethniques. Des ONG ont lancé six écoles pilotes en 2002, et en dirigent actuellement 88. L’Education nationale en dirige déjà une trentaine, sans fonds des ONG, et autres 34 seront créées avant la fin mars (CD du 02.03.16).

Droits de l’homme

* Le 18 janvier, six mois après s’être opposé officiellement au vote de la loi sur les ONG, le Parlement de l’Union européenne accorde neuf millions de dollars à onze ONG de défense des droits de l’homme au Cambodge (CD du 19.02.16).

* Le 14 janvier, un accord trilatéral est passé entre le Cambodge, le Laos et le Vietnam pour lutter contre le trafic d’êtres humains. En 2015, 87 réseaux de trafiquants ont été découverts sur la frontière khméro-vietnamienne. En 2015, plus de cent enfants cambodgiens envoyés au Vietnam pour mendier ont été rapatriés au Cambodge. Un nombre de femmes cambodgiennes et vietnamiennes de plus en plus nombreuses sont envoyées en Chine pour des mariages forcés, souvent avec la complicité des fonctionnaires des deux pays (CD du 18.02.16).

* Selon un rapport du ministère de l’Intérieur et un rapport de l’ONU, le nombre des trafics d’êtres humains a augmenté en 2015, en raison de la disparité économique de la région et du relâchement des contrôles frontaliers. La police relève 295 victimes en 2015, dont plus de la moitié pour exploitation sexuelle (CD du 26.02.16).

* Selon le ministère de l’Intérieur, en 2015 le nombre de viols a cru de 12 % par rapport à l’année précédente (253), mais le nombre de viols suivi d’assassinats a diminué de 6 à 4. Les films pornographiques diffusés sur smartphones et l’usage de drogues sont considérés comme les principales causes de cette explosion. Selon ADHOC, ces chiffres ne représentent qu’une fraction de la réalité, souvent masquée pour des motifs culturels. Quatre touristes françaises sont violées en Thaïlande par des pêcheurs khmers. Plusieurs étrangers sont accusés de pédophilie ; plusieurs moines, dont un de 68 ans, sont accusés de viols…

* Le 31 janvier, un voleur de moto de 37 ans est lynché par une soixantaine de villageois de la province de Kompong Speu. Le 19 février, la même scène se reproduit à l’égard d’un autre voleur de moto, dans la même province (CD du 22.02.16).

* La police nationale recrute 4 536 officiers, dont 30 à 40 % seront des femmes (CD du 12.02.16).

* Selon le rapport de l’Index démocratique, le Cambodge a perdu dix places, et se situe à la 113ème place sur 167 pays (CD du 27.02.16). Selon l’index de la corruption établi par Transparency International pour 2015, le Cambodge est considéré comme le plus corrompu de la région, avec 21 points sur 100, et au 150ème rang sur 167, soit une place avant la Birmanie, spécialement à cause de corruption du système judiciaire totalement au service des puissants (CD du 28.02.16).

Divers

* Un réfugié cambodgien aux Etats-Unis, devenu commandant de vaisseau américain et vice-directeur des opérations de la VIIème flotte, reconnaît avoir communiqué des secrets sur la défense missile-balistique américaine, entre 2011 en 2013, en échange de divers cadeaux (CD du 30.01.16).

Patrimoine

* Plusieurs statues ou fragments de statues sont rendues au Cambodge : le 16 janvier, une statue d’une divinité hindoue de Phnom Da (Takéo), après 130 ans passés au Musée Guimet de Paris ; le 24 février, un torse de Rama sans tête, ni bras ni jambe, de Koh Ker revient du musée de Denver. Déjà, six autres statues ont été récupérées durant les années dernières du New York Metropolitan Museum, de Sotherby’s, de Christie’s, du Norton Simon Museum et de Cleveland Museum (CD du 29.02.16).

Tensions en mer de Chine entre le Vietnam et la Chine

Depuis plusieurs décennies, les relations entre la République populaire de Chine et la République socialiste du Vietnam sont tendues à cause d’îlots en Mer de Chine.

Cette rivalité remonte à la guerre entre le Vietnam du Nord contre celui du Sud. En 1974, la marine du Sud-Vietnam attaque les forces chinoises qui prennent possession des îles Paracels. Pour Saigon, ces îles, autrefois propriété de la France, lui reviennent de droit. Mais la Chine ne reconnaît pas cette légitimité et riposte. A l’issue de la confrontation, les forces chinoises mettent en déroutent les forces du Sud-Vietnam et renforcent leur présence dans la région.

Depuis, les confrontations sont fréquentes entre les deux pays, des navires de pêche sont coulés, des ressortissants chinois malmenés… En 2012, « le groupe énergétique public chinois China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) ouvre à l’exploration des blocs pétroliers qui se situent dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) vietnamienne. Mais le litige s’envenime véritablement en mai 2014, lorsque la plateforme pétrolière offshore d’exploration chinoise Haiyang Shiyou 981 (HD-981) s’apprête à forer dans la ZEE vietnamienne illégalement ».

Le Vietnam se rapproche de l’Inde, du Japon, des Etats-Unis et des pays de l’ASEAN pour y trouver des soutiens diplomatiques et militaires. La Chine continue les provocations en renforçant sa présence sur les îles concernées (Paracels et Spratleys).

Au cours de l’année 2015, par exemple, la Chine a déployé un aéroport et du personnel civil, en plus du personnel militaire, sur les Spratleys. Dernièrement, le 17 février 2016, la Chine a déployé des batteries de missile « sol-air sur l’île de Yongxing, dans un secteur de mer de Chine du Sud revendiqué à la fois par Pékin, Taïwan et le Vietnam ».

Pour répondre à ces provocations, le Vietnam utilise, pour le moment, le canal diplomatique et l’ONU.

(eda/ra)