Eglises d'Asie

Caritas lance un plan d’urgence pour aider les victimes de la sécheresse

Publié le 19/05/2016




Alors que le Cambodge fait face à une des pires sécheresses et canicules de son histoire, avec des températures atteignant plus de 40°C et des réserves d’eau de plus en plus minces, Caritas Cambodge a lancé un programme …

… d’urgence afin de venir en aide à des dizaines de milliers de personnes touchées par cette sécheresse historique.

Selon le porte-parole du Comité national pour la gestion des catastrophes, Keo Vy, « cette sécheresse, contrairement à celles des années passées, affecte l’ensemble du pays. Dix-neuf des 24 provinces du pays ont été classées en zones d’urgence nécessitant une intervention immédiate du gouvernement ». D’après le Phnom Penh Post, 500 000 Cambodgiens souffrent actuellement du manque d’eau.

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Lacs, étangs, puits et canaux d’irrigation s’assèchent, mettant en danger les prochaines récoltes de riz et de légumes, pendant que le bétail commence à mourir de soif et de faim, et que les habitants doivent faire face à un manque manifeste de nourriture et d’eau potable.

« Je ne peux que constater les conséquences terribles de cette sécheresse dans nos villages et communautés », déplore Mgr Enrique Figaredo Alvargonzalez, préfet apostolique de Battambang, situé dans le nord-ouest du Cambodge, une des provinces les plus durement touchées. Là-bas, l’Eglise catholique développe plusieurs projets de développement dans des centaines de villages. « Dans les villages, il n’y a plus d’eau potable, plus d’eau pour l’usage quotidien. Les gens font ce qu’ils peuvent ; ils ont commencé à creuser, à approfondir les puits, mais très souvent, ils ne trouvent rien », confie le missionnaire jésuite.

Si le Premier ministre a lancé, fin avril, une campagne d’aide aux victimes, en mobilisant des véhicules de l’armée pour acheminer de l’eau potable dans les provinces les plus touchées par la sécheresse, beaucoup de villages reculés n’ont pas encore reçu d’aide.

La sécheresse est tellement importante et généralisée que, dans les écoles, les heures de classe ont dû être raccourcies. Selon l’Unicef, dans la seule province de Ratanakiri, dans le nord-est du Cambodge, 136 des 203 écoles primaires souffrent de pénurie d’eau, et doivent faire face à un taux d’absentéisme « très élevé » de la part des écoliers comme du personnel enseignant. De nombreuses personnes ont ainsi dû être hospitalisées, du fait de fortes fièvres et d’irritations cutanées, liées aux températures très élevées.

Les pénuries d’eaux courante et potable commencent également à menacer les conditions sanitaires des habitants et à mettre en danger leur santé. Le porte-parole du Comité national pour la gestion des catastrophes a ainsi mis en garde la population cambodgienne contre les risques d’épidémie de choléra, tout en insistant sur le fait que « le gouvernement ne permettra pas qu’un seul Cambodgien meurt de soif ».

« Nous ne pouvons laisser des personnes tomber malades et mourir, a déclaré Kim Rattana, président de la Caritas au Cambodge. Nous avons donc mis en place un plan d’urgence de 300 000 USD [267 000 euros] pour venir en aide à 9 000 familles jusqu’au mois de juillet. »

Pour répondre aux besoins urgents des Cambodgiens, Caritas Cambodge va acheminer de l’eau potable, des pompes et du matériel de forage, et aider à creuser plus profondément les étangs servant à l’irrigation. A plus long terme, l’association prévoit également de former des personnes à la gestion annuelle des ressources en eau, et de former des agriculteurs à la production de cultures plus résistantes.

Dans la province de Kompong Thom, au centre du pays, la pêche est interdite afin de protéger les poissons qui tentent de survivre dans les quelques centimètres d’eau restant. Dans la province de Kandal, au sud-est de la capitale, les étangs sont presque à sec.

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Deux hommes essayant d’attraper un poisson dans un étang asséché,
province de Kandal
Copyright : Tang Chhin Sothy/AFP/Getty Images

 

Après plusieurs années de mauvaises conditions météorologiques, des paysans ont dû vendre leurs terres pour survivre. « Avant, nous avions des pluies régulières, mais ces dernières années, et encore plus cette année, aucune pluie. Alors mes voisins ont dû vendre leurs terres », témoigne Lang Sat, un cultivateur de riz de la région de Phnom Penh. Un autre de ses voisins, Ngoun Kong, s’occupe de ses cinq petits-enfants, pendant que leurs parents qui ont quitté le village, subviennent aux besoins de la famille en travaillant dans d’industrie textile à Phnom Penh. « Normalement, à cette période de l’année, je vends les légumes que j’ai fait pousser après la récolte du riz. Cette année, j’attends encore que le riz pousse, je ne vends rien. Nous vivons uniquement avec les 60 dollars mensuels que nos enfants nous envoient. J’ai presque 60 ans, et c’est la pire année que je n’ai jamais vécue. »

L’arrivée de premières pluies accompagnées de violents orages est attendue dans les prochains jours, ce qui permettrait à de nombreux Cambodgiens de faire au moins quelques stocks d’eau et d’améliorer, à court terme, leurs conditions d’hygiène et de vie dans les régions les plus affectées. Selon certains experts, cette sécheresse historique, à la fois liée au phénomène climatique mondial El Niňo, ainsi qu’à la déforestation massive du Cambodge, pourrait continuer jusqu’en juillet, du fait de l’arrivée tardive de la mousson.

(eda/nfb)