Eglises d'Asie

La Thaïlande restreint le droit de visite aux chrétiens pakistanais en détention

Publié le 01/04/2016




Depuis lundi 21 mars, la direction du centre de détention de l’immigration dans le centre de Bangkok a fortement durci les conditions d’accès aux quelque 250 Pakistanais chrétiens détenus dans ce centre pour immigration illégale. Selon de nouvelles règles, seuls des membres d’églises et …

… d’organisations chrétiennes basées en Thaïlande et dûment enregistrées auprès des autorités peuvent visiter les prisonniers et leur apporter quelques provisions alimentaires pour améliorer leur piètre nourriture quotidienne. Pour ce faire, ces membres doivent faire envoyer, plusieurs jours avant leur visite, une lettre de la direction de leur organisation ou de leur église pour solliciter un droit de visite.

Lors d’une visite au centre de détention le 21 mars, un correspondant d’Eglises d’Asie a été témoin du refus des autorités pénitentiaires de permettre à une vingtaine de représentants d’ONG et d’individus venus par eux-mêmes pour remonter le moral des prisonniers chrétiens pakistanais de pouvoir visiter les détenus. L’accès a aussi été refusé à certains visiteurs qui avaient des liens de parenté avec des détenus. Selon des visiteurs réguliers, c’est la première fois que de telles restrictions sont imposées.

Selon Wilson Chowdhry, fondateur et directeur de l’organisation British Pakistani Christian Association (BPCA), qui collecte des fonds pour venir en aide aux quelques 7 000 chrétiens Pakistanais qui ont fui les persécutions religieuses dans leur pays et vivent aujourd’hui en Thaïlande, sans visa valable dans leur grande majorité, les restrictions imposées par les autorités pénitentiaires sont une réaction à un documentaire de la chaîne britannique BBC diffusé en janvier dernier sur les conditions de détention de ces détenus.

« Ces nouvelles conditions visent à permettre aux autorités thaïlandaises d’identifier les organisations qui ont aidé à l’entrée dans le centre de détention de reporters. Les conséquences seront l’ouverture d’une enquête sur l’organisation ou l’église concernées et la possible suspension de leurs activités. L’objectif est d’empêcher toute couverture journalistique des violations à l’encontre des droits de l’homme à l’intérieur du centre de détention », écrit Wilson Chowdhry dans un communiqué du BPCA, publié le 24 mars.

Le documentaire de la BBC, réalisé par Chris Rogers, décrit la surpopulation dans le centre de détention, évoque la séparation des familles et montre des photos de détenus pakistanais chrétiens, les chaînes au pied, dans une autre prison, dans la province de Samut Prakarn, à l’est de Bangkok.

Les nouvelles restrictions ont jeté un froid dans les milieux chrétiens qui aident les détenus pakistanais. Un pasteur protestant qui avait accepté de donner une interview à Eglises d’Asie sur le sujet a abruptement annulé le rendez-vous, indiquant que « la direction de son église préférait faire profil bas ».

A Bangkok, les Pakistanais chrétiens constituent la population la plus importante dans le centre de détention de l’immigration. Depuis un attentat dans le centre de Bangkok, le 17 août dernier, pour lequel deux suspects Ouighours du Xinjiang ont été arrêtés, les libérations sous caution ont été bloquées pour les ressortissants de certains pays, notamment le Pakistan, le Nigéria et le Sri Lanka, « parce qu’ils sont perçus comme des terroristes potentiels », indique Wilson Chowdhry. Seules les femmes avec des enfants peuvent être libérées sous caution.

(eda/ad)