… de 2018. Il a fait arrêter plusieurs de ses responsables et tente d’effrayer ses membres.
* Le 11 avril, Um Sam An, député PSNC, est arrêté à son retour des Etats-Unis et d’Europe en « flagrant délit », pour avoir « diffusé, utilisé de fausses cartes et incité à l’insécurité dans la société », sur facebook l’an dernier. En effet, le 21 août 2015, le Premier ministre avait menacé d’incarcération toute personne qui accuserait le gouvernement d’avoir fait l’usage de fausses cartes dans la délimitation des frontières avec le Vietnam. Or, l’arrestation d’un député qui jouit de l’immunité parlementaire ne peut se faire qu’avec l’accord des deux-tiers des membres de l’Assemblée nationale, sauf en cas de « flagrant délit ».
* Plusieurs observateurs s’étonnent du « flagrant délit », six mois après le « crime ». Pour plusieurs analystes politiques, l’immunité parlementaire n’a plus de sens, puisqu’un député ne peut plus exprimer d’opinion contraire à celle de l’exécutif sous crainte d’emprisonnement (Cambodia Daily du 12.04.16). Or sur le problème précis des cartes, le gouvernement n’a pas convaincu les observateurs, même ceux qui étaient bienveillants à son égard. Une délégation parlementaire du PSNC a écrit au roi pour demander la libération du député (CD du 25.04.16). En août 2015, Hong Sok Hour, sénateur PSNC, avait été incarcéré pour le même « crime ».
* Le 25 mai, Um Sam An refuse de répondre aux questions du juge d’instruction : le PSNC affirme en effet, que son arrestation est anticonstitutionnelle car il est protégé par l’immunité parlementaire (CD du 26.05.16).
* Et pourtant, il n’est pas rare qu’un touriste quelque peu averti rencontre des soldats vietnamiens à une dizaine de kms à l’intérieur du territoire cambodgien. De nombreux Vietnamiens considèrent la région de Dak Dam (sud de province de Mondolkiri) comme faisant partie du Vietnam.
* Meach Sovannara, chef de l’information du PSNC, et onze autres membres du PSNC purgent une peine de 20 ans de prison pour s’être défendus contre la milice fasciste de Phnom Penh lors de leur manifestation pacifique du 15 juillet 2014. Les victimes sont condamnées, mais les auteurs des violences restent libres. Sept autres députés de l’opposition demeurent également sous la menace d’accusation d’« incitation à l’insurrection », et donc d’arrestation, pour avoir participé à cette même manifestation pacifique avant que ne leur soit accordée l’immunité parlementaire (CD du 06.05.16).
* Le feuilleton des aventures sexuelles (véridiques ou inventées) de Kem du PSNC, président depuis l’exil de Sam Rainsy, prend un tour politique de plus en plus accentué :
* Le 19 avril, la coiffeuse Khem Chandaraty, alias Srey Môm, 25 ans, interrogée pendant quatre heures par la cellule anti-terroriste (en quoi le terrorisme est-il concerné par une affaire de mœurs sexuelles?), admet qu’elle est la voix qui appelle Kem Sokha, son amant. Ce dernier lui aurait promis une voiture, de l’argent, etc. Elle avait nié ces faits le mois précédent. Visiblement obligée pour être acquittée des accusations de prostitution et de faux témoignage, elle porte plainte contre Kem Sokha qui ne lui aurait pas versé l’argent promis. Elle dénonce tour à tour plusieurs personnes de lui avoir donné de l’argent pour qu’elle nie être la voix féminine enregistrée. Plusieurs observateurs, dont Kem Ley, deux fondateurs du groupe « Khmer pour les Khmers », dénoncent la manœuvre politique du PPC qui a détruit le Funcinpec en 1997, le Parti de la Nation Khmère en 1996… « Ne parvenant pas à retrouver sa popularité, ne pouvant pas reconquérir les cœurs, le PPC doit briser l’opposition pour contrôler le pays » (CD du 25.04.16).
* Ou Virak, qui dirige le groupe de réflexion Forum du Futur, déclare sur Radio Free Asia qu’en traitant ainsi son rival politique, le PPC ne peut que perdre en popularité, car même au sein du Parti, « tous ne sont pas heureux de cette tactique ». Une plainte en diffamation est portée contre lui pour avoir voulu « ternir l’honneur du PPC ». Comme il est détenteur d’une double nationalité américaine et cambodgienne, il jouit de nombreux soutiens dans les milieux diplomatiques et dans les médias. Son avis est partagé par beaucoup d’autres observateurs (CD du 29.04.16).
* Sur la foi de Melle Chandaraty, le 27 avril, l’Unité Anti-Corruption (UAC) emprisonne Séang Chet, chef de village PSNC, qui lui a donné 500 dollars. Cet argent, selon l’épouse du détenu, aurait été envoyé par des Cambodgiens d’Australie (CD du 28.05.16).
* Dans la nuit du 2 mai, quatre membres d’Adhoc sont emprisonnés après deux jours d’interrogatoire par l’UAC. Ils sont accusés d’avoir donné 204 dollars à Melle Chandaraty pour qu’elle nie les faits, alors qu’ils ont assisté cette personne comme toute autre personne interrogée, selon les buts de l’association et qu’ils ont versé les frais de procédure lors de la première audition (CD du 03.05.16).
* Ny Charya, ancien membre d’Adhoc, choisi comme vice-secrétaire général du CNE (Comité National des Elections) par le PNSC, est également emprisonné : en dépit de la demande de son épouse, le CNE refuse d’intervenir pour qu’il soit placé en libération provisoire (CD du 04.05.16).
* Saly Soeun, membre du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, est convoqué, mais refuse de se rendre à la convocation, car il s’estime protégé par l’immunité diplomatique. Le Premier ministre affirme que l’immunité de l’ONU est uniquement valable pour les étrangers (CD du 02.05.16).
* Mme Thida Koeus, directrice d’une ONG de défense de la condition féminine, accusée également par Melle Chandaraty, est questionnée, puis laissée libre pour absence de preuves. Si Melle Chandaraty a menti dans ce cas, c’est peut-être aussi le cas de ses accusations concernant les autres personnes.
* Les ambassades des Etats-Unis, de France et des pays européens se disent « très concernées » par ces arrestations : que fait-on de la présomption d’innocence ? Comment peut-on prévoir des élections justes et équitables dans un tel environnement politique ? Un groupe de cinquante-neuf ONG dont Licadho, Adhoc, condamnent ces arrestations : « En visant des personnes, c’est la dernière et la plus forte attaque contre la société civile en vue des prochaines élections » (CD du 04.05.16). Une véritable « paranoïa » du complot s’empare du pouvoir qui tient à faire taire toute critique à son égard (CD du 09.05.16).
* Le 9 mai, huit membres d’associations de défense des droits de l’homme tentent de protester devant la prison de Prey Sâr où sont détenus leurs collègues arrêtés. Ils sont tout de noir vêtus, en signe de deuil pour « les défunts droits de l’homme au Cambodge » (c’eut été plus conforme à la culture khmère et n’auraient pas porté à confusion avec la couleur des Khmers rouges s’ils s’étaient vêtus de blanc). Trois expulsés de Boeung Kâk tentent en vain de se joindre à eux, ainsi que le moine But Buntenh, mais ils sont bloqués par la police. Le gouvernement les avait accusés la veille d’être des groupes « arrogants », des « cinglés de la liberté d’expression », de vouloir promouvoir « la révolution des couleurs » (CD du 10.05.16). Le 10 mai, le Premier ministre interdit toute manifestation mono-couleur. (CD du 11.05.16). Le ministre cambodgien des Affaires Etrangères accuse l’ambassade des Etats-Unis d’être derrière ces manifestations, ce que nie formellement l’ambassade (CD du 12.05.16). Lors du troisième « lundi noir », on pouvait entendre: « Pol Pot a tué le peuple en le frappant avec la houe ; le gouvernement actuel tue le peuple en violant les droits de l’homme et en volant ses trois terres ». Cette manifestation est qualifiée de « rébellion urbaine ». Devant les risques de violence incontrôlable, cette manifestation est remplacée par une campagne sur facebook. Selon Ou Virak, « tous les efforts du gouvernement ne suffiront pas à apaiser la frustration publique… Le fossé d’incompréhension s’élargit entre le peuple et le gouvernement… ce qui peut devenir dangereux » (CD du 24.05.16).
* Une collecte d’empreintes digitales est lancée dans le pays pour réclamer la libération des vingt membres du parti incarcérés. Cependant, tous ceux qui les collectent sont incarcérés pour « incitation du peuple » (CD du 26.05.16).
* Dans les campagnes, notamment à Takéo, les autorités PPC tentent de recueillir des empreintes digitales auprès des villageois en leur promettant de leur donner ce qu’ils désirent.
* Amnesty International a choisi les quatre membres d’ADHOC emprisonnés ainsi que Ny Charya comme « prisonniers de conscience » à défendre par ses sept millions de membres à travers le monde (CD du 25.05.16).
* Kem Sokha est convoqué plusieurs fois à la Cour municipale de Phnom Penh pour « diffamation » : dans cette conversation téléphonique avec sa prétendue maîtresse. Il aurait dit que Mme Thy Sovantha, (ancienne membre du PSNC qui pendant plusieurs jours a été soupçonnée d’être la voix féminine en dialogue avec Kem Sokha) avait détourné des dons de membres du PSNC de l’étranger (CD du 04.05.16). Le 27 mai vers midi, un commando militaire s’introduit au siège du PSNC, sans mandat d’arrêt, pour y appréhender Kem Sokha qui y tient une réunion du Conseil permanent du parti. Mais l’intéressé est bien caché, la police arrête seulement sa voiture… conduite par son épouse, qui s’y trouvait seule. La police n’a pas arrêté le vice-président du PSNC par peur de manifestation de masse (CD du 01.06.16).
* En octobre 2009, Hun Sen (Premier ministre), Chéa Sim (président du Sénat), Heng Samrin (président de l’Assemblée nationale), Hor Nam Hong (ministre des Affaires Etrangères), Kéat Chon (ministre des Finances), Ouk Bun Chhoeun et Sim Ka ont refusé de se présenter, eux aussi, devant les Chambres Spéciales au sein de la Cour cambodgienne pour juger les ex-chefs Khmers rouges. (CD du 30.05.16).
* Kem Sokha se prévaut de son immunité parlementaire qui doit être relevée par les deux-tiers des députés. Mais les juristes du PPC arguent du « flagrant délit » (CD du 05.05.16). Suite à cette tentative d’arrestation, les députés de l’opposition boycottent l’Assemblée nationale et menacent d’organiser des manifestions à travers tout le pays, auxquelles se joindra le syndicat FTU de Chéa Mony qui comprend plusieurs milliers d’adhérents (CD du 28.05.16), ainsi que l’Association Indépendante des Enseignants du Cambodge (CD du 29.05.16).
Comme on pouvait le prévoir, le lundi 30 mai, l’Assemblée nationale, qui ne comprend plus que les soixante-huit députés du PPC, vote la levée de l’immunité parlementaire de Kem Sokha, en contradiction flagrante avec la Constitution. Une délégation du PSNC parvient avec difficulté à porter une pétition au roi, « garant de la sécurité du peuple cambodgien », à laquelle sont jointes 200 000 empreintes digitales, « pour qu’il demande au PPC de cesser d’exercer sa pression sur le parti de l’opposition » (CD du 31.05.16).
* Un membre du ministère de l’Intérieur laisse entendre que ces 200 000 empreintes sont fausses et que le PSNC risque de faire l’objet d’une accusation pour fabrication de faux (CD du 01.06.16).
* Sam Rainsy affirme que toute cette histoire est illégale depuis le début et a pour but d’affaiblir l’opposition en vue des élections. C’est une affaire créée de toutes pièces. Il est illégal de faire usage d’une conversation par téléphone écoutée illégalement (le Premier ministre affirmait avoir des photos, d’autres enregistrements, mais curieusement, on n’en parle plus…) (CD du 27.05.16).
* Rong Chhun, ancien secrétaire de l’Association libre des Enseignants du Cambodge et l’un des quatre membres du CNE désigné par l’opposition, est convoqué devant la justice pour les manifestations des années 2013-2014, violemment réprimées par le gouvernement (au moins cinq morts et quarante-cinq blessés). Il était à l’époque, le chef de la Confédération des syndicats cambodgiens. Il est accusé pour « violence intentionnelle », alors qu’il n’était pas présent sur les lieux. L’opposition voit dans cette convocation (et possible incarcération) une manœuvre supplémentaire pour reprendre en main le CNE. Comme cinq autres représentants des principaux syndicats sont sous le coup de la même accusation, d’autres y voient une tentative de supprimer toutes les voix critiques du gouvernement (CD du 19.05.16). Si Rong Chhun est inculpé, son remplacement par le PSNC doit être approuvé par l’Assemblée nationale, dominée par le PPC, ce qui semble impossible (CD du 20.05.16).
* Comme par hasard, le Premier ministre fixe la date des prochaines élections législatives au 22 juillet 2018 et demande d’accélérer l’enregistrement des deux millions de nouveaux électeurs ou ceux qui n’ont pas leur papier d’identité en règle. Ny Charya, juriste de l’association Adhoc, et vice-président du CNE, était le seul en mesure de contrer Tep Nitha, président du CNE, qui avait laissé truquer les précédentes listes. Il est désormais hors d’état de faire son travail (CD du 26.05.16). Pour Sam Rainsy, le PPC se rend compte qu’il ne peut pas gagner les futures élections avec un tel CNE et donc que Hun Sen veut faire dérailler le processus électoral (CD du 04.05.16).
La presse fait fréquemment la comparaison entre le traitement des membres de l’opposition et ceux du PPC coupable de véritables crimes :
* Le 12 avril, un secrétaire d’Etat au Tourisme, vraisemblablement ivre, occasionne un accident qui fait un mort et un blessé grave. Trois témoins affirment qu’il roulait à vive allure sur la gauche. Il est arrêté, puis relâché après l’audition de faux-témoins, et paie une compensation 5 500 dollars à la famille. Les premiers témoins, terrorisés, n’osent plus parler… (CD du19.04.16). C’est un des très nombreux cas d’immunité accordée aux hauts fonctionnaires ou membres du Parti. Le 16 avril, le fils du ministre de la fonction publique, visiblement ivre, cause un accident : il enlève les plaques de sa voiture et s’enfuit (CD du19.04.16).
* Deux fils du président de l’Unité anti-corruption sont nommés assistants de cette unité, évidemment pour leurs qualités personnelles…Honni soit celui qui y verrait du népotisme ! (CD du 27.04.16).
* Les trois gardes du corps du Premier ministre Hun Sen qui ont sauvagement matraqué deux députés de l’opposition en novembre 2014, sont condamnés à un an de prison, ainsi qu’à 200 dollars d’amende à payer à l’Etat, et 1 300 dollars à verser à chacun des deux députés. Ils seront libérés dans six mois. Aucune enquête n’est menée pour savoir qui était le commanditaire (CD du 28.05.16).
* Le 29 mai, la police militaire lance un raid dans une villa et y découvre treize fillettes destinées à la prostitution. Elle arrête trois femmes suspectées d’être les instigatrices de ce trafic. Sur la demande d’un puissant fonctionnaire du ministère de la Défense, supposé être le chef du réseau, elles sont libérées (CD du 03.05.16).
* Un officier enseignant à l’Université de la Défense Nationale, condamné en octobre à un an de prison pour fraude, est toujours à son poste (CD du 21.05.16).
Liberté de la presse
* Le 12 mai, le Premier ministre Hun Sen menace de porter une action en justice contre le Cambodia Daily qui, selon lui, a déformé ses propos du 10 mai. Il préfère que l’on ne retransmette plus ses discours. Le ministre de l’Information ordonne aux médias d’utiliser les termes royaux officiels pour le Premier ministre (Très Grand Chef de guerre tout-puissant), pour le ministre de l’Intérieur (Krala hongkong), pour le Président de l’Assemblée nationale, et pour le président du Sénat, ainsi que le ministre chargé du Palais Royal. Les médias qui ne s’y conformeront pas se verront retirés leur autorisation (CD du 12.05.16).
* Le 16 mai, la presse de langue anglaise, spécialement le Cambodia Daily, est accusée de faire le jeu de l’opposition en critiquant le gouvernement. « Cela ne saurait durer encore longtemps », menace le ministre de l’Information. En réalité, la presse de langue anglaise n’a que peu d’impact chez les Cambodgiens qui lisent peu les journaux et se contentent de regarder la télévision et facebook pour les jeunes, ou d’écouter VOA (Voix de l’Amérique), RFI, ou Free Asia. Le PNSC avait reçu la promesse d’une autorisation de monter une station TV, mais des ennuis de tous genres surgissent pour sa création. Comme par hasard, suite à une plainte de 21 familles, les autorités locales de Takmau interdisent d’installer une antenne TV. L’installation d’une chaîne TV fait pourtant partie d’un élément capital dans les accords entre PPC et PSNC de juillet 2014 (CD du 28.04.16).
* Le Cambodge avait gagné cependant onze places par rapport à l’an dernier au niveau de la liberté de la presse. Il est 128ème sur 180. Cependant les enquêtes sur le trafic de bois et la pêche demeurent à haut risque. Ce classement avait été établi avant les derniers événements (CD du 22.04.16).
* Le 16 mai, le ministre de l’Intérieur Sâr Kheng prend un peu de distance par rapport au discours du Premier ministre : « Si notre gestion du pays permet aux citoyens de vivre dans le bonheur, il n’y aurait pas de raison pour une révolution des couleurs ». Cette déclaration est saluée favorablement par l’opposition (CD du 18.5.16).
* Le 17 mai, la Licadho lance une section spéciale sur son site qui concerne 29 prisonniers politiques. Le ministère de la Justice accuse l’association d’agir d’une manière non professionnelle, en contradiction avec la neutralité des ONG prévue par la loi contestée sur les ONG. Il n’y a pas de « prisonniers politiques au Cambodge, mais seulement des criminels : Il n’y a de prisonniers politiques que dans les régimes communistes ». Il menace de faire fermer cette célèbre association de défense des droits de l’homme (CD du 20.05.16).
* Le 19 mai, le général Téa Banh accuse le PSNC de vouloir renverser le gouvernement, et avertit que si le PSNC projette des manifestations sans autorisation, d’autres arrestations auront lieu. Or la loi de 2009 stipule que les protestataires doivent simplement notifier aux autorités leur projet et non demander l’autorisation (CD du 20.05.16).
Politique extérieure
* Lors d’une tournée diplomatique du ministre japonais des Affaires Etrangères dans les pays de l’ASEAN, le Cambodge est soigneusement évité. On en ignore la raison.
* Deux nouveaux réfugiés du camp de Nauru (Australie) sont volontaires pour venir s’installer au Cambodge. Quatre des cinq réfugiés accueillis au Cambodge ont choisi de retourner dans leur pays (CD du 05.05.16).
* Après l’ambassadeur cambodgien en Corée du Sud, c’est celui auprès d’Australie qui est accusé de fraude pour une somme de 200 000 dollars (CD du 12.05.16).
* Le 4 mai, 29 bûcherons khmers, sur un groupe de 60, recrutés par un homme d’affaire thaïlandais pour abattre des acacias en territoire thaïlandais sont arrêtés.
* Le Premier ministre Hun Sen se rend pour cinq jours en visite officielle à Moscou et au sommet des pays de l’ASEAN-Russie, tenu à Sotchi. Il y rencontre Vladimir Poutine et le nouveau Premier ministre vietnamien. Il y signe huit accords de coopération, dont un accord sur une éventuelle construction de centrale nucléaire au Cambodge. Le commerce entre les deux pays s’élève à 110,7 millions de dollars. La question des 1,52 milliards de dollars dus au titre de l’aide soviétique au Cambodge après 1979 a été abordée par Poutine et Hun Sen (CD du 19.05.16). Le sommet des chefs d’Etat des pays de l’ASEAN tenu à Moscou les 20-21 mai permet à la Russie de compter ses amis, l’Europe et les Etats-Unis étant en froid depuis l’annexion de la Crimée. Les Etats-Unis ont tenté en vain de convaincre les Philippines et la Malaisie de ne pas se rendre à Moscou ( CD du 21.05.16).
* Le Premier ministre rencontre 300 étudiants cambodgiens en Russie qui reçoivent dix dollars du gouvernement khmer et vingt-trois de la Russie. Le Premier ministre a annoncé sur son compte facebook qu’il portera leur bourse à cinquante dollars par mois.
* La visite du président Obama à Hanoï et la levée totale de l’embargo sur les armes américaines au Vietnam, dans sa logique d’encerclement américain de la Chine, renforce la méfiance chinoise qui accuse les Etats-Unis de renforcer la tension en Asie (CD du 25.05.16).
Economie
* De mémoire d’homme, le Cambodge n’a jamais connu de sécheresse telle que celle de cette année. Selon le Premier ministre, les barrages sur le Mékong (plusieurs en Chine, un à Xayabourry, au Laos), ne sont pas un facteur aggravant de cette sécheresse. « Le premier coupable est le ciel et El Nino » Il demande aux ONG de creuser des canaux d’irrigation (CD du 12.04.16). Des orages très violents ont détruit plus de 800 maisons dans diverses provinces. Le 28 avril, le Premier ministre accuse l’opposition de lier sécheresse et déforestation, ce qui, pourtant, est en partie exact (CD du 29.04.16). Depuis la mi-mai, les pluies semblent redevenues normales. Lors de la fête du Sillon Sacré, le 24 mai, les bœufs royaux ont dévoré le riz, ce qui un excellent présage pour une bonne récolte (CD du 25.05.16).
* Fin avril, le gouvernement annule son contrat avec la société pétrolière Mirach Energy de Singapour qui détient 48 % des parts de la société cambodgienne CPHLC sur les droits d’exploitation du Block D de 5 500km² dans le golfe de Siam. Les principales réserves se situent dans le block A, dans lequel la société singapourienne KrisEnergy espère commencer à extraire du brut, au plus tôt, à partir de 2018 (CD du 02.05.16). La construction d’une raffinerie à Kompong Som par une société chinoise pour un coût de 620 millions de dollars commencera à raffiner deux millions de tonnes de brut par an à partir de 2018. Une deuxième phase de construction permettra d’en raffiner cinq millions. 85 % de sa production sera dirigée vers la consommation locale. Elle se heurte cependant au manque de personnel cambodgien qualifié (CD du 06.05.16).
* Le 20 avril, la zone économique spéciale de Phnom Penh devient la quatrième société inscrite en Bourse, pour une valeur de 11,5 millions de dollars. Elle s’étend sur 357 hectares.
* Le Cambodge a été choisi pour héberger le Forum Economique Mondial « grâce à son développement économique remarquable…comme modèle pour les pays les moins développés » (CD du 28.04.16).
* A partir du 1er septembre 2016, All Nippon Airways lancera des vols quotidiens entre le Japon et le Cambodge. Cela devrait faciliter l’arrivée de touristes japonais dont le nombre s’est élevé à 193 330 durant l’année 2015, classant le pays au 7ème rang pour le nombre de touristes visitant le Cambodge (CD du 27.05.16). En juin, Angkor Air reliera Hô Chi Minh-Ville et Sihanoukville cinq fois par semaine (CD du 10.05.16).
Dons et investissements
* Le gouvernement approuve le projet de construction d’un building de 133 étages par la société Thaï Boon Roong pour une valeur de trois milliards de dollars. Les condominiums vont croître de 641 % en 2018. Cependant une étude prévoit que 37 % de ces condominiums seront inoccupés. La tour Vattanac, de 39 étages, n’était occupée qu’à 30 % à la moitié de l’année 2015 (CD du 03.05.16).
* Le 11 mai, 113 des 200 camions de pompiers commandés en Chine en décembre dernier arrivent au Cambodge. Ces 200 camions ont été achetés pour une somme de 9,9 millions de dollars. Ils vont doubler la flotte cambodgienne : 14 resteront à Phnom Penh, les autres seront répartis en province. Le pays compte 559 pompiers (CD du 18.05.16).
* Le 19 mai, la Banque Mondiale approuve 130 millions de dollars de prêts au Cambodge, et met ainsi fin au gel de ses aides depuis cinq ans, suite à l’expulsion massive de 4 000 familles de Boeung Kâk, en août 2011. Quatre projets sont ainsi financés, dont 25 millions pour la seconde phase d’aide aux familles sans terres. La première tranche de 13 millions est présentée comme un succès par la BM, mais s’avère un fiasco selon l’évaluation de la Licadho. 30 millions sont destinés à la santé, 13 à l’adduction d’eau et 60 à l’amélioration des routes (CD du 19.5.16). Les Etats-Unis font connaître leur désaccord sur la reprise de ces prêts par la BM, qui dans le climat de tension actuel, donnent le feu vert au gouvernement pour procéder à de nouvelles arrestations (CD du 30.05.16).
Société
Mouvements sociaux
* Le 27 avril, un camion qui transportait 65 ouvriers (-ères) se retourne suite à l’explosion d’un pneu : on dénombre 18 blessés (CD du 28.04.16).
* Le Cambodge accueille favorablement la demande du Qatar d’employer 33 000 travailleurs cambodgiens, et « même davantage s’ils travaillent bien », pour préparer la coupe du monde de 2022 (CD du 20.05.16).
Concessions – Déforestation
* Le 18 avril, Ouch Leng, reçoit le prestigieux prix Goldman pour l’Environnement, pour son travail de recherche sur la déforestation et sa défense des communautés affectées par les expulsions. Il a successivement fait partie de Licadho en 1999, puis d’Adhoc, en 2005. En 2011 il a fondé l’Unité Cambodgienne des droits de l’homme, et s’est fait employer pendant trois mois par Try Pheap, le plus grand trafiquant de bois du pays, ce qui lui a permis d’établir un rapport très documenté sur la déforestation. C’est un proche ami de Chéa Vuthy, assassiné le 26 avril 2012 (CD du19.04.16).
* Depuis la formation d’une unité de lutte contre le trafic de bois en date du 31 mars, 70 000 tonnes de bois de luxe ont été saisies. En dépit des ordres récents du Premier ministre d’accorder ces 70 000 m3 au ministre de l’Education Nationale, ce bois est à nouveau mis aux enchères. En 2013, Try Phéap, chargé de cette vente et conseiller du Premier ministre, en avait vendu 5 000m3 pour une somme de 3,5 millions de dollars. En 2014, il en a vendu 6 000m3 pour 1,6 millions (CD du 10.05.16). Try Phéap n’a d’ailleurs pas remis les deux concessions de 9 709 et de 9 146 hectares de forêt primaire dans le parc de Virachey, comme il l’avait annoncé en janvier dernier. On signale régulièrement des saisies de bois illégalement coupés, mais les commanditaires ne sont jamais arrêtés. La police et les militaires sont souvent impliqués dans ces trafics (CD du 17.5.16).
* Le gouvernement décide de classer 475 000 hectares des 610 000 de la forêt de Prey Lang comme « zone protégée ». Les photos satellites montrent que les braconniers sont déjà à l’œuvre de tous côtés de cette forêt (CD du 25.04.16). L’expérience prouve que ce classement ne garantit pas la survie de la forêt. Selon le ministre de l’Environnement, aucune concession ne sera accordée dans la forêt de Prey Lang avant les élections de 2018 (CD du19.04.16).
* Le 12 mai, le Premier ministre annonce que les forêts seront désormais placées sous le contrôle des autorités provinciales et non plus nationales. Il demande aux 12 sociétés à qui des concessions ont été attribuées dans les années 1990 et qui ont coupé le bois sans rien développer, de rendre leur concession (CD du 13.05.16)
* Un rapport de l’ONG Forest Trend située aux Etats-Unis et de quatre associations vietnamiennes, en date du 27 mai, révèle que l’exportation du bois vers le Vietnam n’a fait que croître durant les dernières années : de 52 000 m3 en 2013, pour une valeur de 45 millions de dollars, ces exportations sont passées à 436 000 m3 en 2015, pour une valeur de 362 millions. Cette augmentation est due à l’interdiction d’exportation du bois en Birmanie et au Laos ainsi qu’à la dé-régularisation de l’importation de bois au Vietnam. Le Cambodge a exporté pour 35 millions de bois de rose, dont l’abattage est pourtant interdit depuis 2013 par le Premier ministre. Le pays a exporté 405 m3 de grumes en 2013, pour une valeur de 700 000 dollars et seulement 57 700 m3 en 2015, pour une valeur de 16,9 millions. Ce bois est pour la plupart ré-exporté par le Vietnam vers la Chine (CD du 30.05.16). En dépit de la création de l’Unité de lutte contre le trafic de bois illégal en janvier dernier, le trafic de bois s’est élevé à 34 000 m3 en janvier pour une valeur de 26 millions de dollars, 5 000 m3 en février pour une valeur de trois millions, et 10 000 m3 en mars pour une valeur de neuf millions (CD du 31.05.16).
Expulsion
* Le 28 avril, environ 300 paysans de Damber (Province de Tbaung Khmum), au nom de 500 familles, se rendent à Phnom Penh pour déposer une motion à l’Assemblée nationale, concernant 440 hectares de terres qu’elles occupent depuis 2001 et qui ont été confisqués par une société chinoise de plantation de cannes à sucre. Le même jour un groupe de 200 paysans de Mémot font la même démarche pour réclamer 29 hectares qui leur ont été dérobés par une société à laquelle le gouvernement a accordé 9 000 hectares en concession en 2008 (CD du 28.04.16).
* Une centaine de familles expulsées de leur terres par la concession de 45 000 hectares pour la construction d’un complexe de 3,8 milliards de dollars à Botum Sakor (Koh Kong) ont accepté les compensations plus correctes que celles proposées précédemment par la société chinoise UDG : entre 5 000 et 20 000 dollars pour leur maison et 30 dollars par arbre fruitier, ainsi que cinq hectares de terre. Cinq familles continuent à rejeter l’accord (CD du 18.05.16). Les 250 familles qui ont accepté une compensation en 2011 reviennent sur le terrain pour demander un supplément, mais en vain (CD du 31.05.16).
* Le 16 mai, 200 familles de la province de Kompong Speu, dépossédées par le sénateur Ly Yong Phat pour créer une plantation de canne à sucre, acceptent un dédommagement de 500 dollars. 160 familles ont refusé et en demandent 7 000, ou le retour de leurs terres (CD du 19.05.16).
* Le 15 mai, huit rangers mettent le feu à un village de Mnongs de Mondolkiri installé dans la réserve naturelle de Phnom Prich : « ils ont tout détruit : couvertures, matelas, pot et plats, ils ont transpercé nos sacs de riz, comme les Khmers rouges ». Or ces Mnongs jouissent d’une permission spéciale pour vivre sur les terres de l’Etat (qui de fait sont les leurs depuis des siècles), et sont protégés par les lois nationales et internationales. Selon Adhoc, cet acte est une violation sérieuse de leurs droits (CD du 30.05.16).
Santé
* Une étude de l’UNICEF révèle que plus de 60 % des mères et des jeunes enfants manquent dangereusement d’iode, ce qui peut engendrer des troubles thyroïdiens sérieux (CD du19.04.16).
* On estime que 10 000 décès seraient dus au tabac chaque année au Cambodge (CD du 21.04.16).
* Le 8 mai, la Croix rouge cambodgienne (CRC) tient sa réunion annuelle de récolte de fonds à laquelle sont invités tous les magnas de l’économie cambodgienne : elle récolte 13,43 millions de dollars (une société de micro-finance malaisienne verse un million de dollars ; Try Phéap donne 300 000 dollars ; Kith Meng et Mong Rithy 10 000 ; les autres entre 10 000 et 5 000). La CRC, présidée par Bun Rany, épouse du Premier ministre, est souvent l’objet de critiques pour utiliser ces fonds au service du PPC (CD du 09.05.16).
Droits de l’homme
* L’association Meta House avait programmé la projection d’un film documentaire concernant l’assassinat de Chut Vutty, défenseur très actif de la forêt de Prey Lang, assassiné le 26 avril 2012, à l’âge de 46 ans, lors d’une inspection dans la forêt de Koh Kong. Cette projection est interdite par le ministère de la Culture. En 2004 le film « Qui a tué Chéa Vichéa ? », le fameux syndicaliste, avait connu le même sort. Une telle mesure entre dans le cadre de « la culture d’impunité » (CD du 19.04.16). Ce film est cependant diffusé en Angleterre, en Thaïlande, en Islande et en Guinée Bissau. Il est visible pendant 24 heures sur facebook. Le fils de Chut Vutty rassemble des preuves pour intenter un procès auprès de la Cour Criminelle Internationale de la Haye (CD du 25.04.16).
Divers
* Un homme est retrouvé décapité dans la forêt, près de Kompong Speu. On l’accusait d’être un sorcier et d’avoir lancé des mauvais sorts. L’assassinat pour sorcellerie est fréquent au Cambodge (CD du 25.04.16).
* Le 8 mai, Hun San, frère du Premier ministre reçoit l’ordre de cesser l’organisation des combats de coqs deux fois par semaine. Mais il continue impunément (CD du 17.05.16).
Divers
Distinctions
* Le 12 mai, Try Phéap, magnat du commerce (illégal) de bois, reçoit un doctorat de l’Institut Cambodgien de Technologie des mains du Premier ministre Hun Sen, pour toutes ses aides accordées à l’Etat (CD du 13.05.16).
* Le 19 mai, au festival de Cannes, Davy Chou reçoit le prix du meilleur scénario pour son film « Ile de diamant ».
(eda)