Eglises d'Asie – Bangladesh
Un cardinal pour le Bangladesh : « une reconnaissance pour la petite Eglise locale »
Publié le 12/10/2016
… reconnaissance de la ‘petitesse’ de notre Eglise, mais une Eglise vibrante dans sa foi, une Eglise-témoin dans la société, grâce à son travail et à ses actions », a-t-il confié.
Mgr Patrick D’Rozario, âgé de 73 ans, est le premier cardinal jamais donné à l’Eglise du Bangladesh. Il fait partie des dix-sept cardinaux créés par le pape, le 9 octobre dernier, parmi lesquels trois cardinaux asiatiques : Mgr Anthony Soter Fernandez, archevêque de Kuala Lumpur, en Malaisie, et Mgr John Ribat, archevêque de Port Moresby, en Papouasie Nouvelle-Guinée.
Né le 1er octobre 1943 à Padrishibpur, dans une famille catholique fervente, à l’époque de l’Inde sous domination coloniale anglaise, il prononce ses vœux religieux au sein de la congrégation de la Sainte Croix, en 1962. En 1972, il est ordonné prêtre. Après avoir travaillé en paroisse, il enseigne la théologie morale au grand séminaire du Saint-Esprit de Dacca, puis il est respectivement nommé évêque de Rajshahi en 1990, évêque de Chittagong, en 1995, et archevêque coadjuteur de Dacca, en 2010, pour devenir ensuite archevêque de Dacca, en 2011. Actuellement président de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh, président de l’Enseignement catholique au Bangladesh et président du forum chrétien United Forum of Churches of Bangladesh (1), Mgr Patrick D’Rozario dirige également le Bureau pour les Laïcs et la Famille, au sein de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC).
C’est Mgr George Kocherry, nonce apostolique au Bangladesh, qui, le 9 octobre dernier, à Dacca, lors de la messe dominicale à la paroisse catholique du Saint-Rosaire, devant 3 000 fidèles réunis, a annoncé la nouvelle à Mgr D’Rozario en ces termes : « Le Bangladesh aura un représentant lors du prochain conclave ! »
Priorité au dialogue interreligieux
Commentant sa nomination, Mgr D’Rozario a estimé que cette nouvelle était « un cadeau pour tous les citoyens bangladais, pour les personnes de toutes les religions ». « Le Bangladesh connaît de nombreuses difficultés et doit relever d’importants défis, mais il a les capacités, la résilience et la force de les surmonter », a-t-il expliqué. « J’ai été très impliqué dans le dialogue interreligieux, et après les événements tragiques de juillet dernier, nous avons travaillé ensemble, pour encourager une culture du respect et de l’harmonie au sein de toutes les religions. C’est donc une reconnaissance du Saint-Siège des bonnes choses qui se passent dans notre pays, et un appel à continuer à aller de l’avant », a-t-il affirmé.
Dans ce pays à 89 % musulman, où la religion de l’Etat est l’islam, la minuscule minorité chrétienne est en effet régulièrement la cible d’attaques de groupes islamistes, qui s’en prennent aux personnes récemment converties au christianisme. La minorité religieuse hindoue n’est pas non plus épargnée et a encore été frappée cet été, le même jour que l’attentat revendiqué par l’Etat islamique dans le quartier diplomatique de Dacca, qui faisait une vingtaine de morts. Depuis plusieurs années, les blogueurs athées sont également frappés par une multiplication des assassinats à leur encontre, les islamistes n’hésitant pas à les tuer à l’arme blanche en plein jour.
Reconnaissance de la petite Eglise bangladaise par l’Eglise universelle
Autre priorité également pour Mgr D’Rozario : la préparation du voyage du pape François, au Bangladesh, en 2017, visite que le pape a annoncée lors de la conférence de presse donné dans l’avion, au retour de son voyage apostolique en Géorgie et en Azerbaïdjan, le 2 octobre dernier.
Pour Mgr Paul Ponen Kubi, évêque catholique de Mymensingh, également membre de la congrégation de la Sainte Croix, Mgr D’Rozario « est quelqu’un de très spirituel qui est passionné par les plus pauvres, par le rôle positif de l’Eglise catholique dans la construction de la nation. L’islam est la religion majoritaire au Bangladesh et nous, chrétiens, ne représentons qu’une minuscule minorité. La nomination de Mgr D’Rozario est la reconnaissance par l’Eglise universelle de la minuscule Eglise catholique du Bangladesh. Nous sommes comblés de joie et très reconnaissants », s’est-il réjouit.
Au Bangladesh, les chrétiens représentent 0,5 % des 160 millions d’habitants, à 89 % musulmans. On compte également 9,5 % d’hindous, 0,6 % de bouddhistes et 0,4% d’autres religions. Selon des sources officielles, les quelque 350 000 catholiques représentent la majeure partie de la minorité chrétienne.
(eda/nfb)