Eglises d'Asie

Guangdong : aujourd’hui géré par une instance publique, le site où saint François Xavier est mort il y a 450 ans pourrait revenir sous le contrôle de l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Selon Wu Qixian, responsable du Bureau des Affaires religieuses de la ville de Taishan, dans la province du Guangdong, un rapport a été transmis à l’Administration centrale des Affaires religieuses, à Pékin, demandant le retour à l’Eglise catholique du site où saint François Xavier est mort il y a 450 ans (1). La réponse n’est pas encore connue mais, selon Wu Qixian, l’Eglise verrait grandir les chances de voir ce dossier aboutir si le diocèse de Jiangmen, dont dépend le site en question, nommait un prêtre pour gérer les lieux, devenus depuis plusieurs années la destination de pèlerinages relativement importants.

Saint François Xavier, né en 1506, est mort le 3 décembre 1552 sur l’îlot de Shangchuan (plus connu sous le nom de Sancian), dans l’actuelle province du Guangdong, dans l’attente de la permission d’entrer en Chine. Enterré sur place, le corps du missionnaire jésuite navarrais fut exhumé deux mois plus tard pour être transféré à Malacca dans un premier temps puis à Goa, en Inde, où il repose encore aujourd’hui. L’église actuelle, l’église Saint François Xavier, à Shangchuan, a été rebâtie en 1986 sur le modèle de la chapelle érigée sur les lieux en 1869. Surmontée d’une statue représentant le saint, elle renferme la tombe vide de celui qui est considéré comme un des grands évangélisateurs de l’Asie.

Dans l’actuelle chapelle, la tombe du saint est considérée comme propriété de l’Eglise catholique mais c’est le Bureau des Affaires religieuses de Taishan qui détient le droit de gérer le site dans son ensemble. Gardés par un couple de non-catholiques, les lieux sont accessibles au public en échange d’un droit de visite de trente yuans (environ deux euros) et toutes les visites doivent être accompagnées d’un des deux membres du couple de gardiens ou de leurs adjoints. Avec les années, la tombe de saint François Xavier est devenue un lieu de pèlerinage populaire, fréquenté par les catholiques de Chine méridionale. Cependant, n’étant pas enregistré comme tel par les autorités, les pèlerinages y sont relativement compliqués à organiser, en particulier pour les pèlerins étrangers ou ceux de Hongkong et de Macao (2) ; un prêtre du continent, généralement du diocèse de Jiangmen, doit nécessairement être présent au cas où la messe y est célébrée et le Bureau des Affaires religieuses doit être prévenu à l’avance au cas où des pèlerins non continentaux s’y rendent.

Le P. Liang Jiansen, vicaire général du diocèse de Jiangmen, responsable de la coordination des pèlerinages à Shangchuan, dit espérer que Pékin approuvera bientôt le retour du site dans le giron de l’Eglise. Il regrette en particulier que les pèlerins soient obligés de payer un droit de visite, estimant cela contraire à l’esprit d’un pèlerinage religieux. La difficulté, selon lui, viendra peut-être de la présence permanente d’un prêtre sur les lieux, présence rendue obligatoire par les autorités. Le diocèse de Jiangmen ne dispose en effet pour assister Mgr Peter Li Panshi, 79 ans, que de sept prêtres, cinq jeunes et deux âgés. Parmi les cinq jeunes prêtres, trois seulement sont disponibles pour des tâches pastorales, les deux autres poursuivant actuellement des études.