Eglises d'Asie – Chine
Mgr Shao Zhumin a été libéré après 7 mois en résidence surveillée
Publié le 11/01/2018
Depuis le décès de Mgr Zhu Weifang le 9 septembre 2016, Mgr Shao Zhumin, qui devait prendre la tête du diocèse, ne cessait d’être en butte aux tracasseries des autorités. Il était retenu par les autorités depuis 7 mois, en résidence surveillée, à 2 500 kilomètres de son diocèse.
Peu avant Noël, les fidèles du diocèse de Wenzhou, dans la province côtière du Zhejiang, avaient annoncé avoir l’intention de prier et d’effectuer une journée de jeûne le 18 de chaque mois pour leur évêque. ce dernier, depuis le 18 mai dernier, avait disparu de son diocèse, après avoir été « invité » à une entrevue avec des fonctionnaires du Bureau des Affaires religieuses local (1). Depuis, peu de nouvelles au sujet du prélat, d’autant que l’intéressé était injoignable sur son téléphone portable. Le 11 septembre dernier, il avait néanmoins publié un message et une photo sur Wechat, messagerie très populaire en Chine continentale. Il se trouvait alors à l’hôpital Beijing Tongren pour une chirurgie de l’oreille. Quelques jours avant le 19ème congrès du Parti communiste chinois, il avait été conduit de Pékin à Xining, une ville dans la province du Qinghai, à 2 500 km de son évêché.
En juin dernier, une prise de parole inhabituelle de l’ambassadeur d’Allemagne et du Saint-Siège
En juin dernier, l’ambassadeur d’Allemagne en poste à Pékin et Greg Burke, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, avaient tour à tour appelé les autorités chinoises à rendre sa liberté de mouvement à Mgr Shao. « Le Saint-Siège observe avec une grave préoccupation la situation personnelle de Mgr Peter Shao Zhumin », avait déclaré le responsable de la communication du Vatican. Des mots directs de la part du Saint-Siège dont la communication officielle est millimétrée.
Depuis qu’il a succédé à Mgr Vincent Zhu Weifang en tant qu’évêque ordinaire du diocèse en septembre 2016, c’était la quatrième fois que Mgr Shao disparaissait ainsi. Au moment de Pâques, pour l’empêcher de célébrer la messe chrismale, il avait été soustrait à ses fidèles, et maintenu en détention durant quelques jours. En août 2016, quelques jours avant le décès de Mgr Zhu Weifang, Mgr Shao avait déjà été envoyé dans la lointaine province du Qinghai. Les autorités avaient ainsi empêché Mgr Shao de présider les funérailles de Mgr Zhu : ce geste aurait posé aux yeux de tous le fait que Mgr Shao était l’évêque en titre de cet important diocèse. Puis en septembre 2016, il avait à nouveau été renvoyé dans la lointaine province du Qinghai, pour l’empêcher de célébrer les obsèques de de l’évêque « officiel » de Taizhou, diocèse voisin de Wenzhou.
Quatre conditions pour être reconnu par le gouvernement
En 2007, le P. Shao, membre du clergé « clandestin », avait été nommé évêque coadjuteur de Wenzhou. Le P. Vincent Zhu Weifang, membre du clergé « officiel », était, lui, nommé évêque titulaire de Wenzhou. L’un étant âgé de 44 ans, l’autre de 81 ans, il était entendu qu’à la mort de Mgr Zhu, Mgr Shao prendrait la direction du diocèse tout entier. En agissant ainsi, le Saint-Siège souhaitait favoriser l’unité de l’Eglise dans un diocèse où les « clandestins » sont estimés à quelque 80 000 fidèles, les « officiels » étant moitié moins. Une unité par ailleurs souhaitée par la majeure partie des prêtres de Wenzhou, « officiels » comme « clandestins » mais celle-ci s’est cependant heurtée aux manœuvres permanentes d’immixtion des autorités civiles dans la vie de l’Eglise.
Selon Ucanews, les autorités ont fait savoir à Mgr Shao qu’il lui fallait respecter quatre conditions pour qu’il obtienne la reconnaissance du gouvernement. A savoir : reconnaître l’indépendance de l’Eglise vis-à-vis du Saint-Siège, admettre la nomination des évêques par les autorités chinoises, concélébrer une messe avec un évêque non reconnu par le Vatican et respecter des dispositions encadrant les religions qui entreront en vigueur le 1er février prochain.