Eglises d'Asie – Chine
Un chercheur de l’Académie chinoise des sciences sociales s’interroge sur la nécessité de maintenir l’Assemblée nationale des représentants catholiques
Publié le 25/09/2010
Membre de l’Institut d’études des religions de l’Académie chinoise des sciences sociales, principal think tank du gouvernement chinois, Wang Meixiu a écrit ces recommandations dans le Rapport annuel sur les religions en Chine publié par l’Académie le 11 août dernier à Pékin (2). Dans son article, la chercheuse observe qu’au cours de la décennie écoulée, l’Eglise catholique en Chine a multiplié les contacts avec l’Eglise universelle. Dans ce contexte, poursuit-elle, il est pertinent de s’interroger sur les raisons qui font qu’en Chine continuent d’exister des institutions que l’on ne rencontre que dans ce pays. Wang Meixiu cite à cet égard l’Assemblée nationale des représentants catholiques et pose la question des rôles respectifs de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique.
A propos de la Conférence épiscopale (qui ne réunit que les évêques « officiels ») et de l’Association patriotique des catholiques chinois, la chercheuse remarque que, bien que ces deux organismes soient des entités distinctes, dotées chacune de leur propre constitution, elles ont agi de manière de plus en plus étroite au fil de ces dernières années, hormis quelques exceptions. « Cela a affaibli le rôle, l’efficacité et l’influence de chacun de ces deux organismes », écrit Wang Meixiu.
La chercheuse poursuit en préconisant un partage plus net des fonctions : à la Conférence des évêques la tâche de conduire l’Eglise, et à l’Association patriotique celle de servir de lien, de « pont » entre l’Eglise et l’Etat. Une telle organisation permettrait un développement plus sain de l’Eglise en même temps qu’elle en améliorerait l’image. De plus, une dissociation claire des fonctions entre les deux organismes aurait pour avantage une meilleure mise en œuvre de la politique religieuse de l’Etat, plaide encore Wang Meixiu.
Quant à l’Assemblée nationale des représentants catholiques, la chercheuse rappelle que cette instance est supposée être la plus haute autorité de l’Eglise en Chine dans la mesure où ce sont ses membres qui, en se réunissant tous les cinq ans, élisent les organes dirigeants tant de la Conférence épiscopale que de l’Association patriotique. Or, depuis le décès en 2005 et en 2007 des présidents de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique, l’Assemblée nationale des représentants catholiques n’a pas été réunie. Si la Septième Assemblée remonte à 2004, la Huitième n’a toujours pas été convoquée ; depuis 2009, sa convocation a été repoussée à plusieurs reprises. « Plus l’élection des futurs dirigeants est repoussée, plus la tenue de la [Huitième] Assemblée prend de l’importance », explique la chercheuse, qui ajoute qu’il faudra attendre la clôture de l’Exposition universelle de Shanghai, en octobre 2010, pour que l’Assemblée puisse être convoquée. Les autorités ont consacré d’importantes ressources à l’Exposition et n’ont pas souhaité qu’en termes d’image, son déroulement soit terni par la tenue d’une « assemblée catholique potentiellement sujette à critique ».
On peut penser que Wang Meixiu fait ici allusion à deux types de « critique ». En Chine même, les autorités rencontrent des difficultés grandissantes à obtenir que les évêques « officiels » et reconnus par Rome avalisent sans rechigner les mesures qu’elles prennent. Il semble ainsi que la probable élection de Mgr Joseph Ma Yinglin, évêque « officiel » de Kunming non reconnu par le pape, à la tête de la Conférence épiscopale ou de l’Association patriotique suscite des oppositions au sein de l’épiscopat (3). Pour contrer ces oppositions, les autorités multiplient les pressions et les réunions (4).
En dehors de Chine, dans sa Lettre aux catholiques chinois de 2007, le pape Benoît XVI a très clairement indiqué qu’il n’était pas possible que des agences étatiques se trouvent placées au-dessus des évêques et leur dictent ce que doit être la conduite de leurs Eglises locales (5). Les autorités chinoises, qui ont pris connaissance de cette lettre, savent que l’élection d’un évêque non reconnu par Rome à la tête d’une instance « officielle », fut-ce la Conférence épiscopale, ne pourrait qu’être mal accueillie par le Saint-Siège.