Eglises d'Asie

Appel poignant du cardinal Bo pour que 2017 devienne l’Année de la Paix véritable

Publié le 22/12/2016




« Il est temps de se rassembler, religions et groupes ethniques, afin que 2017 devienne véritablement l’année de la paix. La paix est possible grâce à la justice, grâce à des négociations. Nous invitons toutes les religions à faire du 1er janvier 2017, une journée de jeûne et de prière pour la paix en …

Birmanie », a appelé le cardinal Charles Maung Bo, archevêque catholique de Rangoun, dans son message de Noël, relayé par l’agence Fides.

Ces dernières semaines, les tensions sont vives en Birmanie, et particulièrement dans l’Etat de l’Arakan, où la répression brutale de la minorité musulmane Rohingya par l’armée gouvernementale birmane suscite de vives critiques internationales. Les Nations Unies ont notamment accusé le gouvernement birman d’épuration ethnique alors que ce dernier continue de nier les allégations de violations des droits de l’homme. Pourtant, dans cette région de l’ouest contrôlée par l’armée, plus de 27 000 Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin depuis début octobre. Sur place, l’armée empêche journalistes et ONG d’accéder à la zone, où les conditions humaines et sanitaires sont jugées critiques pour des dizaines de milliers de Rohingyas.

Des conflits ethniques dans différentes régions

« Faisons en sorte que tous les fidèles qui afflueront dans nos monastères, nos temples, nos mosquées et nos églises portent sur eux des signes appelant à ‘stopper toutes les guerres’. Essayons de passer ce premier jour de l’année 2017 unis dans le jeûne et la prière, afin que le cœur de tous les Birmans change et que la paix s’installe. Il est urgent de mettre fin à ces guerres et de faire de 2017, l’année de la paix véritable », écrit avec force et détermination Mgr Charles Bo.

« Chers frères et sœurs de Birmanie, chacun d’entre nous va souhaiter ‘une joyeuse nouvelle année’. Chaque année, nous formulons ce vœu à notre entourage. Mais franchement, aujourd’hui, la joie n’existe plus dans beaucoup de nos régions. Des guerres continuent à différents endroits et plus de 200 000 personnes ont dû fuir dans des camps de réfugiés. Cette année, ce ne sera donc pas une joyeuse nouvelle année. La guerre qui a commencé il y a soixante ans fait toujours rage. Le Cambodge a mis fin à des années de conflits, le Vietnam aussi. Nos pays voisins sont sur la voie de la paix et de la prospérité. Nous, en Birmanie, nous sommes encore impliqués dans des guerres impossibles à gagner. L’agonie des populations contraintes à l’exode est la conséquence de ces violences. La majorité silencieuse du peuple birman a été spectatrice de cette guerre chronique. Maintenant, le temps est venu de nous rassembler et d’être unis pour une paix véritable », insiste le cardinal, principale figure d’une Eglise qui réunit 1,5 % de la population.

L’Etat de l’Arakan n’est effectivement pas le seul Etat du pays à être touché par les violences des combats. Au nord du pays, un rapport d’une ONG kachin estime que dans l’Etat kachin, les offensives de l’armée birmane se sont intensifiées depuis l’arrivée au pouvoir de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti politique d’Aung San Suu Kyi. « La guerre fait désormais rage sur le territoire de trois diocèses kachin, occasionnant davantage de déplacements de population », déplorait Mgr Charles Bo le mois dernier.

A la mi-novembre déjà, différents responsables religieux avaient appelé le gouvernement birman à la paix, demandant aux dirigeants d’élaborer une politique commune de résolution des conflits ethniques et religieux. La conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, avait pourtant fait de la paix sa première priorité, il y a un an, après sa victoire aux élections législatives. Actuellement chef de facto du gouvernement, elle est vivement critiquée pour son inertie vis-à-vis de la répression visant les Rohingyas.

« Comment pouvons-nous célébrer Noël équitablement alors que des milliers de nos frères et sœurs continuent de dépérir chaque jour dans des camps, à cause de nos guerres ? (…) J’appelle aujourd’hui tous les chrétiens et mes compatriotes à se mobiliser pour la paix, car, sans nos efforts conjoints, la paix ne pourra prévaloir. Ceux qui croient au pouvoir des armes n’ont apporté aucun résultat. En ayant la foi, nous pouvons déplacer des montagnes », affirme Mgr Bo dans son message de Noël. « J’espère que le nouveau gouvernement, l’armée et les différents groupes armés feront en sorte que la guerre fasse rapidement partie du passé. La paix nous apportera la prospérité. Auparavant, nous étions le pays le plus riche de la région. Aujourd’hui, nous sommes un des pays les plus pauvres. Notre richesse spirituelle est mondialement connue. J’ai bon espoir que ce Noël soit le dernier où nous ayons besoin de prier pour la paix en Birmanie », conclut-il.

(eda/nfb)