… la première transition de pouvoir démocratique. Les Etats-Unis sont un soutien de longue date pour le Cambodge où ils ont investi des millions de dollars afin d’y favoriser l’émergence d’un régime démocratique. Mais depuis quelques années, Hun Sen s’est rapproché de la Chine et a attisé l’animosité des Etats-Unis, notamment en annulant les exercices militaires conjoints et en dénonçant publiquement la dette du pays (Cambodia Daily – CD du 02.05.2017).
Plus de 20 000 personnes sont enregistrées en tant qu’observateurs indépendants pour les élections municipales. C’est bien plus que pour les élections de 2012 et les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 24 mai. Les observateurs peuvent assister aux procédures électorales le jour de l’élection mais ne peuvent pas intervenir même s’ils constatent des irrégularités. Ils peuvent cependant les dénoncer a posteriori. Observateurs et agents politiques envoyés par les partis eux-mêmes sont à distinguer. Le Comité des élections nationales autorise en effet chaque parti à enregistrer un agent par bureau de vote et un autre en réserve (CD du 03.05.2017).
Après avoir plusieurs fois rejeté la proposition d’amendement des lois internes du parti de l’opposition, le ministère de l’Intérieur a accepté, le 3 mai, les modifications envisagées. Cependant, la nomination des trois vice-présidents n’est toujours pas validée. Le PNSC (Parti National du Salut du Cambodge) organisera au retour de Kem Sokha de son voyage aux Etats-Unis, une nouvelle réunion afin de nommer à nouveau le même trio et de soumettre leurs noms au ministère (CD du 04.05.2017).
Plusieurs officiers de police se sont présentés au meeting privé du PNSC en vue de stopper l’événement mais ont renoncé face au nombre important de participants. Le chef de la police du district a justifié cette action en mentionnant l’interdiction de faire campagne durant les deux semaines précédant les élections, qui auront lieu le 4 juin. Les organisateurs ont pourtant bien précisé qu’il s’agissait d’une réunion pour les activistes uniquement (CD du 05.05.2017).
Le 17 mai, un porte-parole du parti en place a déclaré que l’armée soutiendrait le gouvernement en cas de contestation lors des élections, confirmant la déclaration précédente du ministre de la Défense, Tea Banh. Ce dernier a affirmé qu’il « casserait les dents » des contestataires de l’opposition qui contesteraient le résultat des élections. Kem Sokha a appelé ses troupes à garder leur calme et à se focaliser uniquement sur leur programme politique. Il a répété que son parti résoudrait toute contestation pacifiquement et a promis qu’il n’y aurait aucune guerre si le PNSC gagnait les élections, contrairement à ce que prétend le Premier ministre Hun Sen (CD du 18.05.2017).
Dans une ultime tentative pour faire approuver ses trois vice-présidents, le PNSC à procédé à leur réélection conformément à son règlement interne finalement entériné par le ministre de l’Intérieur (CD du 18.05.207).
Des tests ont été menés sur l’encre indélébile utilisée lors des élections afin d’éviter les votes multiples. Si la plupart des participants ont déclaré le test concluant après avoir lavé leurs mains avec un shampooing suspecté d’effacer l’encre de la peau, Morn Phalla, le chef du comité exécutif du PNSC, est apparu avec la main sans tache d’encre visible. Il a demandé au Comité des élections de remplacer l’encre pour les prochaines élections mais reste optimiste car les récentes réformes du comité (liste des votants mise à jour, obligation de présenter une carte d’électeur au bureau de vote, contrôle par les deux partis et amendes dissuasives) devraient garantir l’absence des votes multiples. Le président du Comité des élections a confirmé qu’aucune encre ne pouvait être indélébile à 100 % et a promis des sanctions légales contre tout fraudeur (CD du 18.05.2017).
Plusieurs syndicats d’usines textile ont demandé au gouvernement d’octroyer aux employés de ce secteur trois jours de congés payés et une avance sur salaire afin de pouvoir retourner dans leur province d’origine pour voter. Le secrétaire général de l’association des manufactures de textile est en désaccord avec les syndicats. Pour ces élections, les travailleurs migrants étaient autorisés à s’enregistrer auprès de la commune de leur lieu de travail. Cependant, pendant les inscriptions, le PNSC avait encouragé les ouvriers à s’enregistrer auprès de leur commune d’origine plutôt qu’à Phnom Penh où le gouvernement jouit d’un fort taux de soutien (CD du 25.05.2017).
Le parti au pouvoir a déposé quinze plaintes contre le PNSC auprès du Comité des élections nationales durant les quatre premiers jours de campagne et le PNSC a déposé cinq plaintes contre le PPC (Parti du Peuple Cambodgien). La moitié de ces plaintes a été réglée par des compromis (CD du 25.05.2017).
A quelques jours des élections, trois membres du PNSC de la province Koh Kong ont décidé de rejoindre le PPC (CD du 31.05.2017).
Divers
* Les vice-présidents élus du PNSC, Pol Ham et Eng Chhay Eang, se sont rendu en Corée du Sud afin de rencontrer les travailleurs cambodgiens et de promouvoir le parti auprès d’eux. Selon le Premier ministre Hun Sen, plus de 40 000 Cambodgiens travaillent et vivent en Corée du Sud (CD du 01.05.2017).
* Le Premier ministre Hun SEN a été hospitalisé le 3 mai à Singapour pour fatigue extrême. Il a dû annuler des réunions notamment avec des diplomates étrangers. Le choix de Hun Sen de confier sa santé aux médecins de Singapour et non de se faire soigner localement a déjà fait l’objet de controverses par le passé (CD du 05.05.2017).
Economie
* Entre 200 et 300 travailleurs du bâtiment se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale le 30 avril afin de faire entendre leurs revendications (CD du 01.05.2017).
Des milliers de travailleurs ont à nouveau défié les autorités en organisant une marche dans le centre de Phnom Penh, le 1er mai au matin, pour marquer la fête internationale du travail afin de porter leur liste de revendications devant l’Assemblée nationale. Ils ont été bloqués par la police, comme l’année dernière. Après des négociations, ils ont finalement été autorisés à marcher quelques mètres jusqu’à l’ambassade d’Australie. Bien que les travailleurs n’aient pas pu atteindre l’Assemblée nationale, une législatrice et membre de l’assemblée parlementaire est venu à leur rencontre et a accepté de prendre leurs demandes qu’elle essayera de remettre au Premier ministre (CD du 02.05.2017).
* Le 17 mai, plus de 1 000 ouvriers d’une usine de textile sud-coréenne « Gawon Apparel » ont bloqué la route 21 dans la commune de Takhmao (province de Kandal) de 7h30 à 14h30 afin d’attirer l’attention des autorités. Ils n’ont pas reçu leur salaire du mois d’avril. La contestation s’est terminée après des négociations avec le propriétaire de l’usine, qui a offert 50 dollars à chacun d’eux et promis de leur verser leurs salaires durant le weekend (CD du 18.05.2017).
Société
Droits de l’homme
* Huot Khim Vuthy, journaliste de Radio Free Asia, est accusé par le gouvernement de fausse déclaration, un délit passible de deux ans de prison, suite à sa récente visite à un groupe de prisonniers comprenant des membres du parti de l’opposition et des activistes. Selon sa déclaration, il aurait laissé blanc le champ « profession » du formulaire à remplir à l’entrée de la prison mais, selon les autorités, il s’est présenté comme un assistant du groupe de visiteurs appartenant au PNSC. Son audition devant la cour était prévue le 2 mai mais il a quitté le pays pour se rendre aux Etats-Unis en passant par la Thaïlande (CD du 02.05.2017). La Cour municipale de Phnom Penh a émis un avis de recherche à son encontre. Le Cambodge occupe la 132ème place sur 180 dans le rapport de Reporters sans frontières de cette année, perdant quatre places comparé à l’année dernière (CD du 03.05.2017).
Le 3 mai, Huot Khim Vuthy était de retour sur les ondes pour son programme habituel sur la politique cambodgienne. L’émission, enregistrée depuis les Etats-Unis, a été diffusée le soir à travers tout le Cambodge, au lendemain de l’avis de recherche lancé à son encontre (CD du 05.05.2017).
* Le 2 mai, la police a retiré les bannières installées au siège de l’Association pour les droits de l’homme et le développement du Cambodge (« Adhoc »), le groupe de défense des droits de l’homme « Licadho » et l’ONG environnementale « Mère Nature » à Khemara Phoumint-Ville. Ces bannières demandaient la libération des cinq prisonniers politiques détenus depuis plus d’un an sans avoir eu droit à un procès. Le chef de la police locale a déclaré que les associations n’avaient pas obtenu de permission pour accrocher ces bannières et que quelques habitants s’en étaient plaints. Mais lorsqu’on lui demande sur quelle base légale cette décision s’appuyait, le chef de la police a reconnu qu’il n’y en avait pas (CD du 04.05.2017). Les quatre membres d’Adhoc qui avaient fait appel de la prolongation de leur détention provisoire ont été déboutés de leur demande le 24 mai. La prolongation de six mois a été confirmée par la cour d’appel (CD du 25.05.2017).
* Le 8 mai, le Phnom Penh Post a fait paraître un document confidentiel dans lequel les juges d’investigation du tribunal des Khmers Rouges indiquent que les procédures pourraient ne jamais aboutir en raison du manque de fonds. Les juges ont confirmé cette information tout en condamnant la divulgation d’information confidentielle (CD du 09.05.2017).
* Le 30 mai, Amnesty International a publié un rapport intitulé « Cour d’injustice » dans lequel l’association accuse le PPC d’utiliser sa main mise sur le pouvoir judiciaire pour systématiquement harceler et intimider la société civile. Amnesty International somme le gouvernement d’abandonner les charges retenues contre les activistes de l’opposition et les défendeurs des droits de l’homme. Le rapport se termine par neuf recommandations, dont un appel à un meilleur respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire, à l’arrêt de l’utilisation des tribunaux pour atteindre les personnes critiquant le gouvernement, l’annulation de tous les cas en cours contre les défendeurs des droits de l’homme et les activistes de l’opposition (CD du 30.05.2017).
Liberté de la presse
* Le 25 mai, une plainte a été déposée auprès de la cour de la province de Ratanakiri contre deux journalistes du Cambodia Daily pour incitation à soutenir le parti de l’opposition et violation du droit de vote suite à une interview d’un chef de commune au sujet des élections municipales. Le procureur a rejeté la plainte pour manque de preuve (CD du 31.05.2017).
Environnement
* La Marine royale cambodgienne et des experts marins étrangers ont coulés deux containers près des côtes de Koh Rong Samloem (la deuxième île la plus grande de Sihanoukville). Ils serviront d’abri aquatique et permettront au corail de se développer. La plupart du corail a disparu de ces eaux en raison des filets utilisés par les bateaux de pêche (CD du 01.05.2017).
* L’ONG « Mère Nature » a publié en ligne des vidéos et des photographies montrant des bateaux au large des côtes de Sihanoukville draguant du sable malgré l’interdiction en vigueur, notamment deux bateaux à destination de Taiwan et de la Chine. Sous la pression des rapports d’exportation montrant des écarts de dizaine de millions de tonnes de mètres cube entre les déclarations cambodgiennes et étrangères et les plaintes pointant du doigt la destruction de la nature, le ministère des Mines et de l’Energie a cessé de délivrer des autorisations d’exploitation et d’exportation en novembre 2016. Toutefois, beaucoup de pêcheurs locaux témoignent du fait que les opérations n’ont jamais cessé (CD du 03.05.2017).
Déforestation
* Le 28 avril, la police de la province de Ratanakiri a arrêté six journalistes qui avaient pris en filature un camion suspecté de transporter du bois précieux au Vietnam. Selon les journalistes, la police les a arrêtés sans explication et les a retenus assez longtemps pour que le camion s’échappe. Selon la police, un villageois a dénoncé les journalistes qui étaient garés de façon suspecte devant une base militaire (CD du 01.05.2017).
* Les Etats-Unis ont publié une nouvelle image satellite démontrant que l’abattage d’arbres sur des milliers d’hectares continue au sein même des zones protégées malgré les dispositions mises en place par le gouvernement pour réduire fortement la déforestation. Les principaux acteurs mis en cause dans ce cas précis ont des liens avec le gouvernement en place (CD du 05.05.2017).
* De nouvelles informations émanant des autorités douanières vietnamiennes démontre que l’exportation de bois précieux du Cambodge vers le Vietnam continue d’augmenter malgré l’interdiction officielle (CD du 09.05.2017).
* Le 24 mai, trois hommes ont été arrêtés suite à une fusillade dans une administration forestière dans la province de Kompong Chhnang qui a fait un mort et trois blessés. La police suspecte une action commanditée par un marchand de bois mécontent (CD du 25.05.2017).
Energie
* Le 4 mai, la construction de la première raffinerie de pétrole du Cambodge a débuté dans la province de Preah Sihanouk. Il s’agit d’un énorme projet estimé à 1,6 milliard de dollars. La raffinerie devrait être capable de produire environ trois fois les quantités d’hydrocarbure nécessaires au besoin du pays (CD du 05.05.2017).
Lutte antidrogue
* La police a saisi plus de 16 kg de méthamphétamine destinés au Vietnam dans une guest-house près de la province de Svay Rieng. Les autorités vietnamiennes ont arrêté deux ressortissants vietnamiens le 29 avril et ont prévenu les autorités cambodgiennes. Cette saisie est attribuée à la coopération entre les deux pays, peu après la signature d’un accord sur la lutte antidrogue transfrontalier (CD du 02.05.2017).
* Le 9 mai, deux ressortissants étrangers (un Roumain et un Nigérien) ont été condamnés à la prison à vie pour avoir tenté de faire rentrer 5 kg de cocaïne au Cambodge (CD du 10.05.2017).
Divers
* Suite à l’interdiction de tournage d’un an de l’actrice cambodgienne Denny Kwan décrétée par le ministère de la Culture et des Beaux-Arts, pour ses tenues « trop sexy », le ministre de l’Information, en charge du contrôle des médias, remet l’interdiction en question (CD du 05.05.2017).
* Le 9 mai, un Casque bleu cambodgien a été tué dans une embuscade en Centrafrique et trois autres ont été enlevés (CD du 10.05.2017).
(eda/ra)