Eglises d'Asie

Huit évêques participent à une nouvelle ordination épiscopale illicite dans la cathédrale Saint-Joseph à Shantou

Publié le 15/07/2011




Une nouvelle ordination épiscopale illicite a eu lieu à Shantou le 14 juillet 2011, date fixée depuis plusieurs semaines par la partie officielle de l”Eglise catholique en Chine pour cette cérémonie. Le P. Joseph Huang Bingzhang a été ordonné évêque sans mandat du Souverain pontife. Huit évêques, tous approuvés par le Vatican, ont participé à cette ordination qui s’est déroulée à l’intérieur de la cathédrale Saint-Joseph, dans la ville de Shantou, dans la province du Guangdong.

Mgr Joseph Fang Xingyao, évêque de Linyin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois, était l’évêque consécrateur principal. Quatre des évêques participant à cette cérémonie venaient de diocèses de la province de Guangdong. Les trois autres administrent des diocèses situés en diverses parties de la Chine (1). Quelque trente prêtres et un peu plus d’un millier de laïcs étaient présents dans la cathédrale lors de la cérémonie. Cependant, des sources ecclésiastiques ont laissé entendre que moins de la moitié du clergé du diocèse a participé à cette cérémonie. Les prêtres s’étaient éclipsés pour la circonstance et seuls ceux qui ont été trouvés par les fonctionnaires officiels ont été forcés d’assister à l’ordination. La police avait bloqué les rues aux alentours de la cathédrale et personne n’a pu entrer sans présenter un laissez-passer. Seuls les photographes accrédités ont été autorisés à entrer avec une caméra ou un enregistreur de vidéo.

L’ordination de Shantou a eu lieu seulement dix jours après la proclamation par le Vatican de l’excommunication du P. Paul Lei Shiyin, ordonné pour le diocèse de Leshan sans mandat du Souverain pontife. La déclaration pontificale faisant connaître l’excommunication du P. Lei, parue le 4 juillet dernier, annonçait également que Mgr Jean Fang Xingyao et Mgr Paul He Zening, qui avaient participé à l’ordination illicite de Leshan, s’étaient exposés à des sanctions prévues par le droit canon.

L’agence Ucanews (2) a recueilli des confidences d’un prêtre présent à cette ordination et désireux de garder l’anonymat. Celui-ci a déclaré qu’il espérait que le nouvel évêque serait en union avec le clergé pour le plus grand bien de l’Eglise locale. Le plus important, aujourd’hui, a-t-il dit, c’est le pardon, la tolérance et le soutien mutuel. Il a conclu : « Même s’il est excommunié, je travaillerai avec le nouvel évêque sauf en matière de communion sacramentelle… ».Cependant, un peu partout, en Chine, sur les forums de discussion d’Internet, beaucoup de catholiques ont exprimé leur tristesse, leur chagrin et leur impuissance devant cette ordination illicite, la seconde en deux semaines.

Quand à Mgr Pierre Zhuang Jianjian, évêque de Shantou nommé par le pape, ordonné en secret mais jamais reconnu par le gouvernement qui le considère comme un simple prêtre, il est resté en son église de campagne, surveillé par des dizaines de policiers en civil. Il ne reconnaîtra pas le P. Huang comme évêque car il a violé la loi et les principes de l’Eglise. « A moins qu’il ne se repente, nous ne pourrons pas avoir de communion sacramentelle avec lui, car il a choisi de ne pas être en communion avec le pape. »

Dans les jours qui ont précédé l’ordination illicite du P. Huang, depuis Hongkong, des appels et des mises en garde ont été lancés vers l’Eglise du continent et les dirigeants politiques de la Chine. L’évêque de Hongkong, Mgr John Tong Hon, dans un message destiné à ses fidèles, leur a demandé de prier pour que la foi de leurs frères du continent soit préservée. Il a décrit les ordinations illicites en Chine comme totalement manipulées par le gouvernement. Son prédécesseur à Hongkong, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, a fait paraître dans un journal populaire, Apple Daily, un article adressé au président chinois Hu Jintao et au premier ministre Wen Jiabao. Il les exhorte à respecter la liberté religieuse et à ne plus forcer les évêques, les prêtres, les laïcs à agir contre leur conscience (3).