Eglises d'Asie – Malaisie
Des responsables religieux unis dans la lutte contre la traite des êtres humains
Publié le 02/08/2017
« Nous pensons souvent que la traite des êtres humains n’a lieu qu’à l’étranger […]. Nous croyons que c’est un problème éloigné. La traite des êtres humains prend des formes diverses et aujourd’hui des millions de personnes en sont victimes, partout dans le monde. Des hommes, des femmes, des enfants, et même des personnes âgées. La triste réalité est que ce trafic se déroule aussi ici en Malaisie. Dans notre Etat, dans notre ville, et même dans notre voisinage. Quelle réponse apportons-nous à ce crime contre l’humanité ? » interroge Mgr. Julian Leow, archevêque de Kuala Lumpur, dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et annonçant la signature d’une Déclaration interreligieuse contre la traite des êtres humains.
Les minorités religieuses représentées
Dimanche 30 juillet, dix responsables religieux ont répondu à l’appel lancé par Mgr Leow et signé la Déclaration interreligieuse contre la traite des êtres humains, lors d’une cérémonie organisée à l’archidiocèse de Kuala Lumpur.
La Déclaration rappelle que « l’exploitation physique, économique, sexuelle et psychologique d’une personne, pour le profit, le bénéfice et le plaisir d’une autre, va à l’encontre de la conviction fondamentale selon laquelle les hommes sont égaux et disposent de la même liberté et de la même dignité. »
Parmi les signataires figuraient des représentants du bahaïsme, du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme (1). L’actuel Mufti de la Fédération de Malaisie, le Dr Zulkifli Mohamad Al-Bakri, absent, a fait part de son soutien à cette démarche. En janvier 2016, il avait reçu la visite de Mgr Leow, une rencontre qu’il avait qualifiée d’« historique ».
Le cardinal Soter Fernandez et Mgr Tan Sri Murphy Pakiam, archevêque émérite de Kuala Lumpur, ont assisté à la cérémonie, aux côtés de représentants d’organisations non gouvernementales engagées dans la lutte contre ce fléau.
Encourager les fidèles des différentes religions à lutter contre la traite des êtres humains
Pour Mgr Leow, cette Déclaration constitue « une première étape ». Il a encouragé les différents groupes religieux à jouer un rôle plus actif dans la lutte contre la traite des êtres humains, notamment en mettant en commun leurs ressources.
Il a en outre invité les fidèles à s’investir davantage, en fonction de leurs capacités. Un site internet, The Burning Bush, a été créé pour sensibiliser les chrétiens à « l’un des plus anciens péchés ». Des outils, spirituels et matériels, sont ainsi mis à leur disposition.
Archevêque de Kuala Lumpur depuis le 6 octobre 2014, Mgr Leow avait indiqué dans une interview qu’il souhaitait consacrer son épiscopat aux plus faibles. Il avait précisé que le principal défi pour l’Eglise en Malaisie était de « combattre la suspicion entre les religions et les races » [NdT : dans le discours politique malaisien, l’appartenance ethnico-religieuse des Malaisiens est définie par la « race ».]
Selon les donnéees officielles, la Malaisie compte 61,3 % de musulmans, 19,8 % de bouddhistes, 9,2 % de chrétiens (dont 3,5 % de catholiques environ) et 6,3 % d’hindous.
« Des efforts significatifs » de la part du gouvernement
La cérémonie de signature a eu lieu le 30 juillet dernier ; depuis 2005, les Nations Unies organisent ce jour-là la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains. A l’occasion de celle-ci, le pape François a dénoncé une « plaie aberrante ». « Chaque année, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont les victimes innocentes d’exploitation sexuelle, de travail forcé et de trafic d’organes. Nous semblons si habitués à cela que nous considérons ça comme une chose normale. C’est horrible, cruel, criminel ! » s’est indigné le Saint-Père.
Le 27 juin dernier, dans son rapport annuel sur la traite des êtres humains, le département d’Etat américain plaçait la Malaisie au niveau 2, ce qui signifie que le gouvernement de ce pays avait entrepris des « efforts significatifs » pour se conformer aux normes minimales de la loi sur la protection des victimes de la traite sans y parvenir pleinement. En 2013, la Malaisie était considérée comme un pays de niveau 3.
Selon The Global Slavery Index 2016, 128 800 personnes vivent en situation d’esclavage moderne en Malaisie. Le pasteur protestant qui avait été enlevé le 13 février dernier, en plein jour et en pleine rue, pourrait avoir été la victime d’une organisation criminelle spécialisée dans la traite des êtres humains selon The Sun Daily.
(eda/pm)