Eglises d'Asie

Revue de presse du 1er au 31 août 2017

Publié le 06/09/2017




Le 2 septembre, à 23h30, plus de cent policiers ont arrêté Kem Sokha, chef du principal parti d’opposition, dans sa maison, et l’ont conduit à la prison de Trapang Plong. Il est notamment accusé …

… d’être en rapport avec des Américains pour prévoir la destitution de Hun Sen, comme Lon Nol l’avait fait pour Sihanouk en 1970.

Le 29 août le porte-parole du ministère de l’Information avait annoncé qu‘il allait « nettoyer la table » et enquêter au sein du PNSC (Parti national du salut du Cambodge) pour identifier les « partisans de la couleur de la révolution » qui voudraient renverser le gouvernement actuel. Mme Mu Sochua avait nié l’existence de ‘couleur de la révolution’ dans le parti dont elle est vice-présidente.

Politique intérieure

* Le 10 août, le Premier ministre Hun Sen a annoncé l’augmentation salariale de 153 à 168 $ à compter de janvier 2018, au profit des 700.000 ouvriers du pays. Deux syndicats parmi les plus influents du pays ont fait savoir qu’une augmentation de 200 $ permettrait aux ouvriers de subvenir à leurs besoins, vue l’augmentation du prix des denrées. Hun Sen leur a également accordé la libre circulation dans les bus. Par la suite, il a annoncé le libre accès aux soins à tous les travailleurs. Enfin, un projet de pension se mettra en place à partir de 2019, à condition d’avoir travaillé pendant plus de 25 ans. Le coût du projet est estimé à 10 millions de dollars par an. Les observateurs estiment ces mesures normales mais un responsable salarial en déplore le caractère « purement politique ».

* Les Cambodgiens partis travailler à l’étranger, environ 1,7 million de personnes, n’ont pas pu prendre part aux élections communales du 4 juin dernier. Le 30 août, trois associations de travailleurs en Thaïlande ont envoyé une pétition au gouvernement pour réclamer le droit de vote.

Liberté de la presse

Durant le premier Conseil des ministres du 4 août 2017, le Premier ministre a donné ordre aux membres du gouvernement de percevoir les taxes annuelles sur les 5.000 ONG et associations. Le Cambodia Daily, qui est souvent opposé à la politique gouvernementale, s’est vu reprocher 6,3 millions de dollars en taxes impayées depuis 2007. Le fondateur, Bernard Krisher (86 ans) a fait remarquer que le journal avait versé 39 millions de dollars en opérations charitables, notamment dans la construction de 561 écoles à travers tout le pays. Le gouvernement lui a accordé trente jours pour régler sa situation. Le porte-parole du gouvernement a dénié toute intention politique dans cette mesure, bien que beaucoup de sociétés auraient dû faire également l’objet d’un tel redressement. Le 22 août, le journal s’est publiquement fait traiter de « voleur » par le Premier ministre. La presse internationale a réagi pour dénoncer le caractère politique de cette mesure. Le 24 août, le Cambodia Daily a dû fermer ses portes, après 24 ans et 15 jours d’information courageuse.

D’autres organismes de presse comme la VOA (Vox of America), RFA (Radio Free Asia) sont également dans le collimateur du gouvernement pour défaut d’enregistrement officiel et non-paiement de taxes. Ces deux radios sont réputées pour interviewer des opposants au régime. Le ministre de l’Information a d’ores et déjà fermé la radio Mohanokor (21 août), la radio Kampong Cham Radio FM 99,7 (22 août) et 19 radios privées cambodgiennes (26 août) qui relayaient des émissions de VOA et de RFA. Le gouvernement nie le caractère politique de ces mesures. Deux radios peuvent diffuser des émissions venant de l’étranger : Nid d’abeilles, fondée de 1998 par Mom Sonando, qui accepte les directives gouvernementales, et le Centre des Femmes cambodgiennes.

Droits de l’homme

* Le 22 août, l’ambassadeur de l’Union européenne s’est vu reprocher par le Premier ministre l’aide apportée à un consortium de quarante ONG « qui ne respectent pas la neutralité ». L’ambassadeur Georges Edgar a fait remarquer que l’Union européenne avait donné des fonds pour l’éducation et la surveillance des opérations de vote, dont le Comité National Electoral (CNE) gouvernemental avait bénéficié. Le Premier ministre a accusé l’UE de vouloir le renverser.

* Le 23 août, le personnel étranger de l’Institut Démocratique National (NDI) a reçu un ordre d’expulsion. Travaillant au Cambodge depuis 1982, il avait demandé son enregistrement auprès du gouvernement il y a 15 mois, sans avoir reçu de réponse.

* Rhoda Smith, rapporteur général de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, constate que « le pays est au bord du précipice ». Outre les problèmes habituels, elle s’inquiète de la rhétorique outrancière des gens aux pouvoirs lors des dernières élections, des entraves à la liberté des ONG de défense des droits de l’homme. Selon le vice-président du sous-comité de défense des droits de l’homme, en date du 15 août, « si la répression ne cesse pas, l’Union Européenne devra repenser sa politique commerciale. »

* D’après le gouvernement, le contrôle plus strict des impôts et taxes a fait entrer 735 millions de dollars l’an dernier dans les coffres de l’Etat, et 612 millions durant les 7 premiers mois de cette année.

Justice

Mme Tep Vanny, emprisonnée depuis les manifestations de 2016 contre les spoliations de terrains à Phnom Penh, vient de passer à nouveau en jugement et a été condamnée à 30 mois de prison.

Economie

* Dans un récent compte-rendu, l’ONG Global Witness, ONG de défense de l’environnement et anti-corruption, estime que la famille de Hun Sen détient des parts dans plus de 100 sociétés dans différents secteurs économiques, dont les forêts, et détiendrait un capital de plus de 200 millions de dollars. Les enfants du Premier ministre accusent Global Witness de salir le nom de leur père. Quant à Hun Sen, il traite l’ONG d’« ignorante, stupide et folle ». Le Premier ministre a fait remarquer que le Cambodge avait planté près d’un million d’hectares en hévéas (le double du Vietnam).

* Le Cambodge dispose d’un budget annuel de 5 milliards de dollars, en augmentation de 7% par an. Le Japon a versé 3,4 milliards de dollars de 1992 à 2015, et vient récemment d’accorder un don de 35 millions pour les dégâts de l’inondation par le Mékong, 209 millions pour l’agrandissement du port de Sihanoukville. En 2016, l’exportation de produits textile a rapporté 6 milliards de dollars.

* On a découvert une nappe de pétrole très au large de Sihanoukville qui permettrait d’envisager une entrée de devise de 500 millions de dollars.

Politique extérieure

* Le Laos et le Cambodge ont été proches de la guerre : le tracé des frontières étant parfois hésitant, une douzaine de soldats laotiens ont pénétré à 7 km à l’intérieur du Cambodge, à Trapéang Kriel. Hun Sen a dû se rendre au Laos et rencontrer son homologue laotien, Thongloun Sisoulith, pour régler le problème. Ils ont tous deux décidé de retirer leurs troupes respectives dès le lendemain matin. Ces troupes laotiennes occupent cette partie du Cambodge depuis avril dernier et un comité de la frontière est toujours au travail. On peut remarquer que pendant les élections de 2008, la Thaïlande avait occupé le temple de Préah Vihéar. Le Laos et le Cambodge ont demandé à la France des précisions sur leurs frontières communes.

* Les Etats-Unis mettent des sanctions au Cambodge ainsi qu’à trois autres pays qui refusent de recevoir des expulsés citoyens de leur pays pour félonie, aux termes d’un accord signés en 2002. 566 Cambodgiens (des réfugiés ou fils de réfugiés) vivant aux Etats Unis ont été déportés depuis.

* Désormais, les étrangers ne pourront plus avoir de visa de long séjour au Cambodge sans avoir un permis de travail. En ce sens, le Cambodge s’aligne aux réglementations des pays voisins.

* Le 4 juin, plusieurs Cambodgiens ont marqué le 68ème anniversaire du rattachement par la France de la Cochinchine au Vietnam.

* Dans sa politique de combat contre la drogue, le Cambodge reçoit des chiens renifleurs placés aux principaux points d’entrée dans le pays. Le prix d’un chien entraîné est de 14.500 dollars. Le Cambodge prévoit d’en entraîner sur place.

(eda/fp)