Eglises d'Asie

Pour l’Eglise du Bangladesh, rebâtir – pour l’agrandir – une église sur un lieu où les catholiques sont présents depuis quatre siècles est un signe de confiance en l’avenir

Publié le 18/03/2010




Pour le diocèse de Chittagong, bâtir une nouvelle église là où les catholiques sont présents depuis le XVIe siècle montre combien la communauté catholique du Bangladesh croit à son avenir. La nouvelle église de Notre Dame du Bon Conseil, édifiée à la place de sa sour aînée, bâtie en 1764, a été consacrée le 14 avril dernier, jour du Nouvel An bengali. Les évêques des six diocèses du pays et le nonce apostolique, Mgr Paul Tschang In-am, concélébraient, entourés d’une foule de 2 000 fidèles, dont des élus locaux et des représentants du gouvernement (1). La nouvelle église se situe à Padrishibpur, dans le district de Barisal, à quelque 275 km. au sud de Dacca, là où, a expliqué Mgr Patrick D’Rozario dans son homélie, les missionnaires portugais avaient construit la première église Notre Dame du Bon Conseil deux cent quarante-deux ans plus tôt. Mgr D’Rozazio est l’évêque de Chittagong.

Ce sont des missionnaires portugais en effet qui furent à l’origine de la communauté catholique locale, en 1537. A la fin de la présence portugaise, la mission continua à se développer et, en 1845, fut créé le vicariat du Bengale oriental dont la résidence fut fixée à Chittagong. “Construire une nouvelle église pour une vieille communauté est un message significatif qui nous dit ce qu’est la nature de l’Eglise catholique a souligné Mgr Tschang, lors de la cérémonie de consécration. Il a aussi rappelé que le pape Jean-Paul II “avait invité les chrétiens du Bangladesh à rester fidèles à leurs racines chrétiennes sans gaspiller leur héritage au nom de la modernité”. Une part de cet héritage, dans le diocèse de Chittagong, est incarnée dans la personne d’un témoin de la foi, le P. Francesco Fernandez. Ce jésuite, qui eut les yeux crevés en captivité et fut torturé à mort, est décédé en 1602, quatre ans après son arrivée dans la région. Il est considéré comme le premier martyr du diocèse.

La communauté catholique de Padrishibpur a grandi et l’église bâtie en 1764, devenue trop petite, fut remplacée par une plus grande en 1823 (2). Cette dernière a été restaurée plusieurs fois, la dernière rénovation ayant eu lieu en 1993. Mais devenue dangereuse, elle dut être démolie en 2004. C’est le curé de la paroisse, un missionnaire italien, le P. Ezio Macaretti, qui est aussi architecte, qui a dessiné les plans de la nouvelle église.

Mgr D’Rozario a exprimé sa reconnaissance pour la générosité des Bangladais et de leurs voisins du Bengale occidental (Inde). Les sommes récoltées localement ont en effet permis de financer 20 % de l’ensemble du coût total de la construction, qui s’est élevé à 100 millions de takas (135 000 euros). Les quatre cinquièmes des fonds nécessaires ont été trouvés auprès des agences de financement internationales de l’Eglise.

Dans son homélie, prononcée lors de la messe d’inauguration, Mgr Michael Rozario, archevêque de Dacca, a évoqué “la tradition enracinée dans la paroisse de Padrishibpur qui nous pousse à grandir avec enthousiasme”. Cependant, a-t-il ajouté, “la construction d’une vaste église ne suffit pas. Nos cours, nos esprits et nos pensées sont appelés à la sainteté, afin qu’ils puissent montrer à ceux qui nous entourent quel est le vrai sens des valeurs chrétiennes.”