Eglises d'Asie – Pakistan
A une semaine de Noël, la communauté chrétienne du Pakistan frappée par un attentat
Publié le 18/12/2017
Lundi après-midi, Sadiq Daniel, « l’évêque » de la communauté méthodiste, a célébré les funérailles des neuf fidèles décédés lors de l’attentat suicide commis la veille par deux terroristes contre une église de Quetta. Dans celle-ci, plus de 400 personnes, dont 80 enfants, étaient alors réunies quand deux terroristes ont tenté de pénétrer dans l’église. L’un d’entre eux a activé sa ceinture d’explosifs tandis que l’autre a été abattu par les forces de sécurité.
« Une attaque lâche et inhumaine contre l’église et des fidèles innocents »
Les autorités politiques et religieuses du pays ont vivement condamné ce attentat, revendiqué par l’Etat Islamique. La conférence Justice et Paix de la Conférence épiscopale du Pakistan a condamné « une attaque lâche et inhumaine contre l’église et des fidèles innocents » et a souligné « la nécessité de renforcer les mesures de protection de tous les citoyens, en particulier pendant cette période de Noël ». Les autorités politiques ont, de leur côté, annoncé avoir pris la décision de renforcer les dispositifs de sécurité autour des lieux de culte des minorités religieuses de ce pays. Selon AsiaNews, 2 310 policiers supplémentaires devraient être déployés autour de 1 253 sites religieux appartenant à des minorités, dont 703 temples hindous, 523 églises, 21 mosquées ahmadis et six gurdwara de la communauté sikhe.
Hier soir, une veillée de prière interreligieuse était organisée en la Cathédrale de Lahore en mémoire des victimes de l’attentat. « En ce moment de souffrance, il faut demeurer unis. Cette attaque veut nous séparer et créer des divisions au sein de la société et entre les communautés religieuses. Mais nous demeurerons unis et fermes dans notre foi. Que le Seigneur nous accorde force, sagesse, tolérance et paix » a notamment déclaré Mgr Sebastian Francis Shaw, archevêque de Lahore, selon l’agence d’information Fides.
Une minorité déconsidérée et discriminée contrainte à fuir le pays
En août 2016, la communauté chrétienne de Quetta avait déjà été frappée par un attentat terroriste au cours duquel 73 personnes avaient été tuées. Et plus tôt cette année-là, le 27 mars, un attentat-suicide avait frappé en plein cœur de nombreuses familles venues jouer avec leurs enfants dans le vaste parc parc Gulshan-i-Iqbal, après la messe de Pâques. Ce soir-là, 78 personnes avaient perdu la vie et 300 personnes avaient été blessées.
Les chrétiens, deuxième minorité religieuse après les hindous, représentent près de 2 % des 200 millions de Pakistanais. Issus des basses castes hindoues du XIXème siècle, ils restent encore aujourd’hui déconsidérés et discriminés, et font majoritairement partie des classes sociales les plus basses de la société pakistanaise, exerçant des métiers dévalorisés, comme nettoyeurs de rues ou éboueurs. Beaucoup d’entre eux, souffrent régulièrement de persécutions – lois anti-blasphème, conversions forcées, enlèvements des filles et des femmes – et fuient leur pays.