Eglises d'Asie

Mindanao : des militaires impliqués dans l’assassinat du P. Fausto Tentorio ?

Publié le 03/01/2018




Le P. Fausto Tentorio, membre de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME), avait été abattu en plein jour le 17 octobre 2011 dans l’enceinte de son église. Le 27 décembre dernier, des poursuites judiciaires ont été engagées à l’encontre de deux militaires.

Le 27 décembre dernier, des poursuites judiciaires ont été engagées à l’encontre de deux militaires et de plusieurs miliciens suspectés d’être impliqués dans l’assassinat du P. Fausto Tentorio. Ce dernier, membre de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME), avait été abattu en plein jour le 17 octobre 2011 dans l’enceinte de son église, dans la ville d’Arakan, diocèse de Kidapawan, au centre de l’île de Mindanao.

Présent aux Philippines depuis 1978, engagé de longue date dans la défense du droit des peuples autochtones, notamment des Manobos, le P. Fausto Tentorio dérangeait par son apostolat les intérêts de l’armée aussi bien que ceux des grands propriétaires terriens et des magnats de l’industrie minière. Il avait notamment échappé, en 2003, à un guet-apens.

« Un simple meurtre »

Lors d’une conférence de presse, le procureur de la République, Peter Ong, a exclu le caractère politique de cet homicide, soulignant qu’il s’agissait d’un « simple meurtre ».

Mgr Jose Colin Bagaforo, évêque de Kidapawan, a salué cette nouvelle, en faisant état de ses préoccupations concernant les commanditaires de cet assassinat. « Les hommes qui sont maintenant en train d’être inculpés pourraient juste être des pions […] Nous aimerions savoir qui est derrière le meurtre, qui a donné l’ordre » a-t-il notamment déclaré à Ucanews.

En 2017, deux opérateurs pastoraux assassinés en Asie

Pour Cristina Palabay, secrétaire-général Karapatan, organisation locale de défense des droits de l’homme, l’assassinat du prêtre constitue « un acte pour faire taire les groupes progressistes » qui s’inscrit dans le programme anti-insurrectionnel de l’Etat.

Selon Nardy Sabino, porte-parole du groupe de Promotion d’une réponse de l’Eglise du peuple (en anglais The Promotion of Church People’s Response), ces développements « renforcent les opinions selon lesquelles les militaires sont à l’origine du meurtre d’autres hommes de Dieu ». « Cela révèle la manière dont ils réduisent aux silence les prêtres-activistes » ajoute-t-il, avant de conclure : « Ce qu’ils ont fait au P. Tentorio, c’est la même chose que celle qu’ils ont faite au P. Marcelito Paez ». Âgé de 72 ans, ce dernier a été abattu le 4 décembre 2017, à Neuva Ecija, dans le centre du pays. Il était connu pour son engagement en faveur de la défense de la justice sociale, en particulier en faveur du respect des droits fondamentaux des plus pauvres. Amnesty International avait à cette occasion dénoncé le « nombre croissant de militants, de dirigeants de communautés et de leaders religieux abattus par des hommes armés non identifiés. »

Selon l’agence d’information Fides, le le P. Marcelito Paez fait partie des deux opérateurs pastoraux tués au cours de l’année 2017 en Asie.