Eglises d'Asie

Des moines bouddhistes auprès des victimes musulmanes à Kandy

Publié le 21/03/2018




De nombreux militaires et de moines bouddhistes ont travaillé ensemble pour dégager les débris laissés par les attaques du 6 mars qui visaient les musulmans de Kandy dans le centre du pays, au cours de laquelle 450 maisons, 20 mosquées, 60 véhicules et de nombreuses boutiques ont été détruits.

Moines bouddhistes et militaires se sont joints afin de reconstruire ensemble et rénover de nombreuses propriétés endommagées durant une série d’émeutes dans la région de Kandy, dans le centre du pays, connue pour ses fameuses plantations de thé. Le gouvernement avait annoncé le 6 mars un état d’urgence nationale, juste après les violences sectaires qui avait provoqué la mort de deux personnes, ainsi que la destruction d’environ 450 maisons appartenant à des musulmans, ainsi que de nombreuses boutiques. Au cours de cette explosion des tensions raciales à Kandy, 60 véhicules ont brûlé et plus de 20 mosquées ont été attaquées. Des actes de violences ont eu lieu non seulement à Kandy, mais également dans plusieurs villes importantes au Sri Lanka.
Des foules de bouddhistes cingalais ont ainsi attaqué les musulmans chez eux, dans leurs lieux de travail ou dans les mosquées. Depuis, les forces de l’ordre ont remené l’ordre et le calme est revenu, malgré les problèmes entre les deux groupes religieux. Le 16 mars, un groupe de moines bouddhistes et de militaires a commencé à dégager les débris, alors qu’a commencé la restauration des sites religieux, des quartiers d’affaires et des maisons.
Le moine vénérable Pilhatha Mahanama Thera, chef du temple bouddhiste Rajagalla Ranthatipokuna, s’est joint aux opérations avec dix autres moines, en dégageant les décombres des mosquées, maisons et boutiques attaqués. « Plus de 250 personnes, en comprenant le personnel militaire et les moines bouddhistes, ont participé à l’opération », confie le moine. « Si nous faisons tout ce que nous pouvons, nous pouvons progresser vers la réconciliation, et contribuer à réparer. Nous aidons à reconstruire après les troubles, dans l’intérêt d’une meilleure entente entre nous. »

10 moines bouddhistes et 200 militaires

« Cela m’a beaucoup attristé », reprend Pilhatha Mahanama Thera. « Nous sommes profondément préoccupés par ces groupes qui sont venus d’autres régions pour mener ces émeutes, en tant que moines bouddhistes, nous assurons de notre solidarité avec les musulmans. » Ces dernières années, des groupes bouddhistes extrémisme comme Mahasohon Balakaya, Bodu Bala Sena ou Ravana Balaya ont prêché la haine des musulmans et ont alerté sur la croissance de la population musulmane au Sri Lanka.
À travers le pays, les défenseurs des droits de l’homme ont invité à la prudence, considérant l’essor de l’intolérance religieuse et de l’extrémisme dans le pays. Beaucoup de familles musulmanes ont recruté des gardiens privés, entre autres formes de protections, afin de se protéger. Cader Mohamed Nijam, membre du comité musulman local, confie que plus de deux cents militaires ont participé à l’opération de reconstruction. Les boutiques, maisons et mosquées endommagées sont confinées à une région relativement restreinte, dans l’est de Kandy. Les bâtiments détruits se trouvent entre les villages de Digana et de Kengalla, sur une distance de plusieurs kilomètres.
« La première étape est le travail de nettoyage dans la mosquée de Digana, qui a été attaquée par la foule. Nous allons également nettoyer trente maisons vandalisées », confie Cader. « Ceux qui ont été touchés par les attaques peuvent toucher une compensation immédiate de la part du gouvernement. »

(Avec Ucanews, Kandy et Colombo)