Eglises d'Asie

Foi et Lumière Hyderabad aide les jeunes handicapés à s’épanouir

Publié le 23/03/2018




Des groupes d’Église aident les jeunes pakistanais souffrant de handicaps physiques ou mentaux à s’épanouir. Parmi eux, Foi et Lumière Pakistan, Caritas Pakistan Hyderabad et l’ONG Hayat-e-Nau. Des familles pakistanaises témoignent de l’épanouissement de leurs enfants, depuis qu’ils ont rejoint les rencontres mensuelles de Foi et Lumière auxquelles participe Mgr Shukardin, l’évêque d’Hyderabad.

Le service de la communauté Foi et Lumière du diocèse d’Hyderabad vient en aide aux enfants pakistanais souffrant d’un handicap physique ou mental, tout en soulageant leurs familles. Mgr Samson Shukardin a en effet invité les familles à amener leurs enfants handicapés au groupe Foi et Lumière, qu’il a lancé dans le diocèse en mai 2012 alors qu’il était encore vicaire général. Une session typique du groupe Foi et Lumière commence par une prière et une lecture de la Bible, suivis d’activités diverses : jeux, danse, dessin, peinture… auxquelles les parents comme les enfants sont invités à participer ensemble, pour les aider à créer des liens.
Riaz Ghulam participe régulièrement à ces rencontres avec ses deux enfants handicapés, Tabish (13 ans) et Nisha (8 ans). Ghulam se réjouit toujours de voir la joie sur leurs visages, chaque fois qu’ils attendent avec impatience la rencontre mensuelle. Ils préparent toujours soigneusement leurs habits pour l’évènement, en allant jusqu’à sortir le fer à repasser pour qu’ils soient impeccables… Avant, confie-t-il, ses enfants montraient peu d’intérêt pour leur apparence et ne se projetaient pas dans le futur de cette manière. « Mon fils avait l’habitude de traîner dans la rue, où il perdait beaucoup de temps… », reprend Riaz. « Nous sommes heureux de voir qu’il s’intéresse aux tâches de la maison, comme aller acheter des légumes par exemple. Il a beaucoup de mal à parler, donc il écrit une liste qu’il peut montrer au commerçant. » Pour Riaz, ces rencontres l’ont rapproché de ses enfants et l’ont aidé à mieux les comprendre. « J’avais souvent tendance à me mettre en colère et à me montrer sévère, chaque fois qu’il y avait un problème. Aujourd’hui, je suis plus calme et je parviens à prendre soi d’eux plus en douceur. Ces rencontres m’ont permis de comprendre que mes enfants ne sont pas un poids, mais une joie. » Parler à d’autres parents rencontrant des difficultés semblables l’a également encouragé : « Cela m’a presque choqué de voir à quel point mon fils changeait. Avant, il manquait souvent la messe, maintenant il n’attend que ça… »

« Je peux faire bien plus que ce que je croyais »

Autre témoin, Inayat Aslam, qui à 19 ans, chaque premier vendredi du mois, prend congé de son travail à l’usine pour participer aux rencontres de Foi et Lumière. Il est malvoyant et il bégaye, ce qui a pausé problème pour son éducation. Malgré tout, il aime ces rencontres où il prend plaisir à apprendre les prières… Cela a provoqué un changement profond en lui, une attitude plus positive qui l’a aidé à trouver du travail il y a quelques mois. Aujourd’hui, il gagne 8 000 roupies pakistanaises (56 euros) par mois, qu’il utilise pour aider sa famille. Il est reconnaissant pour l’estime de soi que procure le fait de pouvoir gagner sa vie et soutenir sa famille, plutôt que d’être une charge. « Je me sens vraiment mal quand les gens refusent de me parler parce qu’ils n’arrivent pas à comprendre ce que je veux dire », confie Inayat. « Parfois, je me cachais des jeunes de mon âge parce qu’ils se moquaient. Mais depuis que je vais à ces rencontres, je comprends que je peux faire bien plus que ce que je croyais, malgré mon handicap. »
Les responsables de l’organisation caritative pakistanaise Hayat-e-Nau et de l’antenne d’Hyderabad de Caritas Pakistan proposent des services de transports pour les familles qui veulent participer aux rencontres. Thomas Waris (15 ans) souffre de malformations au cou et aux jambes. Avant, il se battait tout le temps contre ses camarades qui le provoquaient, mais depuis, il a trouvé un nouveau cercle d’amis, ce qui l’aide à prendre confiance en lui. « Je n’ai pas vraiment d’amis dans le quartier », explique Thomas. « Même si je ne sais pas me battre, les garçons du quartier cherchent toujours à se battre avec moi. »
Thomas assure que les rencontres ont provoqué en lui un éveil spirituel, qui lui fait comprendre qu’il n’était pas seul s’il décidait de suivre Jésus : « Il y a deux mois, j’ai appris que Dieu est amour. Il nous aime et veut que nous nous aimions les uns les autres. » Pourtant, selon son père, Thomas a des difficultés dans ses études ; il a du mal à retenir ce qu’il apprend à l’école. « Il ne veut même plus aller à l’école, parce qu’il se sent différend des autres. Je prie pour qu’il parvienne un jour à apprendre à lire et à écrire. » Cela pourrait bien arriver bientôt, car depuis qu’il participe aux rencontres, cela semble lui avoir donné des ailes… « Je suis heureux que mon fils y ait appris toutes ces prières et qu’il commence à se rendre à l’église régulièrement. Aujourd’hui, il est différent. Il aime apprendre et dessiner. »

« Cela me rend heureux »

Pour Mgr Shukardin c’est une joie de travailler avec les enfants handicapés et défavorisés, et de les voir s’épanouir. « Cela me rend heureux », ajoute l’évêque. « Nous avons tous des faiblesses dans notre corps. Dans mon cas, j’ai une mauvaise vue et je dois porter des lunettes. Je veux que les parents comprennent que leurs enfants ne sont pas seulement précieux à leurs yeux, mais qu’ils sont un don de Dieu. J’aime prendre du temps pour les parents, pour leur enseigner comment ils peuvent s’occuper et prendre soin de ces enfants. J’aime beaucoup mon travail », se réjouit Mgr Shukardin. « Mon neveu souffre à la fois d’un handicap physique et mental. Avant d’entrer au séminaire, je l’aidais beaucoup. Une de mes nièces est également handicapée », explique l’évêque. « Participer à ces rencontres mensuelles m’aide aussi à comprendre mes propres faiblesses et à les dépasser. » La communauté Foi et Lumière s’occupe de deux groupes composés d’environ huit familles, originaire de huit ou neuf paroisses du diocèse d’Hybderabad. Foi et Lumière Pakistan est affilié à la communauté Foi et Lumière International.
Javed Sadiq, quant à lui, est directeur de l’ONG Hayat-e-Nau et dirige un centre de réhabilitation pour les personnes handicapées. Javed reconnaît que travailler avec ces enfants est exigeant, mais également très enrichissant. « Nous aidons les enfants qui viennent dans notre centre à apprendre à lire et à écrire », explique-t-il. Aujourd’hui, il s’occupe de 27 enfants souffrant de handicaps variés : polio, troubles musculaires, défauts de langage, surdité… Ces enfants participent aux rencontres quotidiennes du centre, qui ont lieu de 8 heures du matin à 13 heures. L’ONG a été lancée sous la tutelle de Caritas Pakistan Hyderabad, avant de devenir une ONG indépendante. « Les personnes souffrant d’un handicap physique ou mental trouvent peu d’opportunités en ville, parce qu’on ne leur apprend pas à croire eu eux ou dans leurs capacités », explique Javed. « Mais nous en avons vu s’épanouir et grandir. Certains ont même obtenu des postes au gouvernement. »

(Avec Ucanews, Ayyaz Gulzar, Hyderabad)