Eglises d'Asie

Les réfugiés relogés à l’approche de la mousson

Publié le 06/04/2018




Avec l’approche de la mousson, les réfugiés des camps bangladais se déplacent vers des régions plus élevées afin d’éviter les glissements de terrain et les inondations. Près de 100 000 Rohingyas des camps de Cox’s Bazar ont commencé leur migration pour plus de sécurité alors que commence la saison des pluies…

Les autorités bangladaises ont commencé à transférer des milliers de réfugiés rohingyas vers des régions plus élevées, à l’approche de la mousson. Environ 10 000 réfugiés vivent dans des zones à risque, dans plusieurs camps de Cox’s Bazar au Bangaldesh, et ont été déplacés ces dernières semaines. Environ 100 000 autres réfugiés seront également relogés d’ici juin, selon Muhammad Abul Kalam, de la commission d’État pour la protection et le rapatriement des réfugiés (Refugee relief and repatriation commission). La saison des pluies culmine en particulier durant les mois de juillet et août. « Nous avons identifié 100 000 réfugiés qui ont construit des abris dans des régions inondables. Ces constructions ne tiendront pas face à des inondations ou à des glissements de terrain. Ils sont en train d’être relogés dans d’autres camps pour plus de sécurité », explique Muhammad.
Afin de consolider les abris, des travaux de terrassement sont en cours. La ville de Cox’s Bazar, l’une des régions les plus touristiques du pays, abrite environ un million de réfugiés. Certains d’entre eux se sont installés dans une douzaine de camps formels ou informels, parfois en coupant des arbres. La plupart vivent dans des abris de fortune, faits de bambou et de bâches, souvent installés sur des sols meubles. Mazharul Islam, responsable des catastrophes naturelles pour Caritas Chittagong (seconde ville du pays, sur la côte sud-est), annonce vouloir collaborer avec le gouvernement et les autres organismes d’aide humanitaire. « En premier lieu, nous voulons assurer la sécurité des vies humaines et la solidité des abris des réfugiés. Nous sommes conscients des risques de cyclones et d’inondations au cours des prochains mois. Nous sommes prêts à soutenir le gouvernement dans ces opérations », confie Mazharul.
Les réfugiés ont immédiatement accepté la proposition du gouvernement. Muhammad Hamid, 30 ans, vit sur une colline avec sa femme et ses quatre enfants. Ils sont arrivés dans la région en janvier, après avoir quitté Maungdaw dans l’état de Rakhine. « Nous nous sommes installés ici car il n’y avait plus de place dans les camps. Notre ‘majhi’ [chef de secteur] nous a expliqué que nous allions devoir rejoindre un autre site afin d’éviter les risques de catastrophes naturelles. Nous sommes prêts à bouger, nous comprenons que les inondations peuvent causer des glissements de terrain qui pourraient tous nous ôter la vie », reconnaît Muhammad Hamid. Jamir Uddin, 60 ans, est venu, lui aussi, à Cox’s Bazar en janvier avec les douze membres de sa famille. Ils vivent dans deux tentes, installées sur un terrain accidenté du camp de Balukhali : « Quand nous sommes arrivés ici, tout était déjà complet, alors nous nous sommes installés là malgré les risques. C’est une bonne chose que le gouvernement bangladais puisse nous reloger, car autrement, nous risquerions de subir la mousson dans des conditions dangereuses. »

L’île de Char Piya se prépare à accueillir les réfugiés

En 2016, le gouvernement a annoncé un programme de délocalisation pour plusieurs centaines de milliers de réfugiés vers l’île de Thengar Char (appelée également Char Piya, au large de Chittagong). Plusieurs organisations et la communauté internationale ont critiqué la décision, car des médias bangladais affirment que l’île est inhabitable et sujette aux inondations durant les grandes marées et la mousson. Le gouvernement a donc repoussé le projet sans l’abandonner. Des mesures ont été prises pour aménager l’île avant l’arrivée des réfugiés, selon Muhammad Rezaul Karim, du gouvernement local à Hatiya, dont dépend l’île de Char Piya. L’île est située à environ 25 kilomètres de Hatiya, soit une traversée en bateau d’environ deux heures. « C’est vrai que l’île peut subir des cyclones et des inondations, mais une opération est mise en place pour la rendre vivable. Des pontons et des hélisurfaces ont été construits et les garde-côtes veillent à la sécurité », assure Mhuammad Karim. « Des hauts fonctionnaires contrôlent l’évolution des opérations, mais nous ne savons pas quand les Rohingyas pourront être relogés ici. »
George Soros, de l’Open society fondations, a annoncé, le 2 avril, un plan d’aide de 10 millions de dollars américains afin d’aider les Rohingyas et les communautés réfugiées au Bangladesh. Cette aide comprend un don de 8 millions de dollars destinés à l’ONG Brac, basée aux Bangladesh, ainsi que 2 millions de dollars destinés à d’autres projets d’aide aux réfugiés. « Les Rohingyas ont déjà beaucoup souffert en Birmanie, et à moins que des mesures d’urgence ne soient prises, ces souffrances continueront ici, dès que la saison des pluies commencera », alerte George Soros. L’ONG Brac a envoyé plus de 3 200 personnes sur le terrain. Les projets de l’organisation comprennent l’installation de structures sanitaires et de centres de soins, l’aide à l’éducation et à la subsistance, et le conseil auprès des familles déplacées.

(Avec Ucanews, à Dhaka)