Eglises d'Asie

Deuil national pour le Dr Peries, réalisateur de légende

Publié le 04/05/2018




Après la mort, le 29 avril, du Dr Lester James Peries, réalisateur, producteur et scénariste sri-lankais de légende, le gouvernement a annoncé un jour de deuil national. Trois semaines plus tôt, Peries recevait la visite du président pour ses 99 ans (photo). Les funérailles nationales du réalisateur vétéran ont eu lieu le 2 mai. Selon le père Fernando, de la commission pour les communications sociales, le réalisateur catholique mérite d’être honoré pour avoir fait connaître au monde la culture, la langue et la beauté du Sri Lanka. 

Les Sri-Lankais pleurent le Dr Lester James Peries, décédé le 29 avril à l’hôpital privé de Colombo, à l’âge de 99 ans. Ce réalisateur, producteur et scénariste catholique sri-lankais a révolutionné le cinéma cinghalais, lui apportant une reconnaissance internationale. Il a participé à la création de 28 films, y compris des court-métrages et des documentaires, mais il a connu la notoriété en réalisant les films Rekava et Gamperaliya dans les années 1950 et 1960. Gamperaliya (Changements au village), sorti en 1963, est le premier film cinghalais non musical. Rekava (La ligne du destin), sorti en 1956, a été tourné hors studio, marquant une rupture avec la première décennie du mouvement cinématographique sri-lankais. En effet, les films étaient alors tournés en Inde et se contentaient de mauvaises copies de films indiens à succès.
Gamperaliya est considéré comme une réalisation révolutionnaire, non seulement en quittant le studio, mais aussi grâce à l’audace avec laquelle le Dr Peries a mené son projet, en tournant avec seulement un projecteur et quelques lampes de poche. Aujourd’hui, le film est salué comme un chef-d’œuvre. Une version numérique restaurée du film a été présentée en 2008 au festival de Cannes. C’est le cinquième des films de Lester James Peries à avoir été ainsi présenté à Cannes. « C’est une formidable opportunité », avait alors déclaré sa femme Sumithra Peries, également productrice du film. « Cela donne l’impression que les miracles sont encore possibles. »
Le film Rekava (La ligne du destin) a été nominé à Cannes pour la Palme d’or en 1957, à cause de son originalité culturelle et pour la façon dont le film utilise des tensions familiales pour illustrer des problématiques sociales plus profondes. Peries est devenu réalisateur en 1949, deux ans après l’entrée en scène du cinema sri-lankais avec le premier film en langue cinghalaise, Kadawunu Poronduwa (1947). Irangani Serasinghe, actrice très populaire au Sri-Lanka, a joué dans cinq des films de Peries. Elle décrit celui-ci comme un mentor, qui a contribué à modeler l’évolution du cinéma cinghalais. « Avant la production de Revaka, les caméras sri-lankaises ne quittaient pas le studio », confie l’ancienne actrice de 91 ans. « Avant l’arrivée de Peries, le cinéma cinghalais était clairement influencé et imitait le cinéma du sud de l’Inde », ajoute-t-elle.

Sri Lankabhimanya : fierté du Sri Lanka

Peries a écrit, réalisé et produit le film Revaka, qui se penche sur la vie rurale et sur les croyances mystiques des villageois sri-lankais. Revaka est considéré comme le premier film sri-lankais à s’être affranchi de l’influence indienne. Peries est également connu pour les films Nidanaya, Le Trésor (1972), et pour Golu Hadawatha, Cœur muet (1969). Selon l’actrice Irangani, Peries « voulait montrer la beauté naturelle de l’artiste, sans aucun maquillage, et il nous encourageait sans cesse à jouer d’une façon naturelle ». « C’est la vraie vie qu’il met à l’écran. Ses histoires parlent de la religion, du système de castes, des valeurs culturelles et de la vie rurale au Sri Lanka », ajoute Irangani.
Peries a obtenu un grand nombre de distinctions, aussi bien nationales qu’internationales. En 1965, il a remporté le Golden Peacock Award au New Delhi Film Festival, pour son film Gamperaliya. En 2007, il a reçu la plus haute distinction civile du Sri Lanka, le « Sri Lankabhimanya » (« Fierté du Sri Lanka »), qui n’a été décerné que huit fois depuis 1986. Le père Lal Pushpadewa Fernando, prêtre Oblat de Marie Immaculée et directeur national de la commission épiscopale sri-lankaise pour les communications sociales, se souvient comment Peries a apporté au cinéma sri-lankais naissant le soutien de l’Église. « En 1972, l’Église catholique sri-lankaise a invité plusieurs artistes à un évènement qui marquait le lancement local de SIGNIS [Association catholique mondiale pour la communication] et d’OCIC [Office catholique international du cinéma et de l’audiovisuel] », confie le père Fernando, qui est également président de SIGNIS Sri Lanka. « Depuis, Peries est resté très actif et a continué de soutenir les trois [l’Église, SIGNIS et OCIC]. »
Le Dr Lester James Peries a remporté plusieurs prix de SIGNIS et d’OCIC. En 2017, les deux organisations lui ont remis un prix d’excellence pour l’ensemble de son œuvre. Sa femme Sumithra Peries, également réalisatrice et productrice, travaille toujours aux côtés du jury de SIGNIS. Le père Fernando assure que Peries mérite d’être honoré pour avoir fait connaître au monde la culture, la langue et la beauté du Sri Lanka. « Sa mort est une grande perte pour nous, personne ne pourra jamais le remplacer », ajoute le prêtre. Les funérailles nationales du réalisateur vétéran ont eu lieu le 2 mai. Le gouvernement sri-lankais a également déclaré un jour de deuil national en l’honneur de Peries.

(Avec Ucanews, Colombo)