Eglises d'Asie

Deux ans après, le parti d’Aung San Suu Kyi sous pression

Publié le 15/05/2018




Les deux tiers des 90 partis politiques enregistrés en Birmanie représentent les groupes ethniques minoritaires de l’un des sept états du pays. Divisés, ils peinent à s’unir et feront face au NLD lors des élections partielles de novembre 2018, puis lors des élections générales de 2020. Si les analystes annoncent déjà un pré-bilan mitigé pour le NLD au bout de deux ans, d’autres continueront de soutenir le parti d’Aung San Suu Kyi face à l’ancien régime militaire.

Les élections législatives partielles birmanes qui se profilent en novembre prochain prendront la forme d’un test de popularité pour le parti d’Aung San Suu Kyi, le NLD (National League for Democracy) dans les régions les plus reculées du pays. Les analystes politiques signalent l’économie stagnante et la corruption, et le NLD n’a pas su tenir ses promesses de campagnes à propos du respect de l’ordre, du maintien de la paix et de l’amendement de la Constitution. Tout cela pourrait se refléter dans les résultats du scrutin. « Dans les régions où vivent les minorités, le NLD a peu de chances de l’emporter face aux partis ethniques, en particulier dans les États de Shan, de Rakhine et du Kachin, où ces partis bénéficient d’un fort soutien de la population », explique Yan Myo Thein, un analyste de Rangoun. « Dans les régions à majorité Bamar, le NLD obtiendra probablement des sièges étant donné le manque d’options alternatives et l’absence de candidats indépendants suffisamment expérimentés et compétents. »
Les partis ethniques ont subi de lourdes pertes durant les élections générales de novembre 2015, face au NLD qui a remporté une large victoire contre la junte militaire. Durant les élections partielles de 2017, la Ligue nationale shan pour la démocratie (SNLD) a remporté sept sièges au parlement de l’État Shan tandis que le NLD n’a remporté que neuf sièges sur dix-neuf aux parlements nationaux et régionaux. Le gouvernement a dû faire face à la crise des Rohingyas dans l’ouest du pays, suite à la fuite de plus de 670 000 d’entre eux au Bangladesh. L’analyste Yan Myo Thein pense que la crise n’affectera pas les élections directement. Mais selon lui, la façon dont le NLD a géré la crise pourrait avoir une influence majeure sur les élections de 2020.

« Je ne veux pas de l’ancien régime militaire »

James Ngun hra, de l’ethnie chin et originaire de Hakay, la capitale de l’État Chin, se dit insatisfait de la politique du NLD des deux dernières années. « Mais nous n’avons pas d’autres choix que le NLD, puisque les partis ethniques sont divisés et peinent à s’unir », ajoute-t-il. Jennifer, une catholique de la banlieue de Hlaingtharyar près de Rangoun, estime que le parti NLD a fait face à beaucoup de problèmes tels que la pauvreté, les violences et le chômage. Pour elle, deux années ne sont pas suffisantes pour régler tous ces problèmes. « Je ne veux pas de l’ancien régime militaire, donc nous continuerons à voter pour le NLD », affirme Jennifer. La commission électorale a annoncé le 8 mai que des élections pour 13 sièges vacants au parlement auraient lieu le 3 novembre. Quatre sièges pour la Chambre basse, un siège pour la Chambre haute, et huit pour les parlements des États Kachin, Chin, Shan et Rakhine. Les deux tiers des quelque 90 partis politiques enregistrés représentent des groupes ethniques minoritaires de l’un des sept États du pays. Le taux de participation aux élections partielles de 2017 était de 37 %, soit une baisse de 69 % par rapport aux élections générales de 2015.

(Avec Ucanews, Mandalay)