Eglises d'Asie

Les pêcheurs sri-lankais subissent l’envolée du cours du pétrole

Publié le 17/05/2018




Après avoir doublé le prix du carburant, le gouvernement sri-lankais a cédé à la demande des pêcheurs en réintroduisant des subventions pour les pêcheurs qui peinent à tenir le coup. Le gouvernement se dit incapable de réduire les coûts à cause du cours international du pétrole. Mais selon Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, les pêcheurs sont les plus touchés par la mesure et le gouvernement doit les aider. 

La hausse du prix du carburant a conduit à la protestation généralisée des pêcheurs sri-lankais. Beaucoup d’entre eux ont refusé de prendre la mer depuis le 14 mai. Ils demandent que le gouvernement écoute leurs revendications, exigeant que les coûts du pétrole et du kérosène soient contrôlés. En guise de protestation, ils ont hissé des drapeaux noirs sur leurs bateaux et chalutiers, obligeant les marchés de poisson à fermer et laissant les ports encombrés. Le 10 mai, le gouvernement a augmenté le prix du kérosène de 57 roupies sri-lankaises (30 centimes d’euro) par litre, le prix du pétrole de 20 roupies (11 centimes) et celui du diesel de 14 roupies (7 centimes). Il faut environ vingt à trente-cinq litres de carburant pour une journée de pêche, pour un petit chalutier. La hausse des prix est intenable pour beaucoup de pêcheurs, d’où la décision de rester à quai jusqu’à ce que les prix soient réduits, affirme Loyal Pieris, président de l’Union nationale des pécheurs, qui compte près de 2 000 membres.
Suite aux manifestations et au boycottage de la pêche, le gouvernement a accepté de fournir des subventions aux pêcheurs dès le 18 mai. Mais selon Pieris, les pêcheurs ne pourront se satisfaire de cette mesure, qui a déjà été tentée par le passé. Il continue de demander au gouvernement de réduire les prix de façon généralisée. « La dernière fois qu’ils ont décidé d’envoyer des subventions, des fonctionnaires ont pris leur propre commission sur celles-ci et ont versé ces subventions à d’autres, au lieu de les donner à ceux qui vivent de leurs activités en mer », explique-t-il. « Des milliers de pêcheurs étaient descendus dans la rue en 2012, après une hausse des prix du carburant sous la présidence de Mahinda Rajapaksa [de 2005 à 2015]. Mais la police a tiré sur les manifestants qui protestaient pacifiquement, dont au moins un catholique, Anton Fernando, qui a été tué », ajoute Pieris, qui précise que les ouvrières du thé et les agriculteurs subissent aussi cette soudaine hausse des prix.

« Les pêcheurs sont les plus touchés »

Un autre pêcheur, Anton Samara, de Negombo, confie que le prix des pièces de moteur et de filets a également augmenté plusieurs fois ces derniers mois, ce qui rend les coûts impossibles à suivre au quotidien : « J’ai trois enfants, qui font tous les trois à l’école, et c’est difficile de survivre alors que nous devons dépenser plus d’argent dans le carburant. Certains jours, nous n’attrapons rien, mais nous devons quand même payer pour le kérosène, qui a augmenté d’au moins 130 %. » Le cardinal Malcolm Ranjith, qui a déclaré que les pêcheurs sont ceux qui ont été les plus touchés par la hausse des prix, affirme que c’était le devoir du gouvernement de les aider.
Beaucoup de pêcheurs sri-lankais sont chrétiens, originaires de communautés marginalisées. Ils ont l’habitude de renoncer à une journée de salaire le dimanche pour aller à l’église. Les pêcheurs confient que le travail est difficile, car les filets endommagés peuvent parfois leur coûter jusqu’à une semaine de salaire. S’ils rentrent au port les mains vides, ils se retrouvent avec des dépenses sans aucune rentrée d’argent. Mangala Samaraweera, le ministre des finances sri-lankais, affirme que le gouvernement est incapable de rétablir les prix précédents, à cause de la hausse du cours international du pétrole.

(Avec Ucanews, Negombo)