Eglises d'Asie

L’exode des Maldiviens vers Colombo en quête d’une vie meilleure

Publié le 01/06/2018




Faute d’un accès suffisant aux soins ou à l’éducation, beaucoup d’habitant de l’archipel corallien des Maldives, dont la minuscule capitale Malé est située à près d’une heure du Sri Lanka, viennent chercher une vie meilleure au Sri Lanka. Même si certains d’entre eux n’hésitent pas à venir manifester devant l’ambassade des Maldives à Colombo, leur présence ne semble pas créer de remous. Les Maldiviens se sentent proches de l’histoire du Sri Lanka et évitent de se mêler aux tensions entre la minorité musulmane et la communauté bouddhiste.

Le Sri Lanka accueille beaucoup d’habitants originaires de l’archipel des Maldives, qui viennent y chercher des soins, des études et un meilleur niveau de vie. Les vingt-six atolls des Maldives sont situés à un peu moins d’une heure de vol de la capitale sri-lankaise, Colombo, et l’histoire des Maldiviens est étroitement liée au Sri Lanka. À Malé, la capitale minuscule et très encombrée des Maldives, on trouve bien plus d’immeubles que d’arbres. La plupart des Maldiviens qui arrivent au Sri Lanka dirigent des affaires, car il est difficile d’obtenir un permis de travail. « Le trajet menant des îles à la capitale, Malé, peut être aussi long que pour aller de Malé à Colombo ; alors avec la perspective d’une vie meilleure, beaucoup de Maldiviens préfèrent venir habiter au Sri Lanka », confie l’une d’entre eux, Mariyam. Celle-ci habite au Sri Lanka depuis dix-huit ans, où elle vit avec son mari et ses deux enfants. La famille est musulmane, mais ils sont en sécurité à Colombo, car malgré les tensions entre la minorité musulmane sri-lankaise et la majorité bouddhiste, ils ne s’impliquent pas dans leurs histoires, assure Mariyam. « Ici, je n’ai jamais entendu parler d’aucun Maldivien s’attaquant à d’autres religions », continue Mariyam. Même s’ils sont musulmans, elle ajoute qu’à Colombo, une société multiethnique, ils veulent apprendre à leurs enfants à être tolérants envers les autres religions. Ils se joignent d’ailleurs aux fêtes bouddhistes et chrétiennes. « J’ai appris à mes enfants à respecter les religions des autres. »

Un exode sans vagues

Les Maldiviens, en arrivant, n’ont pas voulu se démarquer en portant le hijab, comme certains des plus conservateurs au Sri Lanka. Selon l’ambassade maldivienne à Colombo, la plupart des Maldiviens viennent chercher avant tout des soins et une éducation. En revanche, ceci met les hôpitaux sri-lankais à l’épreuve. Les Maldiviens, à Malé, peuvent patienter durant plusieurs mois avant de pouvoir bénéficier de soins dentaires ou de subir une opération. Ce sont des gens très sensibles, qui refuseraient d’envoyer leurs enfants seuls au Sri Lanka pour étudier ; ils préfèrent déménager toute la famille à Colombo. Mais les tensions politiques aux Maldives ont parfois rejaillit sur le Sri Lanka, certains résidents maldiviens à Colombo se joignant parfois aux manifestations. En mars, environ 75 manifestants sont restés devant l’ambassade maldivienne, en portant des bannières et des affiches, demandant la libération de détenus politiques, de juges et de militaires qui ont été arrêtés durant un état d’urgence.
Sandhya Ekneligoda, l’épouse d’un journaliste sri-lankais disparu, Prageeth Ekneligoda, a participé en mai 2017 à une manifestation qui s’est tenue devant l’ambassade, afin de protester suite à l’assassinat violent de Yameen Rasheed, un activiste engagé sur les réseaux sociaux. « Nous appelons le gouvernement maldivien à juger les coupables », demande Sandhya. D’autres, sous anonymat, assurent qu’ils n’ont pas participé à ces manifestations. Le Sri Lanka a également été le refuge de politiciens venus des Maldives, comme l’ancien président Mohammed Nasheed (2008-2012), dont la famille a été exilée à Colombo suite à des manifestations contre son gouvernement.

(Avec Ucanews, Colombo)