Eglises d'Asie

Une procession mariale pour la paix du Kachin

Publié le 01/06/2018




L’État Kachin, dans le nord de la Birmanie, est secoué depuis de nombreuses années par les combats entre l’armée birmane et les rebelles Kachin. Après un cessez-le-feu de dix-sept ans, les hostilités ont repris en 2011. Depuis, plus de 120 000 habitants ont dû se réfugier dans 179 camps de déplacés. Ils sont en majorité chrétiens, et le 28 mai, plusieurs milliers de catholiques, dont près de mille déplacés, ont participé à une procession mariale présidée par l’évêque de Myitkyina.

Les catholiques de l’État Kachin, déplacés de force par les conflits qui se poursuivent dans le nord de la Birmanie, se sont joints à des milliers de fidèles lors d’une procession mariale organisée à travers la capitale de l’État, Myitkyina. Le 28 mai, quelque sept mille catholiques ont pris part à la procession présidée par Mgr Francis Daw Tang, évêque de Myitkyina. Le père Pierre Hka Awng Tu, curé de la cathédrale Saint-Colomban de Myitkyina, confie que près de mille personnes déplacées, qui vivent aujourd’hui dans les camps alentour, se sont jointes à la procession. « Nous avons dit le chapelet en priant notre Mère Marie, qui est la Reine de la Paix… pour la paix dans l’État Kachin et dans toute la Birmanie », raconte le père Awng Tu. Selon le prêtre, les conflits entre les rebelles Kachin et l’armée birmane se poursuivent. D’après lui, des rapports affirment que des civils qui essayaient d’éviter les combats sont restés piégés dans la jungle. Plus de 3 000 personnes ont trouvé refuge dans les églises de Myitkyina, Tanai, Letwa, Namti et Tangphre, ajoute le prêtre.
Joseph Tang Sham, qui est venu récemment d’un village près de la commune d’Ingyanyang, témoigne de son espérance que Dieu réponde à ses prières pour la paix du Kachin et de la Birmanie. « Nous voulons retourner chez nous, mais ce n’est pas possible, à cause des combats qui peuvent reprendre à tout moment », ajoute Joseph, qui a participé à la procession. Patrick Gum Seng, un responsable catholique du camp de déplacés Saint-Joesph de Maina, à Waimaw, explique que foi des catholiques de la région est très fervente, et qu’il espère que leurs prières seront entendues. « Nous n’avons pas renoncé à la paix. Nous continuons à prier pour la fin des combats », assure Patrick. En tout, selon les Nations Unies, plus de 7 400 personnes ont été déplacées à cause des combats dans huit cantons, notamment à Tanai, Ingyanyang et Hpakant. Depuis, elles se sont réfugiées dans des églises catholiques et baptistes.

120 000 déplacés depuis 2011

De nouveaux combats ont repris en 2011, après la rupture d’un cessez-le-feu de dix-sept ans, et depuis, plus de 120 000 personnes ont trouvé refuge dans 179 camps de déplacés dans les États Kachin et Shan. L’armée birmane a redoublé les combats dans l’État Kachin début avril, en lançant des attaques contre les rebelles à l’aide d’artillerie lourde, d’hélicoptères et d’avions de combat. Le 8 mai, l’évêque de Myitkyina, Mgr Francis Daw Tang, s’est joint à deux autres évêques de l’État Kachin pour signer une lettre destinée au pape François à propos des conflits, qu’ils ont donnée au pape durant la visite ad limina des évêques birmans à Rome, début mai. « Dans cette lettre, nous avons demandé l’aide du pape François dans les efforts de paix en Birmanie, pour qu’il lance un appel aux dirigeants du pays – au gouvernement civil et aux dirigeants militaires », explique Mgr Tang. « Nous avons souligné l’importance de la négociation et du dialogue pour la paix. » En novembre 2017, le pape François s’était rendu en Birmanie, où il avait appelé la population à travailler pour la paix et la réconciliation du pays. La plus grande partie des 1,7 million d’habitants de l’État Kachin sont chrétiens, dont 116 000 catholiques.

(Avec Ucanews, Mandalay)