Eglises d'Asie

Un nouvel hôpital chrétien inauguré au Pendjab

Publié le 05/06/2018




Selon les soutiens du nouvel hôpital pakistanais construit par les chrétiens du pays, cette réussite contribuera à renforcer les relations interreligieuses. L’hôpital chrétien du Bon Pasteur a été construit à Qila Natha Singh, au Pendjab. Un premier bâtiment de 25 lits, comprenant des services médicaux, gynécologiques, ophtalmologiques et dentaires, ouvrira ses portes en début d’année prochaine. Un pas en avant pour les chrétiens, et un meilleur accès aux soins pour les malades les plus isolés du Pendjab. 

La construction de l’hôpital chrétien évangélique du Bon Pasteur, au Pakistan, est la première entreprise chrétienne de cette ampleur dans la république islamique. Durant deux siècles, les chrétiens ont prodigué des soins dans toute cette région du sous-continent indien. Mais le pasteur Saleem Massey, de Lahore, la capitale de la province du Pendhab, veut aller plus loin. « Tous les hôpitaux chrétiens dans notre pays ont été construits par des missionnaires étrangers », confie-t-il. « L’Église les a hérités de la période post-britannique. La communauté chrétienne a produit beaucoup de médecins et d’infirmières, mais ni les catholiques, ni les protestants ne possèdent une école de médecine. » En plus de prendre soin des malades des régions pauvres, le nouvel hôpital a pour objectif de former des jeunes à s’engager pour le développement économique et social de leur communauté. Encore en construction à Quila Natha Singh, une ville rurale située à 80 kilomètres de Lahore, l’hôpital chrétien du Bon Pasteur devrait être opérationnel en début d’année prochaine. Un premier bâtiment de 25 lits sera d’abord inauguré, hébergeant des services médicaux, gynécologiques, ophtalmologiques et dentaires.
Le ministre de l’État pour les affaires religieuses et l’harmonie interreligieuse, Pir Amin Ul Hasnath Shah, a inauguré le chantier en 2016. Un projet d’extension de 75 lits est prévu, ainsi qu’une école de médecine, une école d’infirmière, une école biblique et des pharmacies… Une grande croix doit être installée à l’entrée de l’hôpital. L’avocat Emmanuel Zaffar, ancien membre chrétien du parlement pakistanais, confie dans son livre, Une histoire brève du christianisme pakistanais (A concise history of Pakistani Christians), que les chrétiens géraient, en 2007, 35 hôpitaux généraux, 26 dispensaires, cinq centres d’ophtalmologie, ainsi que deux écoles d’analyse médicale et deux écoles de radiologie. Le pasteur Massey espère aujourd’hui écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la santé au Pakistan. « Notre devise d’amour, de compassion et de miséricorde changera le regard des musulmans sur les chrétiens au Pakistan », assure-t-il. La plupart des Pakistanais considèrent les États-Unis et les pays d’Europe de l’Ouest comme chrétiens – et les militants musulmans s’attaquent souvent aux chrétiens locaux en les accusant de s’associer aux pays occidentaux. « L’hôpital consolidera notre héritage pour les enfants du pays », ajoute l’ancien psychologue de 60 ans.

Épreuves en vue

Un sérieux manque d’accès à l’électricité pose problème à l’hôpital. « Nous n’avons que quatre heures d’électricité par jour », explique-t-il. « La situation est pire durant l’été. » Un container de 50 000 gallons d’eau (environ 225 000 litres) est en projet, afin de permettre un approvisionnement constant en eau. Massey regrette de n’avoir pas pu obtenir le soutien de plusieurs Églises pour son projet. Toutefois, le père James Channan, coordinateur régional des Religions Unies (United Religions), a invité les chrétiens pakistanais à soutenir le nouvel hôpital. « Le clergé comme les laïcs devraient apporter leur aide pour faire de ce rêve formidable une réalité », confie le prêtre dominicain. « C’est un pas en avant important pour les chrétiens pakistanais. J’admire l’idée du pasteur, qui va permettre d’aider les malades et les pauvres des régions les plus isolées. » Selon le père Channan, le nouvel hôpital devrait aider à renforcer l’harmonie interreligieuse.

Apostolat médical

L’Église pakistanaise est connue pour la qualité de l’enseignement de ses établissements et pour celle de ses organisations caritatives. Et c’est l’hôpital United Christan de Lahore, fondé en 1947 durant la partition de l’Inde et du Pakistan afin de venir en aide aux milliers de migrants malades ou blessés, qui a eu l’honneur d’introduire les premières opérations chirurgicales à cœur ouvert au Pakistan. « En 1969, un premier remplacement de valve cardiaque a eu lieu dans l’hôpital », affirme le site internet de l’hôpital. Quant à l’Église catholique, elle gère neuf hôpitaux dans les diocèses de Karachi, Hyderabad, Lahore, Faisalabad et Islamabad-Rawalpindi. Parmi eux, on trouve l’hôpital Saint-Raphaël, fondé par les sœurs de la Charité de sainte Elizabeth en 1908. Il s’agit de la plus grande maternité de Faisalabad. Sœur Ruth Pfau, de la société des Filles du Cœur de Marie, a quant à elle fondé, en 1963, la première léproserie du Pakistan, le centre Marie Adelaide. Grâce aux efforts de la religieuse, allemande et médecin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré en 1996 que le Pakistan était l’un des premiers pays d’Asie à être parvenu à se libérer de la lèpre. La religieuse s’est vue remise les prix civils les plus prestigieux du Pakistan, Hilal-e-Pakistan et Ilal-e-Imtiaz. Plus tôt ce mois-ci, la Banque d’État du Pakistan a diffusé une pièce de monnaie en mémoire de la religieuse, qui est morte en août 2017.

(Avec Ucanews, Qila Natha Singh)