Eglises d'Asie

Des blogueurs « disparaissent » pour le 29e anniversaire de Tiananmen

Publié le 06/06/2018




Les États-Unis continuent de demander au gouvernement chinois la transparence à propos du massacre survenu dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 à Pékin, contre les manifestants de la place de Tiananmen. Selon les sources, entre deux cents et deux mille d’entre eux seraient morts ce jour-là. Avant la 29e commémoration du massacre, les autorités chinoises se sont arrangées pour que certains blogueurs prennent des « vacances ». Les organisateurs de la veillée attendaient cette année entre 100 000 et 150 000 participants. L’évènement a été notamment l’occasion, cette année, d’honorer l’écrivain Lu Xiaobo, Prix Nobel de la paix 2 010 et mort en prison l’année dernière.

La nuit du 3 au 4 juin 1989, l’armée populaire de libération chinoise a mis fin brutalement au mouvement du « Printemps de Pékin », au cours duquel près d’un million d’étudiants et d’ouvriers ont occupé la place Tiananmen durant au moins un mois et demi. Ils demandaient la fin de la corruption et l’ouverture de la démocratie. Selon les sources, entre 200 et 2 000 personnes ont été tuées par balle ou écrasées par les tanks de l’armée. Des dizaines de milliers de manifestants ont été arrêtés dans les jours suivants et condamnés comme « contre-révolutionnaires ». Hong-Kong est la seule ville en Chine – peut-être avec Macao et Taïwan – où il est possible de commémorer le massacre. Toutes ces années, en Chine, une puissante censure a repoussé toute possibilité de marquer l’évènement, arrêtant toute personne osant organiser un rassemblement ou une commémoration.
La veillée du Victoria Park, qui se tient chaque 4 juin à Hong-Kong – avec témoignages, poèmes, et quelques centaines de milliers de bougies – est donc devenue, avec les années, une source d’espérance pour les opposants au régime chinois. Beaucoup d’entre eux parviennent souvent à participer à la veillée. Pékin, redoutant que la démocratie ne gagne la Chine depuis Hong-Kong, a condamné les offenses faites au drapeau chinois, ainsi que les pressions et les slogans demandant « la fin de la dictature du parti unique ». Le maintien des commémorations peut donc se révéler risquée pour les droits civils des Hongkongais, mais les organisateurs de la veillée aux chandelles continuent de demander la fin du règne sans partage du Parti, malgré les risques de représailles. Selon un communiqué publié le 4 juin par Reporters Sans Frontières, les autorités chinoises se sont arrangées, avant le 29e anniversaire annuel, pour que certains blogueurs prennent des « vacances » forcées sous escorte policière.

Demande de transparence

Reporters Sans Frontières a ainsi affirmé que Hu Jia, qui a reçu le Prix de la liberté de la presse en 2007 et le Prix Sakharov en 2008, a été placé en « détention provisoire » du 1er au 5 juin, dans la province chinoise de Hebei. Un commentateur politique, He Depu, s’est vu informé qu’il devait faire un voyage vers une destination inconnue le 3 juin… Cha Jianguo, qui écrit pour la branche chinoise de Pen International, une association d’auteurs, aurait été placée en résidence surveillée dès le 28 mai, après avoir refusé une « invitation » à prendre des vacances. Cedric Alviani, chef du bureau est-asiatique de Reporters Sans Frontières, a appelé à mettre en fin à ces abus qui empêchent chaque année les journalistes étrangers de contacter les blogueurs. Mike Pompeo, Secrétaire d’État américain, a publié une déclaration le 3 juin, en mémoire de « la perte tragique de vies innocentes ». Le Secrétaire d’État a également demandé au gouvernement chinois de rendre publique la liste des personnes tuées, détenues ou disparues, provoquant la colère des autorités chinoises. De plus, les États-Unis ont appelé à mettre fin au harcèlement des manifestants et de leurs familles, tout en demandant que les droits universels et les libertés fondamentales soient assurés à tous les citoyens chinois.

L’écrivain Liu Xiaobo mis à l’honneur

À Hong-Kong, avant la veillée du 4 juin, l’activiste Chow Hang-tung, de l’Alliance pour le soutien des mouvements patriotiques et démocratiques en Chine, a déclaré au quotidien South China Morning Post que les manifestants ne se tairaient pas. Dans un discours publié avant l’évènement, Chow a déclaré que « si la dictature du parti unique continue, la Chine ne pourra devenir une véritable démocratie, et Hong-Kong n’aura pas de vraie liberté ». « Nous devons avoir l’audace de nous lever et de crier que ‘nous voulons mettre fin à la dictature du parti unique’ ». Albert Ho Chun-yan, président de l’Alliance, a déclaré que lui-même, comme d’autres, ne se laissera pas intimider, ajoutant que les habitants de Hong-Kong ont un droit absolu à la liberté d’expression. Il n’a publié aucune prévision quant au nombre de participants à la veillée, mais les organisateurs attendaient entre 100 000 et 150 000 manifestants. Cette année, en plus de la commémoration des morts de Tiananmen, l’écrivain Liu Xiaobo, qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2010, était également à l’honneur. Liu est mort en prison l’année dernière des suites d’un cancer. Durant la nuit du 3 au 4 juin 1989, il avait essayé de négocier avec les étudiants et l’armée, demandant aux premiers de partir et aux seconds de ne pas attaquer. Après le massacre, il a été détenu pendant trois ans.

(Sources : Ucanews et AsiaNews)