Eglises d'Asie

L’évêque de Hpa-an écrit pour la paix de l’État Karen

Publié le 06/06/2018




Mgr Justin Saw Min Thide, originaire de l’ethnie karen et évêque du diocèse de Hpa-an, partage son temps entre l’aide aux réfugiés de l’État Karen et l’écriture. Il a publié de nombreux ouvrages qui ont été diffusés dans les seize diocèses du pays, notamment sur la paix et la réconciliation dans l’État Karen. L’évêque confie consacrer beaucoup de temps au soutien spirituel des réfugiés et déplacés karens, vivant dans les neuf camps le long de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Selon lui, les conflits entre l’armée et les rebelles ne pourront se résoudre que par le dialogue. 

Mgr Justin Saw Min Thide, 67 ans, est un homme humble et réservé, mais sa belle plume a déjà produit un grand nombre d’ouvrages, consacrés notamment à la paix et à la réconciliation, et qui ont convaincu de nombreux lecteurs catholiques. L’évêque karen officie dans le sud-est montagneux de la Birmanie, mais il est né près de Rangoun, la capitale commerciale du pays. Il a commencé à écrire des articles en tant que séminariste, et depuis, il a publié des livres sur la paix, la morale, le mariage et la vie religieuse, qui ont été distribués dans les seize diocèses du pays. Dans son bureau de son diocèse de Hpa-an, la capitale de l’État Karen, il parle de son dernier livre, Paix, dans lequel il cite des lettres papales, notamment celles écrites par les papes Pie XII et Jean-Paul II, ainsi que d’autres documents clés publiés par l’Église. « La paix est très, très importante pour notre pays, donc j’écris sur la paix, en partageant mon point de vue et celui de l’Église », explique l’évêque. « Je pense que ce livre est pertinent vu la situation actuelle. J’espère que ce sera un message important pour les gens, dans lequel ils se reconnaîtront. »
L’État Karen a souffert des quelque six décennies de guerre civile entre l’armée birmane et les rebelles de l’Union nationale karen (KNU). Près de cent mille réfugiés et personnes déplacées vivent dans les neuf camps placés le long de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande. Près de 80 % d’entre eux sont des Karens de l’est du pays, qui ont dû fuir les conflits et la persécution de l’armée. « Ici, tout le monde désire fortement la fin des combats et le retour de la paix. Sans cela, il ne peut pas y avoir de développement économique conséquent, les deux sont liés », ajoute l’évêque, qui est diplômé en langue birmane. « Nous devons tourner la page et ouvrir le dialogue sur la réconciliation, pour que nous puissions atteindre notre objectif de paix », déclare l’évêque. « Les combats ne résoudront pas nos problèmes politiques, donc nous devons rechercher la paix à travers les négociations. Les combats n’apportent que la souffrance. Les parties prenantes comme le gouvernement, l’armée et les groupes rebelles armés doivent promouvoir un dialogue basé sur l’égalité et la confiance. »

Pour le soutien spirituel des réfugiés karens

Mgr Justin Saw Min Thide a été ordonné prêtre le 19 mars 1984. Il a servi auprès de plusieurs paroisses. Il a également été responsable diocésain de l’œcuménisme entre 1984 et 1989. Il a étudié à l’université Pontificale urbanienne de Rome entre 1990 et 1992, avant d’enseigner au grand séminaire Saint-Joseph de Pyin Oo Lwin, à l’est de Mandalay, entre 1992 et 2003. Il a été nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Rangoun en juillet 2007, puis évêque du diocèse de Hpa-an le 14 janvier 2009, un an après la création du diocèse. Celui-ci compte aujourd’hui 24 prêtres, 37 religieux et religieuses et 73 catéchistes, pour environ 20 000 catholiques. L’État Karen compte 1,5 million d’habitants. Malgré les exigences de ses responsabilités épiscopales, il confie qu’il essaie toujours de trouver du temps pour écrire. « J’essaie de publier un livre par an », explique-t-il. En décrivant les défis auxquels il fait face à travers son apostolat dans cette région reculée et montagneuse, il confie qu’il consacre beaucoup de temps au soutien spirituel des réfugiés karens et des jeunes travailleurs migrants. « Nous voyons de moins en moins de jeunes répondre à l’appel », regrette-t-il. « Pour l’instant, notre diocèse n’a que deux séminaristes. »
Les catéchistes ont joué un grand rôle dans la région, surtout dans les zones reculées où les prêtres ne peuvent se rendre à cause de leurs agendas chargés, en particulier le dimanche. « Les jeunes ne sont pas très attirés par l’entrée au séminaire pour devenir prêtre, et ils partent à l’étranger en quête d’emplois », poursuit l’évêque. Plus de 50 % des jeunes des États Karen et Môn en âge de travailler ont déjà été employés en Thaïlande ou en Malaisie, selon l’Organisation internationale pour les migrants. « La migration est un gros problème pour le diocèse et pour le pays », confirme Mgr Justin Saw Min Thide. L’évêque envoie également des prêtres du diocèse pour apporter un soutien spirituel aux réfugiés karens, en collaboration avec les évêques karens des diocèses de Mawlamyine et de Pathein. « Les réfugiés sont coincés dans ces camps depuis des décennies », dénonce-t-il. « Ils veulent retourner chez eux, mais leur rapatriement doit se faire de façon sûre et volontaire. »

(Avec Ucanews, Hong-Kong)