Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Chittagong exproprié par le moine Ucha Hla

Publié le 07/06/2018




L’archidiocèse de Chittagong, dans le sud-est du Bangladesh, est en pleine bataille judiciaire contre un moine bouddhiste influent. Celui-ci s’était approprié, il y a quatre ans, quelque 2,25 hectares de terrains appartenant à l’église Saint-Paul de Roangchaari, dans le district de Bandarban. Le Bangladeh fait partie des pays les plus densément peuplés au monde (1083 habitants par km²) et les litiges fonciers y sont nombreux.

La conférence épiscopale du Bangladesh est en pleine bataille judiciaire afin de tenter de récupérer des terres qui ont été saisies par un moine bouddhiste influent dans le diocèse de Chittagong il y a quatre ans. En 2014, Prakash ucha Hla, un Bhante (prêtre bouddhiste) a saisi de force environ 2,25 hectares de terrain appartenant à l’église Saint-paul de Roangchaari, selon l’archidiocèse de Chittagong. Il s’un centre de mission dépendant de la paroisse Reine de Fatima, dans le district de bandarban. Selon l’Église, le terrain a été acheté par le diocèse en 1971-1972. Le diocèse comprend trois district montagneux et forestiers appelés collectivement le CHT – Bandarban, Rangamati et Khagrachhari. On compte comptent environ 20 400 catholiques indigènes parmi les quelque 30 000 catholiques de l’archidiocèse. Le 25 mai, celui-ci a envoyé une lettre au ministère des Affaires du CHT afin de lui demander son soutien afin de récupérer le terrain.
Les tensions remontent au 4 mai 2014, quand des centaines de fidèles du moine bouddhiste Bhante Ucha Hla auraient envahi le terrain et détruit des rizières, selon le père Jérôme D’Rozario, secrétaire de la commission foncière de l’archidiocèse de Chittagong. Le prêtre affirme que les attaquants ont battu et chassé des agriculteurs catholiques avant d’ériger des maisons de tôle ondulée. Romesh Tripura, catholique et président du comité d’union local, a déposé plainte en 2014 auprès du tribunal d’instance afin de récupérer le terrain. « À la fin de l’année, nous avons gagné le procès, nous donnant le droit de récupérer le terrain, car nous possédions tous les documents fonciers valides. Pourtant, Bhante a déposé une requête en révision, dont les autorités ecclésiales n’ont pas été mises au courant, et il a pu récupérer le terrain. Nous avons donc déposé une requête auprès de la cour suprême, qui est toujours en cours », explique Romesh.

1083 habitants par km²

Bhante Ucha Hla est connu pour l’appropriation des biens des pauvres et plus faibles, selon Dilip Barua, un politicien bouddhiste. Le moine a déjà saisi près de 40 hectares de terrains appartenant à des bouddhistes, à un groupe d’aide sociale bouddhiste et à l’Église, assure Dilip Barua, secrétaire de la Barua Welfare Society, un groupe de défense des droits des bouddhistes de l’ethnie Barua. « Bhante était juge dans le passé, et il a profité de son pouvoir et de son argent pour saisir par la force les propriétés de beaucoup de personnes. Nous voulons nous débarrasser de son emprise », se défend Dilip. Shahidul Islam, responsable de la police de Roangchaari, ajoute: « Nous sommes au courant de l’appropriation forcée du terrain, actuellement en cours de procès. Le tribunal prendra sa décision quant à cette affaire, donc nous n’avons pas de commentaires. » Le moine Bhante Ucha Hla a refusé quant à lui tout commentaire.
Les 160 millions d’habitants du Bangladesh sont « coincés » dans seulement 147 570 mètres carrés (1083 habitants par km² – contre 112 en France). Près de trois millions d’affaires civiles et criminelles attendent d’être jugées par la justice bangladaise, dont 75 % sont liées à des litiges fonciers, selon l’Association pour la réforme et le développement fonciers, basée à Dhaka.

(Avec Ucanews, Dhaka)