Eglises d'Asie

Des religieuses birmanes au secours de l’éducation des villageois karen

Publié le 19/06/2018




La congrégation des Sœurs de Saint François-Xavier a été fondée en 1 897 par Mgr Alexandre Cardot, prêtre des Missions Étrangères de Paris et évêque de Rangoun. Les sœurs, qui sont aujourd’hui 432, aident l’Église birmane notamment à travers l’éducation. Dans le diocèse de Hpa-an, sœur Deborah veille sur une école maternelle et un pensionnat où sont accueillis les enfants de familles démunies de la région, qui compte une majorité de bouddhistes. La ville de Hpa-an, dans l’État karen, compte seulement deux cents catholiques environ. 

Les nombreuses charges de sœur Deborah Ann, supérieure des Sœurs de Saint François-Xavier de Hpa-an, dans l’État Karen, comprennent notamment la direction d’une école maternelle, la surveillance des filles d’un pensionnat paroissial, l’aide à la préparation des repas, l’assistance aux prêtres et le service de la liturgie. Pour sœur Deborah, le lancement de l’école maternelle Saint-Georges est l’occasion d’un meilleur engagement et d’un dialogue approfondi auprès des parents bouddhistes. L’école Saint-Georges est située dans un quartier majoritairement bouddhiste, à cinq minutes à pied de la maison des religieuses, dans une rue calme de Hpa-an, la capitale de l’État. Sœur Deborah explique que les religieuses invitent les parents, chaque année, lors de la soirée annuelle de Noël organisée par l’école. « C’est une façon de construire le dialogue interreligieux », ajoute-t-elle.
La religieuse affirme que l’école est ouverte à tous les enfants, quelles que soient leur origine ou leur religion. Pour elle, les parents bouddhistes ne semblent pas avoir de préjugés sur les catholiques, qui sont en général bien vus à cause de leurs œuvres caritatives et de leur travail. « Les parents bouddhistes ont une bonne impression des religieuses et de l’Église, qui jouent un rôle essentiel pour l’éducation en Birmanie », explique sœur Deborah, de l’ethnie karen. Elle précise que l’école accepte les enfants dès l’âge de trois ans, mais que certains parents demandent s’ils peuvent amener leurs enfants encore plus jeunes. « En général, nous ne pouvons pas refuser… Ils tiennent tellement à placer leurs enfants ici », confie soeur Deborah.
Les religieuses demandent 10 000 kyats par mois (7,50 dollars) aux parents comme frais de scolarité. Depuis qu’elle a ouvert ses portes il y a six ans, l’école accueille une cinquantaine d’enfants. Quatre sœurs de la congrégation se répartissent les tâches, comme servir la liturgie, enseigner à l’école maternelle, instruire et veiller sur les enfants du pensionnat, entre autres… Sœur Deborah a été affectée à Hpa-an il y a trois ans. Elle se dit prête « à servir quel que soit le lieu où on l’envoie, quelle que soit la mission ». La cathédrale Saint François-Xavier se trouve à côté de la résidence des sœurs, ainsi que celle des prêtres et de l’évêque local, dans cette ville karen majoritairement bouddhiste où vivent environ deux cents catholiques. Ceux-ci, pour la plupart, sont des employés d’entreprises ou du gouvernement.

9,5 % de catholiques dans l’État Karen

Dans l’État Karen, qui compte 1,5 million d’habitants, les chrétiens représentent 9,5 % de la population, soit environ 20 000 catholiques. Les bouddhistes sont largement majoritaires, avec 85,5 %. Les musulmans représentent quant à eux 4,6 % de la population, et les hindous seulement 0,6 %, selon le recensement de 2014. Dans la région, beaucoup de familles démunies ne peuvent payer l’éducation pour leurs filles. C’est pourquoi le pensionnat, parrainé par l’Église, joue un grand rôle. « L’objectif est de leur garantir une bonne éducation, en particulier pour les enfants des familles dans le besoin, qui ne peuvent pas se permettre d’envoyer tous leurs enfants à l’école de leur village », explique sœur Deborah. L’année dernière, l’école a accueilli des enfants d’origines très variées : bouddhistes, catholiques, baptistes et anglicans.
Le pensionnat coûte, pour chaque famille, 150 000 kyats par an (111 dollars), pour la nourriture et les fournitures scolaires, entre autres. Le diocèse de Hpa-an fournit également un soutien financier. Les filles, âgées de 12 à 18 ans, sont originaires de diverses régions de l’État, notamment Hlaingbwe, Kamamaung et Myawaddy. Certaines élèves plus âgées ont déjà passé leurs examens de fin d’études et suivent des cours d’informatique, de couture ou d’anglais. Aujourd’hui, on compte seulement deux collèges et quatre écoles primaires catholiques dans le pays. Mais l’Église gère également trois cents pensionnats paroissiaux, répartis dans les seize diocèses du pays, qui hébergent les enfants et leur fournissent des cours supplémentaires. Ceux qui logent dans les pensionnats viennent en général de villages locaux et étudient dans les écoles publiques.
Le diocèse de Hpa-an compte 24 prêtres, 37 religieux et religieuses et 73 catéchistes, selon les données de l’Église birmane. Mgr Alexandre Cardot, alors évêque de Rangoun et prêtre des Missions Étrangères de Paris, avait fondé les Sœurs de Saint François-Xavier en 1 897. Le pape Paul VI a accordé à la congrégation locale le statut diocésain en 1964. Elle compte aujourd’hui 432 religieuses et travaille dans quatorze diocèses dans le pays. Le travail des religieuses va du catéchisme à divers services d’Église, notamment l’éducation et l’aide médicale.

(Avec Ucanews, Hpa-an)