Eglises d'Asie – Chine
Les pourparlers entre la Chine et le Saint-Siège suivent « le temps de Dieu » selon le pape
Publié le 23/06/2018
Ces dernières semaines, après un long silence, les pourparlers ont repris entre la Chine et le Vatican, à propos d’un accord devant être trouvé à propos de la nomination des évêques chinois. Le pape François a confirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec le Parti communiste chinois. De nouveaux échanges ont eu lieu à Rome durant la seconde semaine de juin, les premiers depuis décembre 2017 selon Reuters, citant des sources romaines anonymes. Aucune des deux parties n’a jamais confirmé de calendrier pour ces négociations, et Rome a d’ailleurs indiqué plus tôt qu’aucun accord final ne pouvait être rendu public.
Des informations non confirmées avaient, par le passé, affirmé que l’échéance finale de l’accord devait tomber au cours du mois de juin. Mais les échanges ont pu être alourdis par le cas de Mgr Cui Tai, qui n’a pas été vu depuis son enlèvement il y a deux mois, et par une série d’attaque contre l’Église dans les provinces de Henan et de Hebei, suite aux nouvelles régulations religieuses promulguées le 1er février à Pékin. Le Henan, qui abrite plus de catholiques que toute autre province chinoise, a dû faire face à des lois interdisant aux mineurs de venir prier dans les églises officielles. Des croix ont été retirées d’édifices non officiels, et des lieux de culte ont été fermés.
Le pape François s’est prononcé en faveur d’un accord, lors d’une interview accordée à l’agence Reuters. « Nous sommes en bonne voie », a confié le pape au journaliste Phillip Pullela, ajoutant que « le dialogue est un risque, mais je préfère le risque que la défaite certaine qu’amène l’absence de dialogue ». Il a poursuivi : « Quant au calendrier, certains disent qu’il dépend du temps chinois. Moi, je dis que c’est le temps de Dieu. Avançons sereinement. » Le pape a décrit les pourparlers en trois parties : le dialogue officiel, les contacts non officiels avec les citoyens ordinaires « que nous ne voulons pas divulguer » et le dialogue culturel. Le nombre de catholiques en Chine est estimé entre 9 et 12 millions, la part de l’Église « officielle » étant comprise entre 50 et 70 % des catholiques.
« Avançons sereinement »
Les oppositions à l’accord restent fortes dans l’Église « souterraine », où les catholiques opposés au contrôle de Pékin prient parfois dans leur propre église, mais aussi dans des salles ou même des maisons (souvent appelés des « Églises domestiques »). Le principal porte-voix de l’Église souterraine est le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, archevêque émérite de Hong-Kong, qui s’est prononcé à plusieurs reprises contre l’accord, notamment lors d’une interview sur le site Hong Kong Free Press en mai. « Certains affirment qu’aujourd’hui, il y a des difficultés du côté chinois à cause de ceux qui pensent qu’ils n’ont pas besoin de l’accord, qu’ils peuvent tout contrôler. Peut-être y a-t-il des voix en Chine contre un accord final », a confié le cardinal Zen. « Vous pouvez constater qu’il y a beaucoup d’actions du côté du gouvernement, qui montrent qu’il est en train de resserrer son contrôle sur la religion. Il est donc d’autant plus difficile de comprendre comment le Vatican peut arriver à trouver un accord en ce moment, parce que bien sûr, il risque d’être vu comme en train de collaborer avec le gouvernement. »
Selon les observateurs, le pape François a semblé faire référence aux catholiques souterrains quand il a déclaré ne pas vouloir « divulguer » les contacts avec les citoyens chinois. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a déclaré cette semaine que la Chine était sincère dans sa volonté d’améliorer ses relations bilatérales avec le Vatican. « Nous sommes prêts à rencontrer le Vatican afin de trouver des compromis et réaliser de nouveaux progrès ensemble, pour de meilleures relations et pour permettre l’avancée d’un dialogue bilatéral constructif. » L’un des points clés de l’accord demeure la manière dont le Vatican devra gérer le cas des sept évêques nommés par Pékin. Certaines sources indiquent que les évêques auraient présenté leurs excuses au pape, dans une tentative de résoudre la situation.
(Avec Ucanews, Bangkok)